Ce qu'il s'est passé ce jour là (chapitre 6)

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                       🌼.

***

PDV (Sebastian)

Honnêtement, si je n'avais pas été aussi stupide à cet instant, j'aurais probablement retenu mon maitre et lui aurais avoué que je l'aime.

Malheureusement, j'étais encore trop aveuglé par ma fierté et trop influencé par ma nature de démon. Après tout, si j'avais été à sa place, je n'aurais pas cru un seul instant la parole d'une créature répugnante telle que moi.

Je me suis donc remis au travail sans me préoccuper de mon coeur qui s'affolait et donc je n'avais pas encore compris la raison.

Je me disais que mon maitre allait certainement se calmer et revenir de lui-même.

Stupide.

J'ai attendu une semaine. Je ne l'avais plus vu depuis une semaine entière. Il ne sortait même pas pour manger. Je ne savais pas ce qu'il fichait enfermé dans son grand bureau. Je ne savais pas non plus pourquoi j'avais si.. peur? d'aller le voir. Je pensais qu'il avait juste besoin de temps pour calmer sa petite crise passagère mais là, ça faisait beaucoup trop longtemps. J'allais devenir fou.

Même les domestiques en sont venus à me trouver étrange. Je ne savais plus quoi faire. Même si je passais une grande partie de la journée avec mes tendres chats que je dissimulais soigneusement dans mon placard. Cela ne me calmait pas. J'avais besoin de revoir mon maitre.

Donc, pour la première fois depuis le commencement de ma carrière de majordome, j'ai laissé une tâche inachevée et j'ai accourru jusqu'au bureau de mon maitre. Je n'ai pas attendu un seul instant pour enfoncer la porte et me précipiter à l'intérieur.

À la vue de mon maitre, mon sang ne fit qu'un tour. Il était allongé derrière son bureau, inconscient et aussi pâle qu'un cadavre.

Comment avais-je pu être aussi irrésponsable et ne pas remarquer qu'il n'avait rien mangé ni bu pendant une semaine?

Sans plus attendre, je me suis approché de lui et l'ai soulevé. Il était aussi léger qu'une plume. Je refusais de prendre son âme maintenant et d'après ce que je sentais il y avait encore un peu d'espoir pour qu'il vive.

J'ai passé un long moment à m'occuper de lui, m'arrachant les cheveux au fil des jours. J'étais mort d'inquiêtude si bien que je refusais de le quitter ne serais-ce qu'une seconde. Pourtant, il ne se réveillait pas. j'essayais de lui faire avaler quelque chose qui l'aiderai à le rehydrater mais plus je mettais d'effort et plus je le sentais s'éloigner de moi. Mes pouvoirs demoniaques ne fonctionnaient pas et cela me frustrait de ne pas savoir pourquoi. 

J'étais tellement desespéré mais j'attendais. Assis à son chevet, je ne le quittais pas des yeux.

...

Puis enfin, après plusieurs semaines, je le vis remuer légèrement.

-Monsieur..? Vous m'entendez? S'il vous plait reveillez vous

Je vis cette scène comme au ralentis. Le moment où mon précieux maitre ouvrit lentement ses paupières, me faisant redécouvrir d'un côté un oeil d'un bleu profond, si pure et tellement fascinant. Alors que de l'autre, cet oeil gravé par le pacte qui nous unissait, un violet iréel et démoniaque. Il posa enfin ses yeux sur moi et murmura de sa voix éteinte, cassée.

-Sebastian..

Pour la première fois depuis longtemps, je me senti revivre. Je me permis même un long soupir de soulagement. Je n'avais jamais ressenti cela pour un simple humain. Il faut dire que la vie humaine est si fragile. Il suffit d'un seul instant d'inatention pour perdre cette vie à tout jamais. À la manière d'une bougie, un simple souffle et la flamme s'éteint. Et même si, par chance, ce souffle n'a jamais lieu, la bougie se consummera d'elle même jusqu'à disparaitre sans que personne ne se souvienne de son existance. Voila à quoi ce résume une simple vie humaine. Pourtant, en ce qui concerne mon maitre, je devais bien admettre qu'il était loin d'être un humain ordinaire. Rien que par l'odeur exquise que dégageait son âme qui restait intacte et pure malgré les actes horribles qu'il avait déjà commis. Je me demandais quel était son secret...

J'interrompis brusquement le cour de mes pensées en voyant mon maitre essayer de se relever.

-Maitre s'il vous plait, restez allongé

-Combien de temps ai-je dormi..?

-3 semaines monsieur..

-Quoi..?!? Il faut.. que je reprenne le travail, j'ai pris bien assez de retard comme ça

-Ne vous inquiêtez pas pour cela, monsieur, je m'en suis occupé pendant que je veillais sur vous, pour l'instant vous devez vous reposer

Il baissa la tête, vaincu. Je lui ai apporté un repas léger et m'apprêtait à sortir après m'être légèrement incliné.

-Non attend reste avec moi..

Je me suis tourné vers lui et je dois avouer que cette vision était tout à fait adorable. Mon maitre tendait sa main en ma direction abordant une petite moue boudeuse. S'il avait eu des petites oreilles de chat ainsi que des moustaches, cela ne m'aurait même pas surprit tant il était mignon.

-Bien, monsieur

Je ricanais et m'approchais de lui. Je l'observais manger lentement et grimaçant, ayant perdu l'habitude de se nourrir. Une fois son repas terminé, je me penchais vers lui, une petite idée derrière la tête.

-Monsieur, vous avez quelque chose sur la lèvre

Sans lui laisser le temps de répondre, je léchais tendrement sa lèvre inférieure lui faisant pousser un petit couinement.

-D-Depuis quand te permet-tu de faire ce genre de gestes déplacés?!?

Je souris, me delectant de ses joues pourpres et de son regard implorant. C'est mignon. Sa bouche me dit quelque chose mais son corps en dit une autre.

-Pourtant cela vous a plu n'est-ce pas..?

Il baissa la tête en se mordillant la lèvre. Je me remis alors à ricaner, me doutant de la réponse. Pourtant ce que je n'avais pas prévu, c'est qu'il pose sa petite main sur ma cravatte et tire brusquement dessus, faisant recontrer nos lèvres en un doux baiser.

Pourquoi me fatigais-je encore à lui resister..? Après tout, je n'avais rien à perdre. Je mouvais alors doucement mes lèvres contre les siennes plus petites et plus douces.

-Aime moi et cesse de te moquer de mes sentiments, c'est un ordre

-... Yes, my lord..

Une flamme s'alluma dans son regard. Une lueur que je n'avais pas vu depuis très longtemps. Cet éclat qui transmettait tout l'amour et le désir qu'un humain pouvait ressentir. Je déposa mes lèvres une seconde fois sur les siennes lui promettant la véracité de mes propos.

Oui monsieur, je peux à présent vous le dire, Vous avez réussi le défi.

Pourtant...

...

Quel dommage que votre vie humaine soit si fragile et limitée..

Ce jour làOù les histoires vivent. Découvrez maintenant