Chapitre 11 : Improvisée

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Élise ouvrit petit à petit les yeux. Ce qu'il s'était passé hier remontait lentement à la surface. La jeune fille se releva immédiatement et regardait où elle se situait. Une main vint retenir la sienne. Quelques cheveux blonds s'éparpillaient sur le matelas. Les rideaux fermés autour du lit empêchaient de savoir l'heure. Sophie se frotta les yeux. Élise regardait sa petite soeur et lui embrassa tendrement la joue.

《 - Bien dormi ?, demanda Élise.

- Bien...dormi, articula-t-elle entre deux bâillements. 》

La jeune fille ouvrit le premier rideau rose pâle. Les fenêtres étaient fermés. Élise se releva, tenant toujours le poignet de sa petite soeur. Celle-ci fit de même avec des petits yeux fatigués. Sa soeur ouvrit la porte et avança avec sa soeur vers la cuisine. Sophie restait entre peur et fatigue puisqu'elle ne cessait de bailler et d'avoir quelques frissons.

《 - Tu as mal quelque part ?, s'inquiéta Élise en lui intimant de s'asseoir sur un des tabourets.

- C'est toi qui a eu mal hier... dit-elle avec une voix tremblante.

- Mais non...rien de grave. Ne t'inquiète pas... répondit vivement Élise. 》

Sophie se contenta d'hocher faiblement la tête. Sa soeur la regarda tristement, se demandant si elle méritait d'avoir une soeur aussi gentille, tout ce qu'elle a enduré par sa faute. Élise secoua la tête en souriant légèrement pour rassurer sa soeur et se mit aux fourneaux de la cuisine. Elle savait faire quelques recettes mais rien non plus d'exceptionnel.

《 - Tu as faim, Sophie ?

- Un peu... 》

Élise lui sourit une deuxième fois et commença la préparation d'oeufs. C'était rapide et tout le monde aimait. Elle mit une goutte d'huile d'olive et cassa les oeufs sur la poêle en allumant le gaz. Une flamme bleu azur s'alluma, cela lui rappela les yeux de sa soeur. A cette pensée, elle se retourna en arrière pour l'apercevoir. Sophie n'était plus là. Élise se retourna vers les oeufs,  qui étaient d'ailleurs cuits et éteignit le gaz par précaution. Elle les mit dans deux assiettes et les posa sur le comptoir. La jeune fille enleva son tablier et partit dans le couloir. Son rire parvint à l'oreille de sa soeur. Élise ouvrit rapidement la porte de la chambre de sa soeur.

《 - Viens man...ger... informa Élise. 》

- Desolé,  modification de dernière minute. Ce n'est pas Alex mais Éric. Revenez vers les premiers chapitres. Dans le laboratoire, la jeune femme l'avait appelé Éric. -

Éric jouait aux poupées avec Sophie. Il incarnait Ken et elle,  Barbie bien sûr. Élise eût d'abord un mouvement de recul. Sophie avait un magnifique sourire avec ses dents d'une blancheur aveuglante. Elle souriait. Élise s'agenouilla et s'approcha de sa soeur.

《 - Une passion secrète ?, chuchota Élise à Éric.

- Juste une envie soudaine, se justifia-t-il.

- Enfin bref, Sophie vient manger. 》

L'intéressée se leva et laissa tomber sa poupée par terre. Cette dernière était habillée simplement : un t-shirt avec au dos un papillon et un jean de couleur bleu ciel. Éric se releva à son tour et fit asseoir Ken. Ses yeux verts fixaient majoritairement Élise mais tantôt Sophie.

《 - Va manger,  ça va être froid. Je te rejoins, chuchota Élise. 》

Celle-ci souria à Éric qui fixait toujours Élise mais lui accorda un sourire à son tour. Sophie entrouvrit la porte derrière elle et partit vers son repas. Élise s'apprêtait à partir à son tour après avoir longuement fixer son invité imprévu. Ce dernier ne lui laissa pas le temps de se retourner qu'il lui attrapa le poignet.

《 - Je peux venir moi aussi ?, demanda-t-il d'une voix presque innocente et douce.

- Les "Lostines" mangent maintenant ?, répondit Élise en insistant sur le mot Lostines.

- Qui a dit le contraire ?

- La question serait qui ne l'a pas dit,  se contenta-t-elle de répondre.

- Sûrement des lâches, répondit-il.

- Arrête ça, demanda la jeune fille.

- Oui ?

- De voir ce que je pense.

- Perspicace mademoiselle, imita-t-il.

- La ferme... murmura Élise.

- J'ai entendu mais je vais faire comme si je n'avais rien vu...

- Entendu, rectifia-t-elle. 》

C'est sur cette réplique qu'Élise repartit dans la cuisine. Sa soeur regardait la télévision. Plus particulièrement un reportage sur les animaux de la savane. Elle avait l'air dans ses pensées, alors Élise prit place silencieusement sur son tabouret. Elle se tourna vers la télévision, essayant de suivre ce reportage.

《 - Mes pensées restent fixées sur... commença Élise en prenant une autre partie du blanc de l'oeuf avec sa fourchette.

- Lui, finit-il. 》

Élise failli tomber de son tabouret si Éric ne lui avait pas attrapé le poignet. La jeune fille se reprit en main et regarda l'horloge suspendue dans un mur à droite de la télévision. Il était vingt trois heures. Ses parents devaient être couchés ou sortis. La jeune fille ignorait totalement Éric. Élise finit son repas et posa son assiette et sa fourchette dans le lavabo. Elle fit juste après la vaisselle et rangea celle-ci dans leurs armoires respectives.

Elle se retourna enfin vers Éric et soupira. Sophie ne leur prêtait aucune attention. Une bombe grosse comme une armoire serait dans le salon, elle resterait comme ça,  devant la télévision. Élise resoupira et ordonna avec un geste à l'invité de la suivre dans le couloir. Et non,  il n'allait pas s'embrasser ou faire des choses. Élise ne se souciait plus qu'une chose : la protection de sa famille. Sa vie se finirait pratiquement demain. Le collier s'arrêtait de briller. C'était étrange vu qu'il ne cessait de prévenir son propriétaire de la proximité de Lostines.

《 - Qu'est-ce que tu veux ?, chuchota Élise en continuant de l'éloigner de sa soeur. 》

A force d'avancer, elle montait petit à petit les escaliers qui menaient au grenier. Aucun son à par le narrateur du reportage sur la savane et ses occupants. Aucune parole. Un silence devenait pesant. Arrivés au grenier, Élise se rappela de la scène d'hier et un frisson lui parcourut l'échine.

《 - Quelques souvenirs d'hier ?, taquina-t-il.

- Que veux-tu ?, ignora Élise.

- Hum... Une petite visite d'amis ?

- Celle d'hier m'a largement suffit, rappela Élise.

- Je m'excuse.

- Tu crois que je vais pardonner un an de fuite avec deux mots ?, demanda Élise avec une voix qu'elle essayait de paraître forte et calme.

- Non, je m'excuse la visite, souria-t-il.

- Connard... lâcha Élise. 》

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