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Sa voix était rauque, comme s'il ne l'utilisait pas assez souvent, mais étrangement agréable à entendre ; tu aurais pu l'écouter sans cesse, pendant des heures, sans jamais en être fatiguée.
Elle t'avait surprise, d'ailleurs. Tu t'étais attendue à un timbre plus aigu, un son plus fluet, quelque chose qui collait à son physique doux.

Un léger voile rouge était venu recouvrir tes joues et, soudainement, tes cordes vocales semblaient avoir perdu leur usage. Tu avais pourtant réfléchi à des centaines de phrases ; tu avais planifié dans ta tête tous les scénarios possibles pour que tu y sois préparée, car tu avais peur de ce que tu ne connaissais pas. Mais maintenant que tu y étais confrontée, rien ne te venait à l'esprit.

Alors tu avais dû faire ce que tu redoutais tant : improviser. Parler sans vraiment réfléchir ; oser dire ce que tu savais si bien écrire, mais pas prononcer.

- Je... c'était très beau, ce que tu viens de jouer.

C'était une phrase.
Simple. Sincère. Spontanée.

Mais pour la première fois, tu avais aperçu un semblant de sourire se dessiner sur sa bouche, et tu savais qu'à partir de ce jour, tu voulais passer ta vie à le rendre heureux car la courbe que formaient ses lèvres en s'étirant valait tous les efforts du monde.

Il avait baissé la tête en te remerciant, évitant soigneusement ton regard, et s'était mis à contempler ses chaussures en tissus blanc.

Tu avais compris à cet instant-là que c'était sa timidité qui le rendait si distant et silencieux ; que la musique était son refuge, son moyen de s'exprimer, de crier au monde ce qu'il pensait sans devoir ouvrir la bouche.

De A à SiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant