Chapitre II deuxième partie : les Kulans

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Peur. Excitation. Angoisse. Léthargie. Explosion. Une véritable succession de sentiments avait déferlé en moi depuis mon enlèvement. Peut-être devenais-je folle finalement ?


Cela faisait à présent plusieurs heures que je m'étais réveillée, pourtant, aucun des deux hommes n'avaient pour le moment répondu à mes interrogations, ce qui me mettait hors de moi. Lorsque Zashai, le seul s'étant présenté pour l'instant, avait tenté de me rassurer ce matin, je n'avais pu m'empêcher de lui lancer un regard glacial et de détourner la tête. Il m'agaçait à me répéter que lui et son ami ne me voulaient aucun mal !


Pourtant, je n'arrivais pas à les détester. Je voyais à leurs comportements, notamment à celui du plus costaud, qu'ils me protégeaient. À aucun moment, ils ne m'avaient violenté, ils étaient même étrangement doux avec moi, s'assurant que je ne manquais de rien et s'inquiétant de mon bien-être. Comme si j'étais quelqu'un d'important. Néanmoins, je me devais de rester sur mes gardes, peut-être allaient-ils me torturer plus tard, ou me violer ? Suite à cette pensée je me mis à trembler comme une feuille.


Je devais me calmer, pourtant je ne cessais de penser à ce qu'ils avaient l'intention de me faire et d'imaginer des scénarios d'évasions ; même si je savais que fuir était une folie. En effet, je ne savais même pas où j'étais et je n'avais vu personnes à l'horizon. Tout était désert, seul notre campement se trouvait dressé sur des kilomètres. Plus le temps passait, et plus j'avais l'intime conviction que je devais rester avec les deux hommes. Sans que je ne sache pourquoi, je sentais qu'ils étaient ma seule chance de revoir Paris un jour, et donc de rentrer chez moi au plus vite.


C'est alors que Zashai s'avança vers moi, coupant net ma réflexion.


— Je vois que tu es en colère, des éclairs brillent dans tes yeux. Mais n'aie crainte, nous répondrons à toutes tes questions en chemin. Pour le moment, nous allons chacun prendre un kulan et nous diriger vers Hattusa, la cité aux lions. Nous y serons demain dans la matinée si tout va bien, dévoila mon kidnappeur avec sérieux.


Un kulan ? Je le regardais, surprise et ne comprenant pas ce dont il parlait lorsqu'il prit la direction de la forêt d'un pas décidé et disparu dans des broussailles. Quelques secondes plus tard, il réapparut tenant à la main grâce à des licols trois ânes. Particulièrement beaux, ils avaient fières allures avec leurs poils brillants. Des tapis colorés recouvraient leurs dos et leurs flancs.


Le deuxième homme, dont le nom m'était encore inconnu, installa grâce à des lanières de cuir attachées sur les côtés, des paniers en osiers contenant de la nourriture ainsi qu'une grande marmite. Avant de partir, il prit sa gourde et aspergea d'eau le feu qui crépitait. Une fumée ainsi qu'une odeur entêtante s'en dégagea. Une fois le campement complètement vidé et leurs affaires rassemblées, nous pûmes nous mettre en route chacun chevauchant un kulan. Je les suivi sans rechigner, il aurait pu être dangereux de les contrarier. J'ignorais encore comment ils pouvaient réagir.


Le silence était lourd et mon besoin de réponse de plus en plus obsédant. Je ne cessais de caresser le poil rêche de ma monture dont une odeur âcre se dégageait. Cela m'apaisa rapidement.


N'osant pas parler la première, je me mis à les observer furtivement.


Qadesh ou la bataille pour la paixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant