pétale premier

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une âme solitaire errait dans un paysage.
perles salées ancrées aux coins de ses miroirs, elle errait lentement.
la mine basse, le teint blafard et le sourire absent, l'âme se cherchait au passage.
mais quelques fois, le vent lui soufflait ces quelques doux mots à qui l'âme du jeune homme répondait, larmoyant.

qui es-tu ? pourquoi pleures-tu ? sèche tes larmes, veux-tu ?

son désespoir déchirait douloureusement ses entrailles à petit feu. sa souffrance était telle, qu'il semblait pouvoir se briser à chaque mouvement.
fébrilement fragile, le gouffre des abîmes lui tendait les bras, mais il n'avait cependant même pas la force nécessaire de s'y laisser tomber.

vent, vent, écoute bien,
je n'suis qu'un moins que rien,
tout autour de moi m'abandonne,
et rien n'pourra changer la donne.
je suis perdu.

l'après-midi, il s'asseyait au pied de ce vieux cerisier. il venait se morfondre parmi ces rideaux de pétales roses.
il s'assoupissait, genoux pliés et tête rentrée, épuisé par la lourde mélancolie qu'il portait.
sans doute, le vieil arbre en avait assez de l'entendre pleurer. qui sait ? mais il le laissait se réfugier au creux de ces solides racines, qu'il voulait douces au contact du jeune homme.
le bon cerisier berçait doucement l'âme meurtrie du jeune homme.

malgré l'affection du bel être végétal, cela ne suffisait pas.
l'âme revenait chaque jour plus amochée de l'intérieur.
chaque jour elle revenait, abattue par la tristesse fatiguée.
l'âme du jeune homme était dans un piteux état.
ses miroirs vides de vie, son cœur refroidi, chaque aujourd'hui est une lourde épreuve à vivre.

longtemps, le vent avait tenté de le faire sourire en lui envoyant quelques chatouilles aériennes mais, en vain.
le cerisier lui laissait admirer ses plus belles fleurs. mais c'était vain, il ne les voyait même pas.
nul n'a pu voir l'ombre d'un sourire.

le pire ne pouvait être pire.
le cerisier et le vent ne savaient que faire.
et l'âme du jeune homme se dégradait lentement au fil du temps.

l'enfant ne se sentait plus vivant,
il attendait que l'on vienne l'emporter.
proche était la fin du printemps,
sa destiné lui était déjà toute tracée.

triste torture,
où la vie n'est qu'une enflure,
tâtonnant pas à pas,
dans un monde où joie n'existe pas.

花見 (Hanami)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant