-XIII-

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Huffman — À quoi, tu penses ?
Huffman et sa coéquipière discutaient devant le distributeur de boissons.
Chandler — Reprenons nos vieilles habitudes...
Huffman — C'est-à-dire ? 
Chandler — Je suis le méchant flic et toi le gentil. 
Huffman — Tu penses que ça donnera quelque chose ?
Chandler — Je ne sais pas. 
Huffman — Allons-y alors.
Chandler — Va dans son sens. Dis-lui que tu la comprends... Que tu feras tout pour
l'aider...

Le téléphone d'Huffman sonna. 
Huffman — Huffman, j'écoute... Hum... Oui. Entendu... Il n'y a pas de soucis. 
Chandler — Que se passe-t-il ? 
Huffman — L'avion des parents de Laureen a pris du retard. Ils arriveront tard ce soir. 
Chandler — Très bien. Descends la voir et moi, je reste ici en essayant de trouver d'autres pistes. 

Il la quitta.  Il monta dans l'ascenseur et sans savoir pourquoi il repensa à son passé.  Qu'est-ce qui l'avait poussé à travailler dans les forces de l'ordre ?  Alors qu'il était âgé d'à peine dix ans, il a vu sa mère se faire tuer sous ses yeux. Il s'est juré que plus jamais il ne laisserait un crime impuni. Et depuis cinq ans, il travaillait comme un forcené pour que la vérité puisse toujours triompher. Avait-il réussi ? Peut-être bien que oui, peut-être bien que non... Les portes s'ouvrirent.  Il toqua à la porte de Laureen.
Laureen — Inspecteur Huffman...
Huffman — On peut discuter ?
Laureen — Si vous êtes ici pour m'accuser de quelque chose que je n'ai pas fait, ce...
Huffman — Je m'excuse pour ma coéquipière.
Laureen — Ce n'est pas vous qui m'avez offensé.
Huffman — C'est pour cela que je m'excuse pour elle.
Laureen — Que me voulez-vous ?
Huffman — Vos amis vous manquent ?
Laureen — Ils étaient ma famille...
Huffman — Et aujourd'hui, ils ne sont plus là.
Elle regarda ailleurs. Il s'approcha et s'assit sur une chaise qui se trouvait à côté du lit.
Huffman — Aidez-moi Laureen.
Laureen —À quoi ?
Huffman — Celui qui a fait ça doit payer. La justice est là et elle fera son travail.
Laureen — Où sont mes parents ?
Huffman — Leur avion a du retard, mais ils arriveront. Racontez-moi.
Laureen — Que voulez-vous savoir ?
Huffman — Décrivez-moi vos amis. Elle s'enfonça dans le lit et ferma les yeux.
Laureen — Il y a Eric...
Une larme coula.
Laureen — Eric était le petit intello. Il nous aidait toujours pour nos contrôles. Il était gentil, attentionné, patient mais...
Huffman — Mais ?
Laureen — Il était faible et sensible et naïf...
Huffman — Pourquoi dites-vous ça ?
Laureen — Il y avait aussi... Diego. C'était le beau gosse de la bande. Toujours prêt à faire le play-boy. Capitaine de l'équipe de foot. Il a toujours eu ce qu'il voulait. Il était froid, impassible. Mais sous cette dureté, se cachait un cœur tendre. Cara... Elle et moi étions comme deux sœurs. Elle me protégeait et je la protégeais. On s'était jurée de ne jamais se laisser tomber.
Huffman — Sarah ?
Laureen — C'était la petite de la troupe. En réalité, je ne la connaissais pas vraiment...
Huffman — Et vous ?
Laureen — Quoi, moi ?
Huffman — Comment vous décririez-vous ?
Laureen — Je ne sais pas... La question serait plutôt ; Est-ce que je mérite d'être en vie ?
Huffman — Si vous êtes en vie, ce n'est pas pour rien. Vous devez être reconnaissante envers la vie.
Laureen — Je le suis...

Ils se regardèrent durant un long moment.

Elle finit par rompre le silence.
Laureen — Vous allez me rapporter l'horloge ?
Huffman — Vous n'en avez pas besoin...
Laureen — Pourquoi est-ce qu'elle l'a prise ?
Huffman — Elle pensait que vous vous moquiez d'elle.
Elle resta dans le silence.
Huffman — Quel est votre plus triste souvenir ?
Laureen — Lorsque j'ai dit au revoir à ma mère.
Huffman — Dans très peu de temps, vous la reverrez.
Laureen — Voilà qui est rassurant.

Il quitta la pièce. Et alla voir un des docteurs qui était en charge de la patiente.
Huffman — Que pouvez-vous me dire de la patiente de la chambre 203 ?
Docteur — Selon les analyses, la demoiselle est en bonne santé.
Huffman — Aucune commotion ? Égratignure ? Rien de cassé ?
Docteur — Elle n'a rien. Il est vrai que lorsqu'on l'a amené ici, elle était maculée de sang... Mais tout porte à croire que ce n'était pas le sien.

Il remonta au vingtième étage et poussa un long soupir.
Huffman — Je crois que tu as raison.
Chandler — À propos de ?
Huffman — Aucune égratignure, pas une plaie aussi minime soit-elle.
Chandler — On est d'accord... c'est une menteuse.
Huffman — Il faut la démasquer.
Chandler — On n'a rien. Et elle le sait...
Huffman — Elle m'a demandé l'horloge...
Chandler — Mais qu'est-ce qu'elle en a à foutre de ce truc ? 
Huffman — Bonne question...

Le jeu : Amis à en mourir ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant