Moi ? Pleurnicharde ?

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Comment faisait-il pour à chaque fois lire en moi comme dans un livre ouvert alors que moi ? Était-ce moi qui n'arrivais plus à porter mon masque ou.. lui qui voyait à travers ?

- Tu as pleuré ? M'interrogea-t-il avec inquiétude.

Son expression n'était plus que soucis et contrairement à d'habitude, il n'arrivait plus à détacher son regard du mien.

À cet instant, je me rendis compte de ma terrible et pitoyable faiblesse. .
J'étais si affaiblie que je n'arrivais même plus à dissimuler mes larmes. . Celles-ci, en plus de tomber sans cesse, étaient visibles de tous et non plus de moi. .
Ces larmes, en plus de briser mon masque.. en créait un autre, bien moins respectable et appréciable : celui d'une pleurnicharde sans aucun intérêt. .

Je secouai ma tête de droite à gauche pour me reprendre.

Je ne m'étais pas enfermée derrière ce masque pour devenir une pleurnicharde sans aucun intérêt ! Pensé-je aussitôt.

- Laisse tomber, lui assuré-je après mûre réflexion, ce n'est rien.

Cela dit, j'essuyai vivement les larmes qui s'étaient aventurées hors de mes yeux puis poursuivis :

- C'est bon, tu as fait ton choix ?
- Oui.. Murmura-t-il, toujours aussi soucieux. J'ai.. j'ai essayé de prendre les vêtements les moins chers. Me confie-t-il en regardant ses achats.
- Tu n'étais pas obligé ! M'enquis-je, choquée. Tu as le droit de choisir ce que tu veux, je ne rigole pas ! Insisté-je avant de lui sourire tendrement, enfin j'essayai..

Cependant, il ne me rendit pas mon sourire et déclara, l'air grave :

- Justement, si, j'étais obligé. Je n'arrive déjà pas à te consoler, il ne faut pas pousser. Continue-t-il, l'air aigri.

Je fus frappée par sa sévérité et sa froideur envers lui-même..

Pourquoi était-il ainsi ? M'interrrogé-je aussitôt. Pourquoi se souciait-il toujours des autres alors qu'il était le plus à plaindre ? Me demandé-je, le cœur brisé.

- On-on passe en caisse ? Murmuré-je en changeant de sujet, histoire de lui éviter une autre crise de larmes.

Il me suivit sans rien dire, le visage fermé.
Je décidai de ne pas m'y attarder et de plutôt me concentrer sur ce qu'il avait acheté : un jean, un sweatshirt et des baskets.

Il s'est privé de pyjama.. Remarqué-je tristement. Il pensait vraiment trop aux autres. . Me désolé-je en passant en caisse.

Finalement le tout me coûta quarante cinq euros car les chaussures font trente euros, le jean sept euros et le sweat huit euros.

La facture est salée ! Pensé-je en payant sans rien dire. Et dire qu'il n'avait pris que les vêtements les moins chers, c'est dingue ! Avec ça, il ne me restait que trois euros..!

J'aurais ri si ça ne me concernait pas. .

- Je suis désolé de te faire acheter tout ça. Me sortit de mes pensées Côme, une fois que nous fûmes sortis de la boutique.
- Arrête de t'excuser, lui dis-je doucement, c'est normal ce que je fais. Lui assuré-je.

À ces mots, il baissa les yeux et n'ajouta plus rien comme s'il était perdu dans de profondes pensées.

Ça me faisait de la peine de le voir aussi introverti comme cela.. Était-ce pour cette raison que je ne m'étais jamais rendue compte de rien ? Ou suis-je simplement en train de trouver des excuses à mon stupide aveuglément ? M'interrogé-je, une pointe de culpabilité en moi.

Je retins un soupir et décidai de ne plus y penser.

Pour cela, je lui tendis ma main droite - mon autre main étant prise par son sac de vêtements.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Fit ce dernier avec surprise en relevant la tête.
- Prends ma main, c'est tout. Lui dis-je doucement, surprise qu'il ne comprenne pas ce que ce geste voulait siginifier.

À cet instant, je crus voir ses yeux s'embuer. Cependant, il les détourna si vite que je n'eus pas le temps de le vérifier. Tant pis. Me dis-je tandis que ses doigts touchaient timidement les miens.
Je resserrai mon étreinte autour des siens puis l'entraînai jusque chez moi en silence.
Comme tout était calme et qu'il n'y avait personne dans la rue, je fermai les yeux et me mis à chantonner l'une de mes chansons préférées. C'était “ what a wonderful world ” de Louis Armstrong.

« Comme elle chante bien . . » Murmura doucement Côme, si doucement, que je ne l'entendis même pas.

Masques. . .Où les histoires vivent. Découvrez maintenant