3. Melvin - Tu baisses les yeux, tu perds

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Chapitre 3, enjoy ! 

3. Melvin | Tu baisses les yeux, tu perds

Evidemment, j'arrive bien trop tôt. Je rentre dans les studios alors que l'émission précédente est toujours en train de tourner. Lucas, l'animateur du freestyle vient me saluer et me propose un café pour patienter. Ou alors c'est ma mine de déterré qui guide sa proposition. Il a raison, je devrais sans doute me doper à la caféine si je veux survivre à cette heure d'enregistrement.

Lucas est un des rares journalistes que j'apprécie. Il est peu invasif et il sait très bien comment mettre en valeur un son à la radio, ce qui n'est pas négligeable. Il ne me pose aucune question sur mon futur album alors qu'on dispose d'un peu de temps pour parler tous les deux. Il doit bien se douter que je suis en train de travailler dessus mais il sait que je déteste en parler et, surtout, que je veux que rien ne fuite avant l'annonce officielle.

Sasha dit que j'ai un problème avec le contrôle. Difficile de le démentir. Il faut que j'aie la main sur tout, de la création à la distribution en passant par la production. Pas pour rien qu'on a créé notre propre label avec les gars. La licence obtenue chez Universal nous permet d'exploiter nous-mêmes nos sons. Une liberté qui fait plaisir mais qui n'améliore pas mon sens absolu du contrôle.

Avec les nouvelles technologies toujours plus à la pointe et des pirates toujours plus expérimentés, c'est un véritable casse-tête pour moi. Après deux sons leaked sur le net, j'ai resserré les verrous autour de l'équipe de production. Plus question qu'un d'entre eux vende mon travail contre quelques billets. Il a fallu mettre en place des nouvelles règles : un réseau interne, plus de connexion avec l'extérieur quand on est en studio, chaque photo ou vidéo sur les réseaux sociaux est checkée avant d'être envoyée.

Ivy fait son apparition moins de dix minutes avant le début de l'émission. Elle me tape la bise, tout comme à Lucas et on parle de l'accueil de son premier album le temps que les participants de la tranche horaire précédente nous laissent la place pour qu'on s'installe.

Lucas lance le générique alors que je mets le casque posé devant moi sur mes oreilles. La radio est un média que j'apprécie, beaucoup moins prise de tête que la télévision ou l'écrit. Je crois que c'est le direct, ce genre d'émissions sans montage qui me plaît le plus.

Je n'ai pas besoin de forcer, ou de me créer une carapace. Idris, mon nom de scène, suffit à évoquer le personnage que je me suis créé pour évoluer dans le milieu artistique.

- Comme depuis le début de semaine, nous sommes avec Ivy pour la sortie de son premier album Veuve Noire. Nous accueillons aujourd'hui dans le studio, Idris, qui signe un duo sur l'album.

Il marque une pause et je m'aperçois qu'elle n'est pas volontaire en voyant ses yeux s'écarquiller, on dirait qu'il vient de voir un fantôme. Je me retourne dans sa direction pour comprendre ce qu'il se passe. Je manque de tousser sous l'effet de surprise. C'est quoi ce bordel ? Qu'est-ce qu'elle fout là ?

Elle m'observe, un petit sourire en coin des lèvres, avant de se reprendre et faire comme si tout ça était normal. Lucas reprend lui aussi ses esprits et lui fait signe de s'avancer et de prendre une chaise, ravi. Il ne fait aucun doute qu'ils se connaissent et je n'arrive pas à savoir comment. Qu'est-ce que je peux bien louper dans cette histoire ? J'ai l'impression qu'on se joue de moi sans savoir qui, ni comment. Comment expliquer sinon que la meilleure amie de l'ex de Sasha soit dans ce studio en même temps que moi ? Je ne crois pas vraiment aux coïncidences.

- Ciara, quelle surprise ! Tiens, prends cette chaise !

Elle s'installe juste en face de moi mais ne me regarde pas. Ivy lui chuchote un truc à l'oreille tandis qu'elle répond à Lucas. Et moi je me demande toujours dans quel genre de farce je suis tombé.

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