♧ FIRST ♧

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Mes écouteurs dans les oreilles, je passai le portail du lycée. Personne ne me calculait et je ne calculais personne. C'était ainsi depuis le début de ma scolarité. Déjà en maternelle, je me faisais charrier et traiter de baleine. Et les choses avaient empiré à mon entrée au collège. Entre humiliations, insultes, bizutages et j'en passe, mes conditions d'apprentissage étaient pour le moins défavorables. Mes notes avaient dégringolées, ce qui ne faisait que dégrader la relation que j'entretenais avec ma tante, qui était déjà peu enviable. Heureusement, les lycéens étaient un peu plus mature et évitaient de me taquiner. Grâce à cela, j'avais pu me concentrer sur mes cours, et avait atteint un excellent niveau. Il arrivait quelques fois seulement, que quelqu'un me lance une pique désagréable pour attirer l'attention sur lui, mais sans plus. Par contre, dans la rue, nombre d'inconnus ne s'étaient gênés pour se moquer de moi. Pourtant je ne me trouvais pas si grosse que cela, juste un petit peu enrobée. Mais dans une société où si une fille ne rentre pas dans le cadre, elle est d'ores et déjà cataloguée infréquentable, je n'avais aucun espoir.

Je poussai un soupir quand quelqu'un me bouscula.

- Excuse-moi, dit-il.

Surprise, je reculai d'un pas. Jamais personne ne s'était excusé vis-à-vis de moi. L'inconnu continua son chemin me laissant plantée là, ahurie.

~

- Je vous demande d'accueillir chaleureusement votre nouveau camarde, Thomas tu peux entrer !

J'était perdue dans mes pensées en repensant à ce qui m'était arrivé plus tôt, quand ledit Thomas débarqua dans la classe. Je portai mon attention furtivement sur lui avant de replonger dans mes pensées. Ça ne servirait à rien que je m'intéresse à lui dans le cas où il ne voudrait sûrement pas me fréquenter.

- Jeune fille, réveillez-vous !

Je sursautai. Sans m'en rendre contre, je m'étais endormie au milieu du cours. Mr Dureau mon prof, était devant mon pupitre un air sévère sur son visage.

- Emmanuelle, vous êtes un cas désespéré. Vous ne participez à aucun des cours, vous ne cherchez jamais à socialiser ni à vous faire des amis et vous vous permettez de dormir en cours ? Certes, vos résultats scolaire sont excellents mais ce n'est pas tout dans la vie ! Et de plus..., le prof soupira avant de reprendre : Je ne sais même pas pourquoi je me fatigue à vous expliquer cela alors que je sais très bien que c'est une perte de temps et que vous ne m'écouterez pas !

Mr Dureau repartit alors devant son bureau et reprit son cours. Ce fut à mon tour de soupirer. Si seulement il savait. Mais il ne sait rien et moi, je reste seule.

Soudain, morceau de papier chiffonné atterrit sur ma table. Suspicieuse, je l'ouvris avec précaution. Quel imbécile avait assez de temps à perdre pour m'embêter ? Il y était inscrit :

" T'es pathétique ! "

Je froissai le bout de papier et le jetai par terre. Je n'en avais absolument plus rien à faire de ce que les gens pensaient et disaient de ma personne. Je m'étais construite un bouclier en acier trempé que personne ne pouvait ébranler.

~

Durant la pause déjeuner, un événement des plus improbables se produisit. Alors que j'étais dans mon coin en train de manger, une ombre se dressa devant moi. C'était Thomas. Mais que me voulait-il ?

- Tu me fais un peu de place s'il te plaît ?

Interloquée, je ne dis rien me contentant de me pousser afin de le laisser s'asseoir. Un silence pesant s'installa alors.

- Pou... Pourquoi tu veux déjeuner avec moi, bégayai-je à son intention après une certain temps.

- Quoi, me répondit-il, il y a un problème ?

- Je n'ai jamais dit ça...

- Oh, et pourquoi es-tu toujours toutes seule ?

Son attitude, son regard détaché et ses questions commençaient sérieusement à me taper sur le système.

- A ton avis, dit-je dans un brusque accès de colère.

Je me levai précipitamment du banc sur lequel j'étais assise. Je pestai dans ma barbe. Alors quoi ? Je n'avais même pas le droit de manger en paix ? Tout en marchant, je me retournai et croisai le regard de Thomas. Il se détourna aussitôt sans que je puisse décrypter le message de ses yeux.

~

Le lendemain, alors que je passais l'enceinte de l'école, je vis Thomas adossé au portail. Il semblait attendre une personne. L'incident de la veille me revint alors en mémoire et je fis tout mon possible pour l'éviter. Pourtant, il s'approcha de moi et me barra la route.

- Attends, dit-il.

- Que me veux-tu ?, répondis-je avec mépris et agacement.

Et sans lui laisser le temps de parler, je repris :

- Pourquoi sembles-tu décidé à m'embêter ? Pourquoi toi qui viens d'arriver, sembles décidés à me coller au train ? Que cherches-tu, que veux-tu ?

- Juste que l'on soit amis.

OUR SWEETEST MOMENTSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant