Voici le deuxième chapitre en espérant qu'il vous plaise ! Je vais essayer de m'en tenir à un rythme d'un chapitre par jour où un tous les deux jours pour le début !
2. Melvin | Fou-rire & inspiration impromptus.
- C'était quoi ça ?
Merde alors. J'ai du mal à ne pas rire alors que Sasha s'essuie le visage avec les serviettes que des filles se sont empressées de lui emmener. Son sweat est rempli de crème et je peux voir la colère peindre ses traits. Il adore ce pull, c'est son préféré, celui qui lui porte chance. Une sorte de porte-bonheur. Tu parles ! Le karma a de drôles de façon de se manifester.
C'est mon meilleur pote, ce n'est pas cool de ma part de me foutre de sa gueule mais en même temps il cherche. Il a trompé cette fille pendant toute leur relation, impunément. Il pensait qu'elle ne le quitterait jamais, qu'elle était bien trop dépendante pour s'en aller. Maintenant, il sait que ce n'était pas le cas. On a tous nos propres limites en ce qui concerne ce qu'on peut supporter. Elle les a atteintes.
Pourtant, je ne m'attendais pas à ce qu'elle réagisse ainsi, ou plutôt à ce qu'elle réagisse tout court. Elle m'a toujours semblé si timide, presque effacée. Elle n'osait pas lui dire quoi que ce soit alors qu'il lui mentait comme un arracheur de dents et qu'elle n'y croyait pas. Elle fermait juste les yeux. Je n'ai jamais trop compris comment ces deux-là avaient pu finir ensemble.
Alors cette tornade qui n'a duré que quelques minutes, ça ne lui ressemble pas vraiment.
- Un coup de sa meilleure amie. Tu vois la fille aux cheveux violets qui se tenait juste à côté d'Olivia ? Elle ne m'a jamais aimé de toute façon.
Difficile de la louper avec ses cheveux d'un violet foncé, des lèvres dans les mêmes teintes, les yeux pétillants et cette assurance non feinte. Celle qui lui permet de regarder dans les yeux, tout en continuant d'articuler chaque mot sans jamais avoir besoin de les crier. Une véritable bombe à retardement.
- Elle a eu raison apparemment, non ?
Sasha me lance un regard noir, derrière son bout de serviette, auquel je réponds par un sourire narquois. On se connaît depuis le bac à sable, il sait ce que je pense et vice-versa. Il a voulu jouer avec le feu et il s'est brûlé. C'est aussi simple que ça.
- Tu pourrais au moins me soutenir.
- Te soutenir de quoi ? J't'avais prévenu que ça allait mal se terminer, tu n'as pas voulu m'écouter. Maintenant, tu assumes.
Vu les spécimens présents, cette soirée promettait déjà d'être pleine de bons souvenirs mais là, elle atteint son apogée. C'était tellement inattendu que je n'arrive finalement pas à me retenir en me repassant la scène une nouvelle fois. J'explose de rire, suivi du reste du groupe, comme si j'avais lancé le mouvement. Ils devaient avoir du mal, comme moi, à ne pas craquer. Je lance un désolé à Sasha sans m'arrêter pour autant. Je suis le pire des potes.
Notre fou-rire finit par s'essouffler et on en oublie presque ce qui l'a déclenché. Sous le coup de la colère, Sasha est parti de la pièce pour se laver et changer de pull le temps que l'on se calme. S'il n'y avait pas autant de monde présent, il nous aurait sans doute fait une scène. Un truc genre tragédie grecque, comme il aime tellement le faire. Moi qui pensais qu'on était potes, vous me décevez. C'est comme se prendre un poignard dans le dos, ça fait exactement le même effet. Il a toujours eu le don de tout exagérer.
Depuis, il a avalé plus de shots que nécessaires et est en train de danser coller-serrer avec deux filles, en même temps, et avec qui il finira sans doute la nuit. Même si je le voulais, je ne pourrais pas le changer. Il sait très bien que ce n'est pas la solution mais il ne peut pas s'en empêcher. Il a besoin de séduire, de sentir qu'il plaît et notre notoriété n'a pas amélioré ce trait de sa personnalité. Je dirais même qu'elle l'a empiré.
Je le laisse faire, après tout ce n'est pas mon problème et c'est son anniversaire. Ce n'était pas comme s'il se mettait en danger de mort non plus. Il a envie de profiter de sa jeunesse, gardant les regrets pour plus tard. De toute façon, je ne suis sans doute pas le mieux placé pour lui donner une leçon. Je ne suis peut-être pas accroché au cou d'une de nos groupies mais j'ai pas mal entamé la bouteille de vodka, au point qu'on pourrait se demander si je ne l'ai tout simplement pas finie.
