Chapitre 3 | Ombre

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Violet fait volte-face. Il n'y avait rien, personne, juste les cartons de son frère.

- A qui tu parlais ?

Elle entend un claquement de porte dans son dos et se tourne : Tate était parti. Elle hausse les épaules et commence à déplacer les cartons dans un coin.

La porte se rouvre soudain sur John qui apparait en criant :

- NON, NON, NOOOON, STOP ! J'avais oublié !! J'vais ranger tout ça, t'as qu'à regarder la télé !

Violet repose le tout avec un sourire et redescend. En traversant le couloir, elle entend un bruit de trousse qui s'ouvre, un soupir et une inspiration profonde. Les portes étaient toutes fermées sauf celle de la salle de bain qui était entrebâillée. Elle passe la tête et découvre Tate une lame à la main, du sang coulant le long de son avant-bras.

- Si tu veux mourir, fais-le à la verticale : ils pourront pas arrêter l'hémorragie, commente-t-elle avant de repartir.

Elle retourne dans les escaliers et les descend jusqu'au rez-de-chaussée. Elle y reste une dizaine de minutes, le bruit de la télé ne cachant pas celui de son frère transportant tout jusqu'à sa chambre. Il revient enfin et lui dit, exténué :

-C'est bon, c'est vide. Je te laisse t'installer. J'ai trouvé un lit derrière mes... affaires, je ne sais même pas qui l'y a mis.

De retour dans le grenier qui a pris une allure plus habituelle, Violet entreprend de sortir ses affaires. Puis, elle se traine jusqu'au vieux lit installé au fond de la pièce et s'y laisse tomber, sans énergie.

Mais qu'on la laisse dormir ... C'est tout ce qu'elle souhaite. Un peu de silence. Que cette vieille maison arrête de craquer de partout, avec ses tuyaux abîmés, ses planches qui grincent et ses volets qui tapent. Tout ce bruit ... Comme si elle n'est pas seule dans le grenier.
Violet se retourne dans son lit, les bras pressés autour de l'oreiller.

Mais le tapage devient plus persistant encore. Et aux autres sons s'est rajouté celui de quelqu'un qui marche, dans la pièce, vers elle. Des bruits de pas trop pesants pour être ceux de Tate ou de John. Des bruits de pas de quelqu'un de grand, bien plus grand qu'elle.

Elle ouvre brusquement les yeux.

Le plafond brun au-dessus d'elle, ses vieilles poutres, la lumière jaune de l'ampoule. Rien de plus que son imagination, et une maison encore mal connue. Pas de raison d'avoir peur.

Une forme sombre, presque sans consistance, comme vaporeuse, surgie alors devant elle. Violet sent son cri mourir quelque part dans sa poitrine. La silhouette se fend en son milieu et s'étire vers le haut, comme un sourire. Puis deux yeux apparaissent tandis que le sommet de l'ombre s'effiloche comme des cheveux. Ils restent un instant tous deux immobiles, leurs visages séparés par un mètre de vide. Celui tendu par le peur de Violet, et celui impalpable et presque inexistant de la chose. Jusqu'à ce que la jeune fille ouvre la bouche pour crier.

Alors, le visage fond brusquement vers elle, emplissant tout son champ de vision. Et juste quand il va l'atteindre, disparaît.

Can you change me ? [Version française]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant