Mon intime étranger

3.

"Le premier symptôme de l'amour vrai chez un jeune homme c'est la timidité, chez une jeune fille c'est la hardiesse."

Quand je pars ce matin c'est avec un pressentiment. C'est le genre de chose qu'on sent dès le réveil, que quelque chose va nous arriver sans réellement savoir ce que c'est et si ce sera bénéfique ou non pour l'avenir.

En me réveillant ce matin je l'ai senti, même en prenant mon petit déjeuner je l'ai senti -le plus grave étant que j'ai pris un petit déjeuner-, en me douchant je l'ai senti, en m'habillant et en prenant mes clés avant de partir aussi. C'est comme si quelque chose me suivait sans que je puisse mettre la main dessus.

C'est en arrivant à mon café habituel pour prendre mon café habituel avant de commencer ma journée habituelle de cours, que je comprends pourquoi j'avais ce pressentiment, et pour cause : l'inconnu d'il y a deux semaines est en face de moi.

Il est dos à moi et ne me voit pas, me permettant d'abord de paniquer en me demandant pourquoi le hasard a fait que j'allais finalement le revoir après autant de temps.
Puis, je me laisse aller à regarder son dos, et bordel il en a un beau. Je pensais pas dire ça un jour d'un dos mais franchement même de dos il est sexy. Ses cheveux bruns son totalement ébouriffés, signe qu'il s'est réveillé à la va vite. Bref, clairement je m'égard.

Finalement je décide de faire comme si je ne l'avais pas du tout regardé et attend que quelqu'un se mette derrière lui dans la file pour me faufiler juste derrière. Je ne peux pas m'empêcher de le fixer à la fois avec la crainte qu'il se retourne et me voit, et à la fois avec l'excitation qu'il vienne me parler.

Ce n'est qu'en partant après avoir pris son café et en se retournant pour partir que l'inconnu me voit, moi vu que je le fixe depuis déjà dix minutes je n'arrive même pas à feindre la  surprise mais lui est  étonné de me voir ici.
Et alors que je m'attendais à ce qu'il vienne me parler et essayer de savoir mon prénom, il se gratte la tête et sort du café avec précipitation. Mon égo en prend un coup, j'étais un aussi mauvais coup ou quoi?

Je finis par commander mon café, totalement déboussolée et blessée étrangement. Durant tout mon trajet jusqu'à l'école je me demande à quel moment il a arrêté de vouloir connaitre mon nom, je ne suis donc qu'un coup d'un soir? Mais en même temps c'est pas ce que je voulais?

Je ne sais pas comment réagir à ce qu'il s'est passé précédemment et en arrivant devant mon école j'aperçois Jade et lui dis à peine bonjour, toujours dans mes pensées.

- Et bah putain, t'es un amour toi aujourd'hui !

- La ferme je réfléchis !

A cet instant nos autres amis arrivent, nous faisant la bise mais je reste tout de même stoïque me demandant toujours où est-ce que ça a merdé !

- Mais elle fout quoi là Jade? Demande Sacha, perplexe.

- Non mais laissez, elle "réfléchit" donc on va la laisser là et aller en cours...

- Ahah très drôle Jade, je vous emmerde tous à me juger bande de roturier. Je m'exclame un peu à la manière d'une pièce de théâtre.

Ils se regardent tous -et nous sommes six dans notre petit groupe- et éclatent de rire et se moquent de moi durant de longues minutes avant de me dire :

- T'es la plus pauvre d'entre nous, t'es mignonne... S'exclame Rose.

Rose est la fille qui est douce et calme mais qui a un sacré répondant. Etant blonde, assez petite avec un visage rond, elle parait très gentille et timide. Mais il s'avère que c'est la plus bornée d'entre nous et avec la meilleure repartie.