Je sais qui tu es, Newton Isaac

Chapter V

Lorsqu'il se réveilla, il était couché sur le même banc, la tête sur des cuisses musclées. Il releva les yeux, et tomba dans le regard chaleureux de Thomas. Et étrangement, il ne paniqua pas. Parce que ce regard doux semblait juste lui hurler que tout allait bien. Qu'il n'avait pas à s'inquiéter, que tout était normal. Alors il cessa définitivement de résister. Sûrement car Thomas avait réussi à le calmer, alors que personne d'autre qu'Ava n'avait réussi avant. Il voulu se redresser, mais le brun secoua la tête.

"Tu devrais rester un peu couché. Tu n'as pas l'air très bien."

Newt retint une de ses habituelles répliques acerbes, parce qu'il sentait sa voix calme et caressante sur lui, et qu'elle l'apaisait. C'était bizarre et agréable en même temps. Il obéit silencieusement, et referma les yeux, écoutant son coeur battre normalement. Et d'un coup, il capta que ce truc qui le calmait, c'était les mains de Thomas, toujours enfouies dans ses cheveux, et qui massaient lentement son crâne.
Après Ben, après tout ce foirage, il avait pensé que plus jamais il ne laisserait quelqu'un l'appeler Newton. Il avait penser qu'il ne laisserait plus jamais quelqu'un le toucher. Il avait penser que plus jamais il ne connaîtrait l'apaisement, le calme. Et toutes ces certitudes avaient été détruites une par une, par Ava, par Teresa, et maintenant, par Thomas.
Il aurait dû être perturbé, comme la première fois où sa psychologue avait refusé de l'appeler Newt. Comme la première fois où son amie avait passé son bras autour ses épaules. Mais il ne l'était pas. En réalité, il se sentait étrangement .. bien. Peut-être parce qu'il avait trop mal, dans ses bras, dans son coeur, dans son ventre, pour s'en préoccuper. Ou peut-être parce que quelque chose s'était débloqué. A l'instant même où le brun avait décidé de rester assis, avec lui, sur ce banc, à l'instant même où il avait posé sa main dans son dos, à cet instant même, quelque chose s'était ouvert en lui. Il ne savait pas ce que c'était, ni comment le maîtriser, mais brusquement, ce truc l'envahit, et son poul résonna dans son crâne, quelques secondes, avant de se calmer.
Il se redressa, et ses yeux cherchèrent ceux de Thomas. Et il espérait presque ressentir encore cette fausse rage, ou son habituelle colère. Mais il ne ressentit qu'une bouffée de ce quelque chose, ce quelque chose qui lui donnait envie de remercier Thomas, et de le supplier de rester prêt de lui, pour lui sourire et patouiller ses cheveux. Il paniqua presque, parce que ce n'était émotionnellement pas normal. Pas pour lui. Pas alors qu'il avait passé cette dernière année à en vouloir au monde entier, et à s'énerver contre lui-même. Il ne pouvait pas ressentir ça. Il ne devait pas. Il n'avait pas le droit de se sentir bien, ou d'être heureux. Il était trop stupide, trop laid, trop dégoûtant pour y avoir droit. Il se releva, et attrapa son sac, ses mains tremblant de nouveau. Et pendant que le regard de Thomas le transperçait, dans un silence percutant, il s'enfuit. Encore et toujours la fuite. Parce que c'était tellement plus facile de contourner les choses qui lui faisaient réaliser qu'il était à deux doigts de guérir de son passé.

-----

"Et après je me suis barré. Comme ça. Je savais pas quoi faire, j'étais perdu, en colère, énervé.

-Pourquoi étais-tu énervé?

-Je.. Je sais pas.

-Si tu sais. Si tu ne savais pas pourquoi, tu ne m'en aurais pas parler, n'est-ce pas?"

Newt fit une moue boudeuse, parce que c'était foutrement impossible de mentir à cette femme.

"Ouais. Je savais. J'étais .. j'étais ... content."

Il cracha le mot comme s'il lui brûlait les lèvres et la langue.

"Pourquoi?

-Pourquoi quoi?

-Pourquoi tu étais content?

-Parce que ... parce qu'il était différent. Son regard, ses gestes. Il avait l'air... calme, et... Il était rassurant."