Chapitre 3

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Ma fureur rendit mes pas fermes et déterminés. Seuls quelques mètres nous séparaient lorsque je m'exclamai :

– C'est quoi ton problème ?

Oz se retourna lentement et me dévisagea avec froideur. Une lueur brillait au fond de ses grands yeux verts. Lueur que je n'arrivais pas à décrypter.

– Mon problème c'est que tu n'es pas capable de comprendre des mots simples. Je t'ai demandé de partir. Fais-le.

Alors qu'en temps normal cette remarque m'aurait fait rire, le sérieux dans sa voix alimenta ma rage. Il semblait bien trop habitué à être écouté. Je ne supportais pas ce genre de comportement et c'était avec un plaisir incommensurable que je comptais lui désobéir. Ma vie était ici à présent et je n'en avais rien à faire qu'il en soit mécontent.

– Alors tu vas m'écouter bien attentivement parce que je ne le répéterai pas. Je ne sais pas à quelle époque tu vis, mais je ne suis pas à ton service. Je ne partirai pas, que cela te plaise ou non.

Je vis sa mâchoire se crisper et il parut attendre que son énervement ne redescende avant de parler.

– Tu ne te rends pas compte de la stupidité dont tu fais preuve. Je ne peux malheureusement pas te mettre légalement de force dans un avion, donc je vais mettre au clair deux ou trois choses tout de suite. Tu restes ? Soit, mais je ne veux pas que tu m'approches, essaies de me parler ou établisses le moindre contact. En aucun cas je ne dois me rendre compte de ta présence dans cette ville. C'est bien clair ?

J'écarquillai les yeux et restai perplexe quelques secondes. J'eus beau détailler son visage pour essayer de comprendre ce qu'il se passait dans son esprit, cela n'eut aucun résultat. Ce n'était pas possible que, au XXIe siècle, des personne se comporte encore comme cela.

– Si ça peut te rassurer je n'ai nullement envie de te voir régulièrement. Ce serait du pur masochisme que de côtoyer un connard machiste imbu de sa personne. Je ne sais pas pour qui tu te prends, mais il va falloir redescendre un peu. Je ne t'ai rien fait, donc j'apprécierais que tu arrêtes de faire comme si tu avais une réelle raison de me haïr avec autant de vigueur.

Un rire froid perça la barrière de ses lèvres, résonnant dans la rue déserte. Des frissons parcoururent mon corps tandis qu'il faisait un pas de plus vers moi.

– Tu ne m'as rien fait ? Laisse-moi rire. Comment pourrais-tu le savoir de toute façon ?

J'eus l'impression de recevoir un violent coup dans l'abdomen. Mon sang se figea dans mes veines et ma voix prit une tonalité inquiétante.

– Que veux-tu dire ?

J'avais sincèrement peur d'avoir compris ce qu'il s'autorisait à me renvoyer au visage. Le sourire narquois qui scinda son visage carré me fit frémir.

– Comment pourrais-tu savoir si tu m'as, ou non, fait quelque chose, rétorqua-t-il. Après tout, tu es amnésique, non ?

Il avait osé.

Je comprenais ce qu'il faisait, mais pas pour quelle raison. Je ne supportais pas de rester dans l'incompréhension et cela avait malheureusement tendance à attiser ma colère.

– Donc j'avais raison, on se connaissait ?

Oz continua de me dévisager. Je me sentais sondée par ce regard vert qui paraissait fouiller au fond de mon être, en quête d'une quelconque réponse. Une lueur de fureur à l'état pure embrasa ce regard émeraude. Comme seul le silence semblait me répondre, je repris, d'autant plus furieuse qu'il m'ignorait pour la seconde fois :

– Pourquoi tu ne daignes même pas me répondre ? Es-tu lâche au point de me refuser d'en apprendre un peu plus sur ces souvenirs disparus ? Tu ne penses pas que je mérite une réponse même si elle est dure à encaisser ?

Le Fléau d'Égypte - Tome 1 & 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant