Prologue 1

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6h45.

Le soleil vient de se lever sur Douala ; les mototaxis, les taxis et de milliers de personnes arpentent déjà les rues dès le matin.

Les élèves sont vêtus de leurs uniformes, les filles avec leurs nattes bien droites sur la tête et les garçons bien coiffés. Tous égaux, pour prouver qu'il n'existe pas de classe sociale. Mais tout change lorsque les élèves se déplacent pour l'école.

École de riches, école de pauvres. On voit plus de différence à ce niveau-là. Pourtant nos enseignants ont tendances à croire que parce qu'ils nous traitent de façon égale, on se croit tous égaux, alors que non.

Il n'y a qu'entre nous que nous savons qui est riche et qui est pauvre, avec qui trainer, qui il faut éviter.

Comme toutes ces élèves, j'ai la douleur des nattes neuves et serrées sur mon crâne. Juste que cette année, mon uniforme est celui d'une école sellette, toujours parmi les meilleures dans le pays : Libermann.

Je n'aurai jamais imaginé fréquenter dans la grande école des gens qui ne trichent jamais et qui cachent tous leurs travaux pendant les examens officiels.

L'école des bohboh*

Dire que moi aussi je suis devenu "bohboh" entre guillemets car depuis que mon oncle s'est proposé pour devenir mon tuteur, je vis dans un monde qui m'était jusqu'ici inconnu. Le luxe.

Je vis avec le petit frère de ma mère, mon oncle Jean-Marc. Qui d'après le luxe et le confort de sa maison est une sorte de millionnaire/ homme d'affaires

Donc il semblait presqu'évident pour lui de me prendre chez lui après le décès accidentel dont ont été victimes mes parents.

A propos de ça, je n'ai pas encore fait mon deuil, donc je préfère m'abstenir de l'envie de me mêler de la vie des autres quand la mienne me fait endurer des épreuves que je n'ai pas encore réussi à avaler depuis tout ce temps.

Je quitte de table après avoir pris mon petit-déjeuner. Le claxon d'une voiture me signale que le chauffeur est là, prêt à m'accompagner dans mon nouvel établissement, comme m'a annoncé mon oncle ce matin avant d'aller je ne sais où, sapé, costard-cravate.

Mon téléphone sonne. Je le prends sur la table. Le nom de ma meilleure amie s'affiche à l'écran de mon téléphone. Friede .

— Allo Fifi . Je décroche avec une forte envie de pleurer.

C'est fou comme tout me manque là-bas. Yaoundé me manque, Friede me manque, mes parents me manquent, Biyemassi me manque , le BHB* du quartier, les visages des gens du quartier. Le lycée de Biyemassi également. Bref tout.

Je me sens tellement déboussolée. Après tout ça ne fait qu'une semaine que je suis ici. Quitter de la pauvreté au luxe, c'est assez déroutant. J'aurai bien aimé être ici à Douala un peu plus tôt mais bon il fallait que je prenne d'abord le temps de faire mon deuil.

Quand j'y pense, je n'ai plus de famille là-bas. Le côté de ma mère se trouve plus à Bertoua dans l'est du pays et le côté de mon père est éparpillée un peu partout dans le monde.

— Oui ma milie ? Merde alors j'ai envie de pleurer.

Je souris réellement, depuis un moment je n'avais pas entendu quelqu'un m'appeler par mon autre prénom, Émilie. Ça fait du bien.

Elite Squad 237Où les histoires vivent. Découvrez maintenant