OUR SWEETEST MOMENTS

♡ THIRD ♡

Je me levai de bon train ce matin là. Depuis Thomas, j'étais plus enthousiaste à l'idée de me rendre au lycée. Nous nous étions mis à traîner ensemble dans les couloirs et étonnemment, cela ne me mettait pas du tout mal à l'aise. Bien sûr, je sentais les regards inquisiteurs, étonnés ou même dégoûtés des élèves autour de nous, mais j'en faisais fi et continuais ma vie. Ma tante observait bien les changements apparents qu'il y avait chez moi mais elle ne faisait aucun commentaires. Pour l'instant du moins car je savais pertinemment qu'elle me ferait une remarque un jour ou l'autre.

Comme à l'accoutumé, Thomas se tenait devant le portail. Ainsi, nous pouvions le franchir ensembles, côte à côte. Les chemins que nous empruntions étaient à l'opposés ce qui faisait que le trajet du école/maison, nous le faisions seuls. Chacun de son côté.

- Bonjour, me dit-il.

- Hello, répondis-je avec entrain.

Nous pénétrâmes dans l'enceinte du lycée ensemble.

- Tu as quelque chose de prévu après les cours ? Me demanda Thomas alors que nous traversions la cour.

- Je ne pense pas. Pourquoi ?

- Tu veux m'accompagner à la plage ?

- Je ne sais pas trop, hésitais-je, ma tante risque de me disputer. Je ne suis pas censée vagabonder où bon me semble après les cours, je dois rentrer directement à la maison.

- Et alors ? Ce n'est pas comme si elle allait te priver de nourriture ou te mettre à la porte.

- C'est facile à dire mais jusqu'à preuve du contraire, c'est bien elle qui est responsable de mon éducation et je suis tenue de lui obéir. Je vis encore chez elle.

- Dans ce cas viens habiter chez moi !

Je rigolais face à la vivacité avec laquelle il avait dit cette absurdité. Pourtant, je savais qu'il n'avait pas tout à fait tord. J'avais déjà pensé à braver quelques interdits mais ma peur m'avait rattrapée et je renonçait à désobéir. Thomas continua :

- Lâche prise et laisse toi aller. Tu dois apprendre à vivre pour toi et selon toi, selon tes envies. Que je sache, ta vie est tienne. Elle n'appartient nullement à ta tante.

Indécise, je répondis vaguement :

- J'y réfléchirai.

Et c'est ce que je fis. Toute la journée durant je pesai le pour et le contre afin de me décider. Sans étonnement, ma raison me dit de rentrer chez moi mais mon cœur lui, me poussa à faire le contraire.

Et c'est comme ça que je me retrouvai à jouer dans l'eau comme une enfant, aspergeant Thomas et riant aux éclats.

Le soleil s'était déjà quasiment couché lorsque nous nous affaissâmes sur le sable, épuisés. Nous restâmes un moment sans parler, à contempler le ciel. Je sentis à un moment que Thomas posait sa main sur la mienne et je serrai celle-ci chaleureusement. Je me rendis compte que jusque là, je n'avais jamais établi ce genre de contact physique avec qui que ce soit. Logique, me diriez-vous dans le cas où je n'ai jamais eu ce genre de relations tout court.

Alors que je m'apprêtais à me relever, Thomas m'en empêcha. Je le regardais sans comprendre.

- Reste encore un moment, c'est agréable et il n'y a personne pour nous déranger.

Je l'écoutais et reposais ma tête sur le sable doux en poussant un léger soupir de satisfaction. Je fermais les yeux un moment et lorsque je les rouvris, le visage de Thomas était au dessus du mien. Son regard était incroyablement envoûtant et je m'y perdis rapidement. Il rapprocha alors lentement sa tête de la mienne et vint m'embrasser doucement. Surprise et paniquée, je gardai les yeux ouverts avant de me détendre et de les fermer. Ce baiser étant mon premier, il était assez maladroit. Pourtant, j'étais aux anges. Quand Thomas mis fin au baiser, je me redressa les joues en feu.

- Sortons ensemble, me dit Thomas.

- Donc, commençai-je, tu es le genre de gars qui embrasse d'abord puis demande ensuite, c'est ça ?

- C'est ça, me répondit-il avant de me réembrasser.

Durant le chemin jusqu'à chez moi, je n'arrêtais pas de sautiller et de sourire telle une imbécile. Lorsque je regardais des dramas, je ne comprenait jamais pourquoi les protagonistes avaient une pareille attitude lorsque l'on se déclarait à eux. Maintenant, je savais.

Mais mon euphorie disparue aussi qu'elle était arrivée quand j'eu atteint le portail de ma maison. Je savais ce qui m'attendais au moment où je passerai le pas de la porte. Pourtant, je le franchis, fière, le menton levé et les narines dilatées.

Cependant, j'eu à peine ouvert la porte de la maison que ma tante m'agrippa les cheveux et ma traîna violemment jusqu'au salon.

- Pourquoi tu es en retard ? Me demanda-t-elle.

Je ne répondis pas sur le moment, trop occupée à masser mon crâne endolori.

- Réponds-moi jeune fille, me pressa-t-elle, impatiente.

Pendant un instant, je fus tentée de mentir mais la vérité jailli de ma bouche sans que je ne puisse intervenir.

- J'étais à la plage avec mon ami.

A peine eu-je terminé de parler qu'une gifle fulgurante s'abattit sur ma joue. J'en fus surprise. Honnêtement, ce n'était pas la première fois que cela m'arrivait. Mais celle-ci, elle était particulièrement haineuse. J'observais le visage de ma tante avec attention. Il exprimait du mécontentement certes, mais je pouvais y voir aussi beaucoup de dégoût.

- Jeune fille ingrate, cracha-t-elle, je te nourris, te loge et t'habille. Pourquoi est-ce si difficile de me témoigner un minimum de respect ?

- Pardon ? Répondis-je dans un élan d'audace, depuis petite je ne fais que t'obéir. Je travaille à l'école, j'exécute toutes les tâches que te me donne à faire sans ronchonner, je te regarde traiter Du Shik tel un prince alors que je n'ai droit à aucune considération de ta part, je subis et prends sur moi face à tes nombreuses reproches injustifiées. Je ne me plains jamais et tu trouves encore le moyen de me traiter de jeune fille ingrate ? J'ai dix-neuf ans je te rappelle. J'ai l'âge normalement d'avoir des amis, de sortir et de m'amuser ! Cesse donc d'être sur mon dos, ce sera bien mieux pour nous deux.

Je ne lui laissai pas le temps de répliquer que je me précipitai dans ma chambre. Je refermais la porte, le cœur battant la chamade. Je n'avais jamais osé affronter ma tante par peur des représailles. Mais ce soir, je sentais que je pourrais déplacer des montagnes. Au risque d'empirer ma situation.