Chapitre 2

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La chaleur de l'eau glissant sur mon corps apaisait mes pensées. J'étais toujours atterrée par la réaction excessive du voisin et ne parvenais pas à me le sortir de l'esprit. Notre rencontre me laissait un goût amer en travers de la bouche. Je coupai l'eau et m'enveloppai dans une serviette moelleuse. J'en pris une seconde, plus petite, afin d'y frotter vigoureusement mes courts cheveux bruns. Mes boucles se reformèrent et je sortis de la pièce embuée. J'allais chercher des vêtements propres lorsque des éclats de voix retentirent, provenant du rez-de-chaussée.

Il m'avait en effet semblé que la porte d'entrée avait claqué, mais je n'y avais nullement prêté attention. Une voix masculine tonna tandis que je m'avançai jusqu'à la première marche de l'escalier de bois :

– Franchement tu aurais dû me consulter !

Je perçus le rire sarcastique de Billie.

– Pour quoi faire ? Tu ne m'aurais même pas laissé exprimer l'hypothèse que cela puisse marcher !

La voix de la jeune femme ne m'avait jamais paru aussi amère et je me hâtai de descendre. Le bruit sourd qui me parvint ne m'inquiéta que davantage.

– Ça ne marchera pas ! Elle ne...

– Comment peux-tu en être si sûr ? Le coupa-t-elle.

– Parce qu'il ne peut qu'en être ainsi.

Je venais d'atteindre le rez-de-chaussée lorsque je me retrouvai nez à nez avec celui qui avait été si désagréable avec moi plus tôt dans la journée. Je sursautai et supportai autant qu'il m'était possible le regard empli de colère qu'il porta sur moi. Sa mâchoire carrée se crispa puis il siffla :

– Quitte la ville.

Il partit en claquant la porte, me laissant coite. Je finis par retrouver mes esprits et m'approchai de Billie. Une lueur de compassion s'alluma dans ses yeux gris avant qu'elle ne finisse par rompre le silence pesant qu'il avait laissé dans son sillage :

– Excuse-le. Oz est parfois un peu... dur au premier abord. Mais ne t'inquiète pas, cela lui passera. Il n'aime juste pas les étrangers.

Je passai une main gênée sur ma nuque humide. Son intervention me touchait bien plus qu'elle ne l'aurait dû et l'idée de devoir le côtoyer me pesait déjà.

– L'amabilité n'a en effet pas l'air d'être son fort.

Elle posa sa main sur mon épaule dénudée.

– Je crois que c'est en partie ce qui fait son charme.

Je haussai les sourcils, sceptique. Mais n'ajoutai rien.

– Bon, reprit-elle, les cookies sont chauds et j'ai préparé du thé. Dépêche-toi de t'habiller !

Elle me fit un clin d'oeil et se dirigea vers sa harpe tandis que je montais enfiler une robe. J'en choisis une d'un jaune élégant, resserrée à la taille. Je rejoignis mon hôte sous le chant fluide des cordes. Elle était assise devant l'instrument qu'elle tenait entre ses jambes. Ses bras se mouvaient avec grâce, laissant ses doigts jouer une mélodie enivrante. Je n'avais jamais rien entendu d'aussi beau. Je la regardai, hypnotisée par ses gestes suaves. Un étrange picotement parcourut mes membres, cela n'était pas désagréable, mais quelque peu étrange.

Je ne revins à moi que lorsqu'elle eut fini et je ne pus que l'applaudir pour ce moment des plus magiques. Billie partit d'un doux rire cristallin et se leva afin de me saluer comme elle l'aurait fait devant un public euphorique. Elle se redressa et frappa dans ses mains, tout sourire.

– Bon, il serait peut-être temps d'évaluer nos talents de pâtissières, lança-t-elle avec un entrain contagieux.

Je lui rendis son sourire et la suivit jusqu'au bar, où étaient disposés deux tasses de thé ainsi qu'un plateau de cookies. Nous mangeâmes tranquillement, appréciant la quiétude de ce moment de partage, avant de rejoindre nos lits respectifs.

Le Fléau d'Égypte - Tome 1 & 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant