à tous ceux qui sont encore en vie.
un message que je dédie à ma famille et ceux qui daigneront perdre leur temps à lire les mots que je vais laisser ici.
d'ailleurs, si c'est le cas et que vous lisez toutes les petites spirales à l'encre sur cette feuille; félicitations, je suis mort. mais ne vous blâmez pas aussitôt, ce n'est pas - entièrement - votre faute.
non, c'est bien la mienne. c'est ma seule et unique faute si peut-être qu'actuellement vous êtes en larmes. ou aux anges, après tout je ne vous ai rien apporté de bon dans votre vie. j'étais un aimant à problèmes, un boulet; je n'ai suscité que les pleurs, l'inquiétude, l'angoisse, la colère, je n'ai été qu'une perte de temps, d'argent. je ne valais rien, pourquoi diable fallait-il que vous vous souciiez de moi? j'ai été inutile, irresponsable, égoïste, faible, fuyard, incapable de surmonter une quelconque difficulté, de faire face à mes problèmes, une erreur qui ne fait que des erreurs, et aujourd'hui, je suis lâche. et hier, j'ai mis fin à mes jours.
je sais que si vous lisez ce que j'ai écrit, c'est que vous voulez un minimum connaître ma vie pathétique, ou du moins "comprendre" ce qui m'a poussé à passer à l'acte. eh ben, pour être franc, je sais pas. peut-être que c'est rien, ou tout, ou vous, ou moi. je ne sais plus. je n'ai jamais su de toute manière. personne n'a jamais su, personne ne saura jamais, ni même moi. je me suis buté avant de comprendre moi-même quelle était la raison de mon acte. je suis vraiment débile.
je suis tellement débile que même si j'en avais besoin, je n'ai jamais essayé à demander de l'aide. oui, j'avais besoin d'aide. ou je n'en avais pas besoin, mais j'étais tellement imbu de moi-même que je la demandais indirectement, même si je ne la méritais pas. dans le fond, qu'est-ce que je mérite? rien. pas même la vie, pas même la mort; peut-être une douleur éternelle qui avait déjà bien pris place dans ma vie. je la voulais, cette douleur. j'en avais besoin, je devais me l'infliger pour que celle qui avait pris possession de mon esprit se calme, pour que vous voyiez ce qui se passait dans ma tête.
et dans ma tête, c'était jamais le néant. c'était toujours autre chose. ça grouillait dans mon âme, ça ne dormait jamais. et la nuit, c'était pire. c'était à ces moments là que cette nuée noire se manifestait le plus; c'était là qu'elle hurlait à quel point j'étais nul, moche, jamais bien pour personne, source de malheur, moins bien que les autres, un loser, un monstre, qui ne méritait que de pourrir en enfer. alors je chialais toute la nuit. et je me mutilais le bras. je voulais ressentir ces picotements qui me rappelaient à quel point je méritais cette peine qui m'incombait, cette souffrance que je m'affligeais.
et c'était à ces moments là que je me sentais seul au monde. seul dans ma tête, sans personne pour comprendre ce qui défilait à l'intérieur. je me sentais désespéré, abandonné, oublié; tout le monde vivait autour de moi, et moi, je me noyais. et pourtant, dès que le lendemain se pointait, j'arborais cette expression neutre que je traîne avec moi depuis des années. des faux sourires, des faux rires, mais les larmes aux yeux; des fois, je craquais. à la maison, après une dispute, avant de m'endormir, ou en cours.
et dieu que je détestais les cours. le lycée, les profs, les notes, les camarades; tout ce qui me rappelait à quel point je n'avais aucune signification. je me haïssais de ne savoir surmonter aucune difficulté, de ne pas connaître la joie de vivre, de ne savoir rien faire. je me haïssais. et plus j'y pensais, plus je sombrais. chaque jour de cours était un pas de plus vers mon destin funeste. chaque jour, je voulais m'enfuir un peu plus. de tout. fuir le lycée, fuir la réalité, fuir la vie, me fuir moi-même. et pourtant, tout allait bien. tout allait toujours bien. je m'étais tué pour porter un masque, un faux moi, insensible et heureux, qui peut-être pouvait vivre à ma place. sans ce masque, je n'étais plus rien. j'ai tenté de me définir comme ce masque, comme si ça pouvait être celui que j'étais, mais ça n'a jamais marché. je le portais avec habileté mais jamais je n'ai su me l'approprier, penser positivement, vivre.
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𝐬𝐞𝐮𝐥「 terminée.
General Fiction___ un garçon qui agonise en silence et un poison qu'il ne peut que consumer; même s'il lui brûle la trachée et lui déchire les poumons; mais surtout, qui ronge son âme et mutile son coeur. © JAIRAEL / janvier 2018-juin 2018.