Élève à la section danse de la Juilliard School, un prestigieux conservatoire situé à New York, Ally Owen compte bien atteindre son plus grand objectif : réussir le concours d'entrée pour intégrer le corps de ballet de l'Opéra de Paris. Ambitieuse e...
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Ally
Assise à une table de la cafétéria de la Juilliard, je mâchouille un morceau de mon sandwich sans grand appétit, tout en surveillant l’écran de mon portable, tristement inactif vu le manque de notifications.
Douze fois.
J’ai essayé douze fois de joindre Julian par téléphone ce matin, mais ce dernier a décidé d’enfouir sa tête dans le sable comme une autruche, déterminé à ne plus me donner signe de vie. Il n’a sans doute pas tourné la page, ce qui a de quoi me miner le moral.
Je pousse un long soupir, puis reprends une bouchée de mon casse-croûte que je trouve de plus en plus fade. Deux jours après l’interview, les remords parasitent toujours mes pensées, la situation commence à me peser.
Oui, je m’en veux à mort d’avoir ruiné son entretien avec les « Chain machin truc ». Mais comment aurais-je pu savoir qu’un gars aussi irrespectueux et psychopathe sur les bords allait être de la partie ?
En plus de m’avoir regardée de travers dès son arrivée, Chester Hanson n’a pas respecté Julian. C’est pour ça que je suis intervenue, parce que je pensais bien faire. Finalement, mettre mon grain de sel a été du suicide, et je reste mortifiée par cette violente aversion qui a éclaté entre nous deux.
Mes poils se hérissent tandis qu’un frisson dévale mon dos au souvenir du rockeur prêt à me fracasser le crâne avec son verre. Tout ce qu’il mérite, c’est un aller simple à l’asile. Ce mec est un taré, et je suis certaine qu’il est du genre à égorger les vaches dans des rituels sataniques.
Entre deux bouchées, je continue de maugréer à voix basse toute ma haine à l’égard de ce démon. Et pour ne rien arranger à ma cause, je me retrouve encore seule à manger. Les tables autour de moi sont pourtant occupées, à croire que déjeuner avec une rousse se révèle un acte de déshonneur.
Quoi qu’il advienne, je ne suis pas là pour me faire des amis. À la manière d’un bon petit soldat, je reste concentrée sur ma ligne directrice. C’est comme ça que j’ai toujours vécu mes années à l’école de danse. Chaque cours, chaque examen, chaque prestation, chaque concours lors de ma formation se présente comme une bataille que je dois à tout prix gagner. Pas le temps de lever le pied.
Du coin de l’œil, je remarque Tiffany et sa bande me jauger avec un air moqueur. Je les ignore, même si leurs messes basses, pas si discrètes que ça, parviennent jusqu’à mes oreilles. Un acte sans doute volontaire dont le but est de me faire vriller.
