Ally
Comme prévu, le lendemain après mes cours, Julian est venu me récupérer à l’école. Installés dans l’habitacle de sa vieille Mini Cooper rouge, qui appartenait autrefois à sa mère, nous sommes en route pour aller à la rencontre de ces chers « Chain truc machin ».
Pendant que le journaliste rentre l’adresse de Capitol Records dans son GPS, un studio d’enregistrement situé près de Madison Square Park, je baisse la vitre de mon côté, parce que les fauteuils empestent la clope et que je déteste l’odeur du tabac froid.
Au fil des minutes, je remarque que mon meilleur ami est raide comme un piquet sur son siège. Ses doigts serrent le volant si fort qu’ils deviennent blancs à cause d’une mauvaise circulation sanguine.
— Détends-toi. Ça va bien se passer, déclaré-je en posant ma main sur sa nuque pour le masser.
Il pousse un long soupir.
— J’espère que tu dis juste…
Je lui tapote l’épaule avant de dévier mon attention sur la route. Moi aussi, je suis stressée, et j’aimerais vraiment que tout se passe bien. Julian est un gros bosseur : il a rampé, il s’est laissé traîner dans la boue, mais il a mené une lutte forcenée pour se relever et décrocher le job qui le faisait rêver depuis l’enfance. Alors oui, il mérite de réussir chaque chose qu’il entreprend.
Je croise les jambes et m’enfonce dans mon siège. Aux vestiaires de l’école, je me suis changée à la vitesse de l’éclair en enfilant mes Converses ainsi qu’une petite robe verte, celle que m’a offerte ma mère à mon dernier anniversaire. Elle sait que j’adore cette couleur, car elle contraste bien avec ma longue chevelure de feu.
Un sourire ourle inconsciemment mes lèvres, tandis que mon regard se perd à travers cette grande avenue rectiligne fourmillant de taxis jaunes et de voies piétonnes bondées. Au milieu des buildings, qui filent à coup sûr le vertige à ceux qui oseraient relever la tête vers le ciel, New York bouge constamment et j’adore ça.
La ville peut paraître intimidante pour ceux qui, comme moi, n’ont pas eu l’habitude de grandir au cœur d’immenses métropoles. Toutefois, je suis loin de me sentir oppressée depuis mon arrivée ici. Au contraire, j’ai réussi à m’adapter en bâtissant de nouveaux repères. Je me suis laissé emporter par le courant de la frénésie si singulière de « Big Apple ». New York nourrit en moi cet espoir d’atteindre mes projets les plus fous, de m’émanciper et de m’envoler au pays de la langue de Molière.
Perdue dans ma rêverie, je reviens à la réalité lorsque Julian gare son véhicule sur une place de parking. Déjà arrivés ? Je détache ma ceinture et m’extirpe de la Mini Cooper. Une fois debout, je plisse par réflexe les pans de ma robe. Pendant ce temps, Julian récupère son sac à dos à l’intérieur du coffre. Il sort sa carte de presse et vérifie que son dictaphone ainsi que son calepin se trouvent bien dans ses affaires.
VOUS LISEZ
Tainted hearts (Tome 1) Publié chez les Éditions Plumes du Web
Roman d'amourÉlève à la section danse de la Juilliard School, un prestigieux conservatoire situé à New York, Ally Owen compte bien atteindre son plus grand objectif : réussir le concours d'entrée pour intégrer le corps de ballet de l'Opéra de Paris. Ambitieuse e...