La punition arrivera bien assez rapidement. Elle se matérialisera en un mal de crâne carabiné demain matin ou en une nuit passée au-dessus de la cuvette des toilettes. Ça ne m'empêche pas pour autant de reprendre un verre tout en parlant avec Flo'. Nous sommes affalés sur les canapés du salon, entourés de fumée. La tête en arrière, je ris à une de ses vannes alors qu'il me montre deux mecs au fond de la pièce.
Je me concentre un instant sur eux avant de prendre mon téléphone et d'écrire quelques bribes de paroles sur l'application bloc-notes. Pourquoi il faut toujours que l'inspiration me vienne quand je ne suis pas en état ? Mes notes sont toujours indéchiffrables le lendemain et le casse-tête que leur lecture engendre est bien pire que n'importe quel mal de crâne qu'une bouteille pourra m'infliger.
Flo' comprend rapidement que je ne l'écoute plus, concentré sur mon portable. Il a l'habitude et m'abandonne là après m'avoir conseillé d'aller dans une des chambres pour que je puisse mieux me concentrer. Si seulement ce brouhaha, cette musique de fond, cette fumée qui me prend la tête et cet alcool qui coule dans mes veines ne me stimulaient pas autant, c'est sans doute ce que je ferais. A la place, je reste planté là, évitant les regards curieux, la luminosité de mon téléphone baissée au maximum. Hors de question qu'une seule de ces notes fuite parce qu'un petit malin aurait envie de se faire de l'argent sur mon dos.
Quand je ressens enfin le vide, celui qui arrive après une période intense d'écriture, je me rends compte que nous ne sommes plus qu'en cercle restreint. C'est dingue comme j'ai cette capacité de profiter d'une ambiance tout en m'enfermant dans une bulle imperméable. Les gars dorment un peu partout dans la pièce, la musique est restée en fond, à un volume inférieur, la fumée s'est désépaissit mais reste présente et je commence moi aussi à fatiguer. Autant aller se coucher, j'ai pas mal de boulot qui m'attend au studio demain - enfin, aujourd'hui - et pour être productif, il faut être levé avant que le soleil ne se couche. Ce qui n'est pas vraiment gagné, après tout il est déjà en train de se lever alors que je rejoins la chambre de Sasha.
Je passe les trois jours suivants enfermé au studio. Je me suis finalement levé en plein après-midi l'autre jour et n'ayant rien de mieux à faire, je suis venu ici. Je n'en sors que pour manger et dormir. Et encore, les gars ont tendance à m'apporter le déjeuner et le dîner directement dans la salle d'enregistrement. Un peu de ménage ne ferait d'ailleurs pas de mal.
Je pourrais prendre plus de pauses, après tout je ne suis pas en retard sur le planning, mais je ne veux pas laisser filer mon inspiration. Elle a tendance à faire ce qui lui plaît la plupart du temps et je me sens bien en veine en ce moment. Elle pourrait me le faire payer par un bon vieux blocage. Ce foutu syndrome de la page blanche.
- Tu te rappelles que tu es censé te pointer à Fraich' ce soir pour le freestyle d'Ivy ?
Merde. Putain. J'ai complètement zappé. Heureusement que Valentin connaît mieux mon planning que moi-même. J'étais tellement pris par mes textes que j'avais oublié l'invitation de la rappeuse. Elle a participé à un son sur mon dernier album, je ne peux pas lui faire faux bond. Ce n'est pas vraiment l'envie qui me manque, je suis crevé et j'aurais préféré consacrer toute mon énergie à mon album mais j'aime bien Ivy. Elle est talentueuse et sympa. Et puis, Fraich' est loin d'être la pire radio au monde.
Si je ne suis pas très à l'aise avec les médias, l'émission de freestyle de Fraich' est toujours un bon moment à passer. Que de la musique, pas de questions gênantes. Une heure de sons en live, c'est une bonne publicité pour la sortie d'un album.
- Ça ne te fera pas de mal de sortir un peu ! On va finir par te confondre avec les murs à force de rester enfermé toute la journée.
Je me retiens de lui préciser que je ne sors pas pour une promenade mais pour m'enfermer dans d'autres locaux, il a l'air bien trop fier de sa vanne. Laissons-lui son quart d'heure de gloire. Je rature une nouvelle page avant de la chiffonner en boule et de la jeter sur le tas qui se crée à côté de moi sur la table de mixage. Une dizaine d'autres la rejoignent dans les deux heures qui suivent. Emporté par la frustration de ne pas trouver le bon mot, la bonne punchline, je prends mes affaires et part bien avant l'heure en direction de la station de radio. Valentin a sans doute raison, sortir prendre l'air ne pourra que me faire du bien.
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Nos Musiques (sous contrat d'édition)
RomanceMelvin est un rappeur connu, Ciara une productrice de musique qui préfère l'ombre à la lumière. Ils se rencontrent alors que leurs meilleurs amis respectifs se font du mal. Au fur et à mesure qu'on chante, je sens Olivia se détendre à côté de moi...