Angoisse [Explicite]

10 1 0
                                    

Disclaimer: Ce texte contient une scène explicite -18. Si vous ne voulez pas la lire, attendez le prochain texte. Ou alors faites-le pour le plaisir ou à vos risques et périls.

______________________________________

De tous mes mondes, où je me perds, il en est un toujours plus sombre, toujours plus profond. Tu me prends par la main, me guides, m'agrippes. Toi seule que je connais, je ne peux pas te lâcher et je te suis comme à mon habitude. Certaines fois, je veux m'affranchir de ton emprise. Je sais que c'est mal de dépendre des autres, mais tu fais partie de moi alors je te suis pas à pas faisant mine de m'éloigner. Mais que veux-tu ? Je n'y arrive pas. Je ne pourrais pas te dire comme tu m'attires. C'est une chose que je ne veux pas admettre. Réalité, réalité, réalité. Je cherche mon chemin et tu m'ouvres une porte. Elle m'attend et tu le sais mais je te contourne toujours, allongeant encore mon chemin dans cette allée des ombres.

Elles dansent. Je ne les vois pas ni ne les entends. Je les sens. Elles me guettent. Au secours. Je cours et je trébuche quand j'essaie désespérément d'échapper à ce cri féroce que je ne fais qu'imaginer. Il me hante et me poursuit. Il va m'attraper. Toi, sans un mot, tu avances sans faire un pas, toujours à mes côtés. Je suis piégée. Je m'arrête, résignée. Tu m'enlaces, me faisant de plus en plus mal. Le corps immobile, paralysé, je regarde autour de moi. Eigengrau. Rien d'autre que cette obscurité où toi seule existe, où je suis étrangère tandis que tu glisses dans mon dos à pas de loups... Tu ondules en quittant mon champ de vision qui s'assombrit tout à coup. Tu m'attires en arrière en me modulant à tes souhaits. Le dos courbé, je n'en peux plus. Mes larmes coulent. Soudain, mes pieds décollent de cette encre qui les emprisonnait. Mais ils sont aussi inertes que mes bras qui pendent désarticulés, le long de mon corps engourdi. Je ne peux rien faire d'autre que de m'abandonner à toi. Je sens tes doigts délicats accourir sur mon front, resserrer le bandeau dont tu as recouvert mes yeux pourtant déjà prisonniers de la pénombre. Tu me comprimes de toute ta force. C'est insoutenable, je n'en peux plus. Mes cheveux se hérissent au fil de tes violentes caresses descendant de mon front jusqu'à mes joues. Tu m'enveloppes, me protèges et ton souffle audacieux me traverse en stimulant la peau de mon cou entièrement à ta merci.

Je soupire, je suffoque et tout en même temps alors que tu me parcours de tes mains impudiques. Tu coules le long de mes épaules, me transformant en ce frisson ténu qui me change peu à peu en galinacée. Je ne sais pas ce qui t'arrive. Un gémissement aigu s'échappe de mes lèvres. C'est si soudain. De plus en plus pressante, tu t'insinues sous mes vêtements alors que tes dents d'hyène creusent lentement ma chair. Tu m'attrapes, moi, objet de tes désirs les plus intimes. Tu me dévores insatiablement. Ma respiration contre ta main qui attrape ma bouche, haletante et plus bruyante encore ne semble pas te troubler. Stimulée, tu continues d'accélérer en te collant contre moi, envahissant mon dos d'énergie électrique accentuant bien la nudité de mon ventre encore réticent à tes étreintes. Tu m'enserres, capturant mes épaules d'où tes doigts partent en marathon sur toute ma surface. Je retiens mon souffle. C'est un contact impudent que tu te plais à accentuer une fois encore. Soudainement tu t'empares de ma poitrine frémissante et te saisis de mon sein en ignorant les convenances. Je crie... Je couine. En un instant, tu me pénètres et t'invites en moi, maintenant ton emprise sur mon cœur qui se noue, qui implose à ton contact. Profitant de ma vulnérabilité, tu me dérobes, je ne m'appartiens plus. Tu ressors tes mains d'un rouge éclatant que tu t'empresses d'avaler. Sangsue. Ecrasant un petit organe au creux de tes paumes et le déversant autour de nous.

C'est fini. Mon corps te réclame, désormais avide de ton ivresse. Le bandeau tombe. Tu m'as engloutie. Mais nous ne sommes plus. Tu n'es plus. Toi qui faisais partie de moi, toi que je voulais chasser, que j'ai finalement acceptée. Je ne te sens plus. J'ai froid. Ma peau picote encore de tes baisers tandis que je me réveille dans un lit si vide et si glacé dans la nuit noire. Tu m'as faite tienne pour disparaître et réduire mon cœur en miettes. Tu me fais mal. Assise entre ces oreillers inconfortables, j'ai mal au dos. Je fixe l'horloge, les yeux hagards et creusés par d'énormes cernes. Tu résides désormais en moi et rien ne pourrait te déloger. Après tout, c'est toi qui m'as choisie. Tu m'as fait comprendre que je n'avais pas d'autre chemin possible et tu as fondu sur moi tel le plus rusé des prédateurs. Assurément, plus jamais je ne t'ignorerai ni ne te dénigrerai.

Je te nomme : Angoisse. 

Le Temps de nos rêves - Nouvelles.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant