I guess I haven't met you yet

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Vendredi 18 juin 2010,

à 22h18 :

L' adolescente partit sans jeter un dernier regard à l'homme qu'elle aimait, à celui qui signifiait le monde pour elle.

Elle ne pleurait pas ; les larmes refusaient de couler même si elles étaient bel et bien présentes. June ressentait simplement un vide énorme dans sa poitrine, comme si quelqu'un venait de lui arracher le coeur à mains nues, sans pitié, sans égard, avec une froideur et un sens incommensurable de cruauté.

La jeune blonde rentra chez 'elle', dans cette gigantesque et pourtant modeste maison qui lui servait d'endroit pour dormir. Elle traînait des pieds comme si ces derniers pesaient des tonnes et des tonnes.

Il était rare de trouver quelqu'un chez elle. Sa mère, plutôt jeune, était tout le temps au travail, ou en voyage d'affaire avec son petit-ami plus jeune de 10 ans que cette dernière. Il était prêt à la suivre dans les moindres recoins du monde. L'amour sans limite géographique, était-il possible de dire. 

Son père, guère plus âgé que la mère de l'adolescente, lui habitait à une centaine de kilomètres et ne prend que très rarement de ses nouvelles. Quelques fois, il n'oubliait pas son anniversaire ou même la nouvelle année : Certainement trop occupé avec sa nouvelle femme enceinte, avait-elle eu l'habitude de penser, lui cherchant sans cesse des excuses - même si elle se doutait pertinemment qu'il l'oubliait un peu plus jour après jour. 

Suite au divorce de ses parents, il y a quelques années de cela, la mère de June, Patricia, avait eu la garde assez facilement,par défaut, ou peut-être même par dépit. Son père, ayant des antécédents judiciaires plus ou moins importants, remontant à son adolescente et sa jeune vie d'adulte, n'avait pas fait le poids contre les arguments que la partie adverse. Elle était alors âgée de 13 ans lorsque les deux anciens amants avaient entamés leur très longue et fructueuse procédure de divorce et s'étaient battus jusqu'aux juges pour que le meilleur des deux n'obtiennent sa garde.

June monta dans sa chambre en courant, après avoir verrouillé la porte d'entrée à clés et jeté son trousseau à côté de la coupelle prévue à cet effet sur la commode. Cette dernière tourna quelques secondes, manquant de tomber, mais se stabilisa aussi vite.

Vide. Totalement Vide. Constamment et perpétuellement vide. Non, elle ne considérait pas cette maison comme un " refuge ", comme un " cocon familial " et ce n'était pas l'endroit qu'elle rêvait de rejoindre lorsqu'elle avait passé une mauvaise journée ; elle l'aimait simplement, quand Harry venait, quand Harry la faisait vivre. Quand Harry y passait le plus clair de son temps et quand Harry décidait que cette maison était un peu comme la sienne. Quand lui, la considérait comme un refuge, comme un cocon familial et l'endroit qu'il rêvait de rejoindre lorsqu'il avait passé une mauvaise journée.

Elle prit un CD dans l'étagère située à côté de son lit : c'était l'un de ceux qu'elle écoute en permanence et en boucle, sans se lasser, lorsqu'elle déprime ou qu'elle a un coup de blues, et le mit dans sa chaîne hifi sans attendre. Le manque de vie l'effrayait trop pour qu'elle y reste enfermée.

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