chère moi d'il y a cinq ans

61 6 1
                                    

demain, j'aurai terminé mon secondaire cinq. j'enfilerai mon uniforme scolaire très laid pour la dernière fois, mes parents s'assureront que j'arrive pas en retard à l'école pour la dernière fois, ma meilleure amie me dira bonjour en arrivant aux casiers, en retard, pour la dernière fois. 

demain j'aurai plus d'obligation envers le collège. il me restera juste à enfiler une toge et récupérer un faux diplôme devant ma famille et celles des autres élèves, puis peut-être aller au bal si j'ai pas, à ce moment, perdu l'envie d'y assister, puis j'aurai terminé.

c'est fou. toute l'année, j'ai compté les jours. de 280 à 0, ça m'semblait énorme! je voulais juste partir au plus vite,  laisser tout ça dernière moi. reste que cette année, j'me suis fait plus de vrais amis que j'm'en suis fait dans toute ma vie. j'ai grandi plus c't'année que j'ai grandi pendant 17 ans. j'dois dire que j'ai embelli, durant mon secondaire. oui, c'est poche, j'ai l'air de me vanter, mais crime, j'le sais que j'suis devenue quelqu'un de bien. physiquement, oui (j'ai laissé faire le toupet carré, j'ai fait allongé mes cheveux, je les ai coupé plus court encore, j'me suis mis des lunettes dans face pour cacher mes grosses joues pis mes dents sont devenues droite - si c'est pas un glow up, dites moi ce que c'est), mais caline que maintenant j'suis fière de moi. 

ça sert à rien de pas avoir confiance en soi. j'aurais dû dire ça à la moi de secondaire un. j'ai juste commencé cette année à me sentir belle, pas juste à l'extérieur, à l'intérieur aussi! j'ai commencé à marcher droit, à redresser mon dos pis à avoir une démarche plus assurée, pis ça parait pas, mais ça aide pour vrai. pis aussi, mes grosses cuisses, mes grosses joues, mes p'tits seins pis ma p'tite bedaine, ben ils existent pis c'est bien aussi. j'vais pas m'excuser d'exister comme je suis. maintenant je me regarde dans le miroir pis je suis belle! pas parce que je correspond aux standards de beauté, mais parce que je correspond à mes standards à moi! j'ai des belles jambes, elles sont musclées pis je les aime de même. mes joues? elles sont a d o r a b l e s. mes p'tits seins? that's it, pas besoin de porter de brassières si j'veux pas! ma p'tite bedaine? littéralement tout le monde en a une! j'ai pas à être belle dans les yeux de quelqu'un d'autre pour m'aimer! être belle pour moi-même c'est ben assez! les miroirs, ils déterminent seulement de quelle couleur sont tes cheveux ou tes yeux, ou bien si tes souliers vont bien avec ta robe. ils disent pas que t'es jolie ou pas, ça c'est à toi de le déterminer. (pis spoiler alert: tu l'es)

surtout que ton physique a aucun lien avec ce que tu es. la preuve, c'est que j'ai tendance à penser que plus les gens sont gentils et chaleureux, plus ils sont beaux, et non le contraire. 

en tout cas, tout ça pour dire que j'me suis améliorée cette année. j'ai beaucoup plus d'amis maintenant, certains que j'reverrai pu, mais certains qui me font demander comment j'ai pu survivre sans eux pendant presque 17 ans. j'ai tellement de chance d'avoir été assez brave pour m'impliquer pis être moi-même. t'sais, moi-de-secondaire-1, t'as pas à rire des choses que tu trouves pas drôle. t'as le droit de le dire si t'es pas d'accord, t'as le droit de poser des questions, t'as le droit de trouver quelque chose stupide, pis s'il-te-plait, abandonne jamais ceux qui t'aiment pour vrai. pis si tu veux plus faire quelque chose, arrête. fais-le pas pour les autres. 

je crois qu'autant que j'ai détesté mon secondaire la majeure partie du temps, j'vais inévitablement l'idéaliser. j'vais m'en ennuyer un peu. j'ai beau me dire aujourd'hui que jamais je l'recommencerais, c'est clair que dans quinze ans, c'est moi qui vais dire aux jeunes "profitez-en, ça passe tellement vite", même si c'est absolument faux. selon moi, c'est l'instinct de survie qui nous pousse à rendre ça plus beau dans nos souvenirs. ça rend la vie plus belle. comme si on l'avait pas vécue pour rien. 

j'ai tellement hâte au cégep, on dirait que plus j'y pense, moins j'idéalise mon secondaire un peu médiocre où j'ai passé quatre ans à rien faire, à pas avoir de vrais amis, à me sentir poche, à m'ennuyer pendant les cours pis à rire de choses pas drôles. je sais que j'vais plus fitter là-bas, dans la grande ville. passer de la campagne à montréal, c'est quelque chose pareil. pis autant j'aime pas tant mon trop petit village où y a jamais rien qui se passe, autant je sais que dans quinze ans, quand ça fera longtemps que j'aurai quitté ma demeure, j'vais me dire que j'étais donc bien alors que ça aussi c'est faux. ça fait partie de la vie, j'imagine. 

reste que le secondaire, ça m'a donné plein d'outils. je sais plus qui je suis mais je sais que c'est pas grave si je connais pas 100% des éléments qui font que je suis moi. (ce qui est une nette amélioration depuis cinq ans) en ce moment, je veux juste voyager pis aider les gens. c'est mes projets d'avenir, pis même si c'est flou, c'est parfait. je sais aussi que je suis une bonne personne. j'ai de l'empathie, j'ai de l'écoute pis je suis une personne de confiance. je me vante pas en disant ça, je le sais, c'est tout. faut ben savoir ses forces. (faut aussi savoir ses faiblesses: j'suis têtue, désorganisée, j'oublie tout, j'suis la personne la plus indécise sur terre pis je connais pas mes limites. on peut pas être parfait, hein) pis aussi, maintenant je sais que j'ai des bons gouts musicaux, ce qui n'était pas le cas en secondaire un. et j'm'assume plus aussi. par exemple j'aime les gars et les filles et ceux entre les deux. je veux l'annoncer aux gens que j'aime cette année parce que je veux être moi-même en tout temps. pis d'ailleurs, je veux dire aux gens que j'aime que je les aime parce que c'est tellement important.

bref le secondaire c'était un mauvais moment à passer. mais il m'a tellement mis de belles personnes sur ma route. merci à lau d'avoir été là depuis toujours pis d'avoir philosophé avec moi sous les étoiles quand j'en avais besoin. merci à au d'avoir été une personne fantastique quand je me sentais poche pis que je trouvais pu le bonheur nulle part. merci à clem d'avoir de merveilleux goûts musicaux pis d'avoir une force tranquille incroyable. merci à ana d'exister pis de me faire rire tout le temps pis de pleurer avec moi. merci à jo d'avoir été un être formidable, trop tard dans ma vie. merci à nat d'être un peu cave des fois. merci à jay d'avoir été un gars que j'ai aimé toujours un peu en cachette, ça m'a aidé à rendre les matins moins difficiles des fois. merci à mo d'être drôle pis de toujours m'aider, autant en maths qu'en problèmes émotifs. merci à seb, m. t et mau d'avoir été importants quand ça comptait. j'vous aime tous. 

épavesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant