pétale quatrième

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au pied du cerisier, assistés par le douce brise émise par le vent, ils étaient là chaque après-midi.

poussés par la curiosité, ils se retrouvaient.
sourire aux lèvres contre larmes apparentes, c'était beau.

un après-midi, l'âme de la jeune fille amena un mystérieux baluchon.
intriguée, l'âme du jeune homme observa du haut de ses larmes ce que cela pouvait bien être.

la jeune fille en sortit un service à thé. une fragile théière en porcelaine blanche, ainsi que deux petits bols sur lesquels dansaient de minutieux ornements de la couleur du ciel.
la porcelaine paraissait à la fois si douce, comme le sourire de la jeune fille ; et si fragile, comme le regard du jeune homme.

l'âme masculine parut surprise, mais celle-ci redoubla lorsque la jeune fille se leva.
sa longue chevelure noire dansant au gré du temps, les bras levés, de sa voix chantante elle s'adressa.

cerisier, cerisier, j'ai besoin de toi !
je t'en prie, juste une fois,
puissent tes pétales être miens,
afin de rétablir le bien !

en guise de réponse, le cerisier fit tomber ses plus beaux pétales en une légère grêle rosée. quel magnifique ballet aérien.
plus que reconnaissante, la jeune fille s'inclina longuement avec un respect sans fin, pour remercier le vieux cerisier.
le cerisier, honoré, ordonna à son ami le vent de relever cette sublime âme pure.
alors, le vent, avec la délicatesse de ses embruns la souleva doucement.
les deux amis de la nature furent si émus une seconde fois.

ainsi, de sa démarche dansante, la jeune fille revint, ses fines mains chargées de pétales de cerisier.
face à se spectacle, le jeune homme resta pantois.
jamais tant de beauté ne s'était offerte à lui.

de nouveau assise, la délicate âme féminine fouilla dans le mouchoir blanc qui avait servi de baluchon.
elle en sorti lentement un autre mystérieux objet. c'était une gourde en acier, pas très grande, mais assez pour contenir une certaine quantité de liquide.

doucement, elle disposa le mouchoir en guise de nappe et disposa les petits bols.
et lentement, elle versa l'eau chaude que contenait la gourde dans la théière, puis dans les bols.
une légère vapeur s'échappa doucement mais fut rapidement chassée par le vent.

pas un instant les miroirs de l'âme du jeune homme ne se détachèrent de ce spectacle. ils suivaient ne serait ce qu'un mouvement des faits et gestes de l'âme de la jeune fille.
nullement intimidée, celle-ci poursuivit avec douceur et délicatesse sa préparation.

l'eau chaude versée dans la porcelaine, la jeune fille se munit à présent des roses pétales que lui avait offert le beau cerisier.
et avec la légèreté d'une plume, elle les disposa minutieusement dans les petits bols.

posés sur l'eau, les confettis rosés flottaient et naviguaient majestueusement.
pas un ne coula, pas un ne se déchira.
tous formaient une harmonie d'où émanait un certain bien-être.

bien plus que surpris, le jeune homme demeurait bouche bée.
jamais tant de belles choses s'étaient offertes à lui.
quant au cerisier et au vent, ils ne savaient que dire.
c'était beau. oui, c'était magnifiquement beau.

puis de ses fins doigts gracieux, la belle âme féminine vint doucement rajouter sur chaque breuvage, une fleur de cerisier.
comme pour parfaire cette atmosphère déjà si parfaite, elle voulut en rajouter encore. et ce fut cette touche florale qui combla cette perfectibilité.

le cerisier, le vent, ainsi que le jeune homme restèrent pantois face à tant de minutie.
c'était beau. oui, c'était magnifiquement beau.

et dans un geste empli de grâce, elle tendit un des bols en porcelaine à l'âme masculine.

bois,
cela apaisera tes maux
et ainsi tu renaîtras,
à travers une nouvelle peau !

avait clamé la voix chantante de la jeune fille.

comme hypnotisé, le jeune homme tendit ses mains et vint recueillir le bol de thé tout juste confectionné.
lentement, il porta la porcelaine à ses pâles lèvres sous les miroirs satisfaits de la jeune fille, mais aussi sous ceux obnubilés du cerisier et du vent.

on ne sut jamais ce qu'il se passa, mais lorsqu'il eut fini de boire, il arborait un merveilleux sourire qui éclairait son visage pâle.
jamais l'âme du jeune homme n'avait montré une telle réaction.
jamais ni même le cerisier ou le vent n'avaient eu l'immense privilège d'obtenir une simple démonstration de joie.

pourtant, cet après-midi, il sourit, dévoilant de magnifique dents blanches qui contrastaient avec sa peau aussi blanche que la porcelaine du service à thé.
ses miroirs souriaient à l'unisson avec lui : il avait trouvé la vie.

il avait meilleure mine, il paraissait revigoré. il vivait à présent. pleinement.

il embellit,
forge une vie,
il n'a plus à souffrir,
maintenant qu'il a appris à sourire.

花見 (Hanami)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant