Chapitre 9

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On se sauta directement dans les bras. Difficilement à cause de mes béquilles, mais elles n'empêchaient rien. Lily, c'est ma meilleure amie d'enfance. Je connais l'entièreté de sa vie comme elle connait l'entièreté de la mienne. Elle avait déménagée il y a un an et demi dans le sud de la France et nous avions eu beaucoup de mal à accepter ça. On se retrouvait sans arrêt l'une chez l'autre. Rien n'avait jamais pu nous séparer, mise à part ce déménagement. 

-Comment tu vas ? Qu'est-ce que tu fais là ? T'es toute bronzée ! Lui dis-je d'un ton excité. 

-Je suis revenue habiter ici. Maintenant que je suis majeur, j'ai pu prendre mon propre appartement. Et puis le sud de la France, c'est plus trop mon truc. Et toi ? T'as fait quoi à ta jambe ? 

Après lui avoir expliqué ma chute et avoir apprit qu'elle reprenait les cours avec moi, on se dirigea à quatre vers l'entrée de l'école. 
En cours, je scruttais sans arrêt mon téléphone en espérant recevoir des nouvelles de Brooklyn, mais sans succès. 

-17h00-
La sonnerie retentit à notre plus grand bonheur. La journée était passée lentement malgré la compagnie de Lily. Nous marchions toutes ensembles vers le parking de l'école quand Lou prit la parole. 

-Ce soir mes parents partent en vacances alors j'ai la maison à moi toute seule, ça vous dirait de passer la soirée chez moi ? 

-Pourquoi pas ! Disent Lily et Jess en même temps. 

-Ça marche. Leur dis-je.

Kelly m'attendait déjà sur le parking. Je fis la bise aux filles, Kelly les salua et je rentra dans la voiture. Elle n'attendit pas une seconde pour me questionner sur le bon déroulement de ma journée, et bien évidemment, si j'avais eu ne serait-ce qu'un message de Brook. 

-Aucun. -Lui dis-je tristement. 

-Ne t'en fais pas, je suis sur que tu en auras bientôt. 

-Je l'espère. 

Après l'avoir mise au courant de ma petite sortie de ce soir, nous rentrions à l'appartement. Je me changea et m'occupa péniblement de ma jambe. Kelly sortait au restaurant avec Estelle ce soir. Elle se faisait belle et se maquillait très attentivement en se regardant dans le miroir. 
J'étais entrain de me noyer dans mes pensées quand Kelly qui se lissait les cheveux, m'interrompu brusquement. 

-Emy arrête de penser à tout en même temps. 

-Comment tu sais ça ? 

-Je le vois dans ton regard. 

Un rire nerveux sortit de ma bouche. "Je le vois dans ton regard" On dirait moi quand je parlais à Brooklyn. Bien sur que oui Brook, ça se voyait dans ton regard que je ne te laissais pas indifférente bordel. 

-Emy tu penses encore la ! 

-Oui, excuse-moi. 
C'est dingue de ne pas savoir contrôler ses propres pensées. 

-Profite de ta soirée et essaie de ne pas y penser. 

-Je vais essayer.

Il était 19h lorsqu'on prit la voiture en direction de chez Lou. Il faisait déjà noir et une fine couche de neige recouvrait les rues de la ville. J'observais tout en écoutant la musique les couples se blottir l'un contre l'autre comme des oiseaux dans un ni. Impossible de ne pas trouver ça mignon, même si une partie de moi trouvait ça écœurant. 
Quelques instants plus tard, nous étions arrivées à destination. Kelly m'aida à sortir de la voiture et m'accompagna jusqu'à la porte d'entrée. C'est Jess qui m'ouvrit la porte. Visiblement, tout le monde était déjà présent. Je salua à nouveau Lily et Lou, mais quelqu'un d'autre que je connaissais était là. 

-Tu connais Ambre. Me dis Lou.
Mon regard devenu interrogateur. 

Bien sur, on s'est rencontré à la soirée l'autre soir. 
Je salua Ambre et rougissais en rependant aux messages qu'on s'était échangés quelques jours plus tôt. 

-Pizza et bière ? Proposa Lou. 

-Pizza et bière ! Nous lui répondions en chœur. 

On commanda sans plus attendre les pizzas et on trinqua avec nos desperados à ce début de soirée. 
Je discutais avec Lily de sa vie de Française tandis que Ambre et Jess critiquaient les clips qui défilaient à la télé. Lou était partie régler les comptes pour les pizzas. 

-La peperonni c'est pour qui ? Cria Lou tout en tenant dans ses mains le carton. 
Nous discutions tous ensembles en mangeant comme une bande d'affamés. A la fin du repas, Ambre nous prépara un joint.

-Je propose le jeu de la bouteille. Dis Jess tout en allumant le joint. 
On tirait chacune à notre tour sur ce petit bout de bonheur pendant qu'elle plaçait la bouteille d'eristof récemment terminée sur le centre du sol. Lou commença la première partie et le goulot de la bouteille désigna Jess et Lou. 

Quelle coïncidence. Pensais-je.

Elles se rapprochèrent l'une de l'autre et commencèrent à s'embrasser langoureusement. 
Un sourire s'échappa de mes lèvres. 
La bouteille tournait à nouveau pour désigner Lily et moi. Ce n'était pas la première fois pour elle et moi, on adorait se prêter au jeu.
La bouteille tournait à nouveau pendant un moment qui me semblait interminable pour désigner Ambre et moi. L'ambiance devenait soudainement plus sérieuse. Jess et Lou m'observaient d'un air amusé, et, au fond de moi, je savais que Ambre n'était pas ici par hasard.  Je m'approcha d'Ambre en essayant de me concentrer uniquement sur le moment présent, mais Brooklyn revenait dans mon esprit. Hors de question de se défiler cette fois-ci. On s'embrassait doucement au début, petit à petit plus langoureusement et plus rapidement. Je sentais l'envie monté en elle, je décida alors d'arrêter le baiser. 

-Bon les gars, moi je vais fumer une clope dehors. Je reviens. Leurs dis-je. 

Je pressa le pas et m'assit sur les marches. Lily qui m'avait suivie s'assit à son tour sur les marches et me tendis une cigarette. 

-Tu sais, tu ne m'as même pas demandé si j'étais encore avec Jade. 

-J'ai pas eu besoin de te le demander, j'ai su directement que c'était terminé. Tu n'es plus la même personne, tu as l'air plus heureuse, plus libre. Mais je sais que quelque chose d'autre ne va pas, et j'aimerai que tu me dises de quoi il s'agit. 

-Je suis amoureuse d'une femme de 28. Elle a une fille de 5 ans. 

Son regard quitta le mien pour se concentrer sur le sol, tandis que sa main apportait sa cigarette à ses lèvres. 

-Tu sais Emily, j'ai toujours su qu'on était pas pote pour rien. Tu sais pourquoi je suis partie de la France en réalité ? 

-Non, dis moi ? 

-J'ai rencontré moi aussi quelqu'un de 28 ans. C'était un homme, il s'appelait Tony. Il n'avait pas d'enfant, mais une copine qu'il n'aimait pas vraiment. On restait beaucoup ensemble, on était vraiment bien, j'étais amoureuse de son sourire. J'ai mis du temps avant de lui avouer mes sentiments, enfin, de me les avouer à moi même pour commencer. Je voulais être sur de ce que je ressentais, parce que ça pouvait engager beaucoup de choses. Quand j'ai décidé que je devais lui avouer, il est venu me chercher. Je suis rentrée dans sa voiture, stressée comme jamais. Et je lui ai tout dit, tout ce que je ressentais. C'était comme si j'avais étudié mon texte par cœur, je ne réfléchissais pas parce que tout sortait de ma bouche tout seul, comme une mélodie. 

-Comment est-ce qu'il a réagit ? 

-Pas comme je l'attendais. Il est resté silencieux pendant quelques minutes, des minutes qui m'ont parue interminables d'ailleurs. Et quand il s'est enfin décidé à sortir quelque chose de sa bouche, c'était pour me dire que c'était impossible entre nous, que j'étais trop jeune pour me caser avec un homme de 28 ans. 

Je sentais dans sa voix que ça la blessait énormément. 

-Mais tu sais, dans tout ce qu'il a pu me dire ce soir-là, il y a une chose qui m'a marquée plus que les autres parce qu'elle m'a énormément blessée. Il m'a regardé droit dans les yeux et il m'a dit "Tu me vois dire à ma famille "Je reviens je vais chercher ma copine à l'école ?" parce que moi non !"

Je l'observais attentivement, au bord de ses yeux s'abritaient un million de larmes, mais aucune d'entre elles n'étaient décidé à couler. 

-Je suis désolé Lily. Je sais que ça fait mal. 

-Ne t'en fais pas, ça fait partie des épreuves la vie. Douloureuse, mais nécessaire. C'est pour ça que je suis revenue habiter ici. Il m'a complètement bannie de sa vie après notre discussion et ça me bouffait le morale. 

Je me rapprocha d'elle pour la prendre dans mes bras.
On est resté là sans rien dire,
parce que notre silence en disait parfois bien plus que nos mots. 

Si j'avais oséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant