Émotions

26 3 2
                                    

Parfois, il fallait se jeter à l'eau et dire ce que l'on avait sur le cœur.. même si cela peut engendrer des situations larmoyantes. .

- Côme.. Déclaré-je lentement en déposant le sucre - que j'avais gardé jusque là dans les mains - sur la table de travail. Je trouve cela tout-à-fait normal.. Repris-je doucement. Tu te rends compte ? M'enquis-je soudain en relevant à vive allure ma tête vers lui. Tout à l'heure..j'ai agi égoïstement en pleurant stupidement devant toi.. Murmuré-je d'une voix pleine d'émotions, le corps tremblant. Je..je ne considère même pas toute la douleur que tu as dû ressentir en vivant ainsi dehors et que tu ressens encore..! M'indigné-je. Je passe mon temps à me plaindre et.. * voix qui se brise * même quand j'ai sû pour ta situation, c'est moi qui étais en colère..et pas..toi..! M'horrifié-je. C'est injuste !.. Bon sang..

Je me reculai, complètement secouée de spasmes alors que j'avais eu la chance de pas avoir versé une seule larme.

- À aucun moment.. Repris-je, une fois ma voix un peu plus calme. À aucun moment.. tu..n'as parlé de ce que tu as vécu..à..aucun moment tu t'es plaint..ou.. ou..

Je mordis ma lèvre en grimaçant, mes sourcils tremblants retroussés vers le haut. Je serrai les poings devant ma faiblesse..

- Bien sûr..que je me rends malade pour toi.. Dis-je tout bas. * serre encore plus les poings * mord sa lèvre * C'est la moindre des choses.. Côme.. Terminé-je en relevant mes yeux vers lui.

Je remarquai aussi à quel point je m'étais reculée de lui lentement
sans m'en rendre compte. .
Lui, au contraire, se rapprocha de moi à pas lents..

- Mila.. Commença-t-il doucement.

C'est fou comme j'étais tendue : je n'arrivais pas à démordre ma lèvre ni à m'empêcher de serrer encore et encore mes poings..

Je crois que mon masque s'était envolé. Pensé-je avec un mélange de tristesse et de soulagement.

- C'est horrible, ce que tu dis.. Murmura Côme en baissant la tête.

Il leva ses yeux vers moi qui devais être médusée..

Où voulait-il en venir ? M'étonné-je.

- Comment peux-tu penser ça..? Reprend Côme, vivement touché. Penser que ma douleur est plus grande que la tienne.. ? S'horrifie-t-il avec peine.
- Mais c'est vrai..! M'exclamé-je aussitôt. Je..
- Et alors ? S'enquit-il en penchant doucement sa tête de côté.

Je le regardai, ne sachant plus que dire, interdite..

- Et alors ? Reprend-il gentiment en s'approchant doucement de moi. Qu'est-ce que ça peut faire ?

À l'entente du ton léger qu'il prenait, j'avais envie de rire en pleurant..

Qu'est-ce que ça pouvait faire ? Me répété-je intérieurement, au bord de l'implosion.

J'allais m'enfoncer dans mes pensées lorsqu'il m'apostropha :

- Mila, tu sais..

Je le vis mettre sa main sur son cœur en fermant les yeux, étonnée.

- Un jour, un ami que je prends comme mon frère m'a dit : « Aucune douleur n'est négligeable, Côme. Aucune. » Murmure-t-il comme s'il était plongé dans un souvenir, un bon souvenir. Remarqué-je, en me disant que je n'en avais pas beaucoup en tête. Tu sais, me sort-il de nouveau de mes pensées, ce qu'il a voulu dire par là, Mila ? M'interrogea-t-il gentiment.

Masques. . .Où les histoires vivent. Découvrez maintenant