☆ FIFTH ☆

97 24 5
                                    

J'eus à attendre une bonne trentaine de minutes avant de pouvoir enfin apercevoir la silhouette de Thomas. Il était arrivé en courant, le visage trempé de sueur.

- Qu'est ce qui ce passe, pourquoi es-tu ici à cette heure-ci ? Me demanda-t-il aussitôt qu'il fut près de moi.

- Je t'expliquerai plus tard, pour l'instant j'ai juste besoin d'un endroit sûr où dormir.

Thomas resta un moment à me contempler, incertains. Il répondit enfin :

- D'accord. D'accord, viens chez moi pour l'instant.

Il me pris la main et nous commençâmes à marcher en direction de chez lui. J'étais tellement nerveuse, que j'avais l'impression que mon coeur battant la chamade pouvait s'entendre à des kilomètres. J'avais conscience de la stupidité de la situation. Deux enfants seuls en pleine nuit. D'un côté, il y avait une fugueuse et de l'autre, un garçon qui ne savait même pas ce qu'il se passait.

Lorsque nous fûmes arrivés dans le quartier de Thomas, je pus m'apercevoir qu'il n'y avait que de luxueuses résidences. J'étais loin d'imaginer Thomas dans ce genre d'endroit. Nous nous arrêtâmes devant l'une d'entre elles, qui semblait être la maison de Thomas. Elle était à couper le souffle.

- Home, sweet home. Dis-je à sa vue.

- Merci.

- Wouah, si je savais que tu étais riche, j'aurais été nettement plus agréable avec toi dès le départ. Lançais-je sur le ton de la plaisanterie.

Thomas m'asséna un léger coup de coude et gloussa. Il poussa le petit portillon et se dirigea vers la porte principale de sa maison en toute sérénité. Je commençai à paniquer.

- Thomas, soufflais-je. Tu n'as pas peur de te faire attraper par tes parents ?

Il souri et me répondit :

- Ne t'inquiètes pas. Mes parents sont hors de la ville pour le reste du week-end. Il n'y a aucun risque que nous nous fassions prendre.

Rassurée, je m'approchai enfin vers lui et il me fit entrer chez lui.

- Bienvenue dans mon humble demeure. Dit-il alors, les bras écartés.

J'enlevai mes baskets boueuses pour chausser les chaussons d'intérieur qui étaient disposés à l'entrée. Il étaient doux et confortables.

Thomas me fis asseoir à la cuisine, et pris quelques douceurs à grignoter dans le frigo. Avide, je me jetai dessus. Devant mon attitude, il souri tendrement avant de lui aussi commencer à manger.

- Maintenant, je peux savoir ce qu'il se passe ? Me demanda Thomas.

Je pris le temps d'avaler ce qui était dans ma bouche pour enfin lui raconter mon histoire. À la fin de mon récit, un voile de culpabilité barra son visage. Il se sentait coupable de ce qui m'était arrivé. Il disait combien il était désolé. Il disait que tout ça ne serait pas arrivé s'il ne m'avait pas poussé à aller à la plage.

- Hé, le coupais-je, tu n'y es absolument pour rien. C'est moi qui ai voulu te suivre. S'il te plaît, ne te blâme pas pour rien.

Thomas soupira, sourit et posa sa main chaude sur la mienne.

Nous finîmes la soirée devant la télé avant de nous souhaiter mutuellement bonne nuit.

~

Le lendemain matin je me réveillai la première. J'entrai et restai un moment dans la chambre de Thomas à le contempler dormir avant d'aller prendre mon petit-déjeuner.

Pendant que je mangeais, je m'interrogeais sur ce qu'il allait se passer par la suite. Les parents de Thomas étaient censés revenir le lendemain matin. Et je doutais qu'il accepteraient que leur fils héberge une petit fugueuse. Surtout qu'à l'heure qu'il était, ma tante avait du sûrement avertir les services de polices de ma disparition. Peu importe me dis-je, nous verrons après.

J'entendis à ce moment là Thomas sortir de sa chambre et se diriger vers la salle de bain. Je me levai de mon tabouret pour le rejoindre lorsque j'entendis un bruit sourd suivit d'un gémissement. Je courus jusqu'à la salle de bain pour voir ce qu'il s'était passé. J'ouvris la porte avec fracas et le spectacle qui m'y attendai était terrifiant. Le corp de Thomas gisait, inerte et un liquide écarlate s'échappait du derrière de son crâne. Du sang. Beaucoup de sang. Je tournai les talons et essayai de m'enfuir de la pièce mais mes jambes se dérobèrent à cause de la frayeur. Je réussis néanmoins à me relever tant bien que mal et me précipitai dans la chambre d'amis où j'avais passé la nuit. J'attrapai mon téléphone et composai le numéro des urgences, malgré mes doigts tremblants. Une voix de femme me répondit et j'eus vite fais de lui exposer la situation et de lui donner l'adresse. 

Après avoir raccroché, je me mis à faire les cent pas dans la chambre. J'avais trop peur de retourner dans le salle de bain. Tout ce que j'espérais, c'était qu'il n'était pas mort.

~

Une semaine était passée depuis l'incident. Lorsque les services d'urgences étaient arrivés, j'étais recroquevillée dans un coin de salon les regard vide. Je vis le corp de Thomas recouvert d'un drap, se faire évacuer. Ses parents étaient présent, ainsi que ma tante. J'avais du rentrer chez moi me reposer. Plus tard, la mère de Thomas m'appela. J'appris avec dévastation qu'il était bel et bien mort d'un anévrisme cérébral, ce qui avait causé une hémorragie.

Maintenant, j'étais à l'enterrement. Je l'avais vu une dernière fois avant qu'il ne se fasse incinérer. Durant la cérémonie, mes yeux étaient secs. J'avais passé toute la semaine à pleurer. J'étais perdue, je ne comprenais rien. Il était arrivé dans ma vie, et m'avait donné de la joie, de l'amour. J'avais bravé des interdits pour lui et maintenant, il était parti. La dernière chose que l'on s'était dite, c'était " Bonne nuit, fait de beaux rêves ". Nous n'étions un couple que depuis quelques jours seulement. Et brutalement, il était mort. Comment tout cela avait-il pu m'arriver ?

Mes doigts effleurèrent sa photo et je murmurai un dernier " merci ".

OUR SWEETEST MOMENTSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant