pétale deuxième

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un après-midi où l'âme du jeune était en péril au pied du cerisier, quelque chose d'inhabituel arriva.
un évènement troubla la pleurnichade quotidienne de l'âme brisée du jeune homme.

surpris fut le cerisier, quand il vit s'avancer une nouvelle âme.

cette âme n'était pas brisée, contrairement à celle du jeune homme.
celle-là était d'une douceur incomparable. ses battements de cœur étaient en harmonie avec son sourire éclatant. ses vifs miroirs emprunts de joie pétillaient de malice, et mettaient en exergue sa si légère gestuelle, que l'on aurait dit un oiseau.
l'âme de la jeune femme vivait bel et bien, bien plus que rayonnante, elle respirait le bonheur.

le cerisier fut ému d'une telle présence, lui qui était habitué à la monotonie de l'âme du jeune homme.
quant au vent, sa fierté était sans fin, c'était lui qui avait amené cette si jolie âme : à la douceur de ses embruns, il avait guidé ses pas vers son majestueux ami l'arbre, où règnait si lourdement la tristesse de l'âme déchirée du jeune homme.

le sourire étirant ses petites lèvres rose pétale, elle se dirigeait majesteusement sans prétention, en direction de l'âme torturée du jeune homme.
toujours aussi surpris mais fou de joie, le vieux cerisier ne croyait en rien de ce qu'il se passait. était-ce irréel ? qu'amenait cette sublime âme ?
tant de mystérieuses interrogations tourmentaient l'esprit du vieil arbre.
sans plus attendre, il ouvrit ses voiles de pétales roses à la jeune fille, qui fit son apparition derrière ceux-ci.
le vent avait participé en créant une légère brise, faisant doucement virvoleter la chevelure de la jeune fille.

le jeune homme ne put assister à ce si beau spectacle. fatigué de s'être vidé de ses larmes, il s'était endormi au creux des racines du vieil arbre.
alors ainsi, pour la première fois, le cerisier fit ses racines si dures et solides, qu'on aurait dit de la pierre. de son côté, le vent lui envoya un violente bourrasque dans la figure.

sot, réveille-toi,
et regarde qui va là !

crièrent en chœur l'arbre et le vent.

le jeune se réveilla en sursaut. jamais ses amis ne lui avaient infligé cela. que se passait-il ?
pour toute réponse, il vit le visage resplendissant de la jeune fille.
elle souriait ; lui avait les miroirs écarquillés.
un parallèle dans un paysage des plus magnifiques, avec pour témoins le cerisier et le vent d'une atmosphère féerique.

ainsi arriva, le bonheur à grand pas,
de sa splendeur, émanait cette douceur,
va-t'en tristesse, et laisse place à sagesse.

花見 (Hanami)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant