¤ PROLOGUE ¤

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Une énième larme coule sur le livre que je tente de lire. En vain. Plus j'essaye de me changer les idées, plus je pense à lui et plus il me manque. Je me dis souvent qu'il n'aurait pas du m'abandonner, qu'il aurait dû rester avec moi. Qu'il n'aurait pas du me laisser seule dans ce monde hostile. Parfois, je suis en colère contre lui. Et d'autres fois, je me hais, car je hais le fait d'être fâchée contre lui. Il a été la seule personne dans ce bas monde qui me comprenait, la seule personne qui m'acceptait telle que je l'étais. Mais il n'est plus là. Et moi, je me retrouve toute seule, comme avant. Jadis peut-être, la solitude ne m'effrayait pas, mais maintenant qu'il m'avait fait ressentir la joie et mieux, m'avait donné de l'affection, m'avait fait me sentir aimée et en vie, je ne pouvait me résoudre à vivre sans cela. Il ne me restait plus qu'un seul échappatoire.

~

M'y voilà, sur le toit de mon lycée. Là où je m'apprête à me donner la mort. Il est encore temps de faire marche-arrière, mais ma décision est déjà prise. Et ce depuis une semaine. Une foule s'est rassemblée autour de moi. Certains regardent ce qui va se produire, tandis que d'autres s'agitent dans tous les sens afin de prévenir un adulte. Quels hypocrites ! Jamais auparavant ils ne s'étaient souciés de moi, du fait que je souffrais de toutes leurs remarques blessantes sur mon physique. Ils m'avaient toujours rabaissée mais maintenant, je n'en ai plus rien à faire. De toute façon, ce monde n'est décidément pas fait pour moi. Quand j'y pense, je me dis que j'aurais du mettre fin à mes jours plus tôt.

Je pousse un imperceptible soupir avant de me laisser enfin choir du toit. A partir de ce moment, tout se brouille autour de moi. Je ne vois plus les visages effrayés de mes camarades, je n'entends plus leurs cris de panique. La seule chose dont je suis consciente, c'est du défilement du bâtiment en face de moi. Je me sens chuter, puis c'est le noir total.

~

J'entends des voix autour de moi. C'est bizarre, ne suis-je pas censée être morte ? A moins que je ne sois au paradis ? Non, impossible ! Car dans tous les cas, ce lieu n'existe pas. Pourtant, quand j'ouvre les yeux, je vois une lumière blanche et vive. Mais non, il s'agit en réalité d'un néon. Où suis-je ? Soudain, le visage de ma tante remplace la lueur du néon dans mon champ de vision.

- Oh mon dieu, elle s'est réveillée ! Vite Harry, va appeler l'infirmière !

Je suis à l'hôpital, pensé-je

Ni une ni deux, Harry s'élance hors de la pièce afin de ramener une personne capable de me prendre en charge.

Dans ma tête, je me refais le film de mon suicide. Moi, tombant du haut du toit puis le trou noir. Et maintenant, je me retrouve à l'hôpital. Ai-je raté mon suicide ? Suis-je une telle incapable que même m'ôter la vie est irréalisable pour moi ? Le monde ne m'aime-t-il tellement pas qu'il veut m'empêcher le privilège de trouver le bonheur éternel ? Le sentiment de tristesse et de déchirement m'envahit et soudain, je verse une larme. Puis bientôt, c'est un torrent qui ruisselle sur mes joues. Ma tante elle, me regarde avec pitié. Elle ne dit rien et se contente de me prendre dans ses bras. C'est alors que je ressens de la colère. J'essaye de me dégager brutalement de son étreinte mais ça ne fonctionne pas car je ne peux plus bouger. Je peux à peine tourner ma tête à cause de cette chose qui m'entrave le cou. Mon mouvement ne fait qu'accentuer la douleur que je ressent au crâne. Alors, celle qui me sert de mère souffle bruyamment, me lâche et sort de ma chambre d'hôpital en claquant la porte.

Je ne l'ai jamais aimée. Pourquoi ? Tout simplement à cause du fait qu'elle ne s'est jamais réellement intéressée à moi, tout son amour est dirigé vers mon frère jumeau, Harry. Et ce dernier n'est que trop content de cette situation. Ma mère est morte lorsque nous avions six ans, Harry et moi. Nous avions été alors placés dans un orphelinat, et notre tante était venue nous recueillir quelques temps après chez elle. Dès le début, elle m'avait détestée. Au début, je ne comprenais vraiment pas pourquoi, mais un soir alors que j'allais à la cuisine pour prendre un verre d'eau, je surpris une conversation qu'elle avait avec ses amies. Elle disait qu'elle détestait le fait que je ressemble autant à sa fille biologique récemment morte. Elle disait à quel point elle détestait le fait de devoir me voir chaque jour, et que chaque jour je lui inflige le douleur qu'elle a ressenti à la mort de sa fille. Elle disait qu'elle devait me le faire payer. Depuis ce soir, ma haine pour elle avait décuplé.

Tandis que je rumine ces sombres pensées, je remarque que Harry n'est toujours pas revenu avec l'infirmière. C'est alors que le souffle me manque, et je me mets à paniquer. Que m'arrive-t-il ? Je commence à voir des étoiles danser devant mes yeux, et la pièce tangue autour de moi. Et j'ai encore un trou noir. Pourtant, je ne suis pas totalement inconsciente, car une partie de moi reste éveillée. Puis, brutalement des images refluent dans ma tête. Et je les revis, les plus beaux moment passés avec lui.

OUR SWEETEST MOMENTSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant