Prologue

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Il y avait une phrase, qui était répétée sans cesse. Une phrase que nous apprenions dès notre naissance. Une phrase qui nous suivait toute notre vie jusqu'à la fin.

Cette phrase décrivait notre monde, la façon dont nous vivions. Nous ne pensions plus que par elle. La peur, la crainte, la tristesse, c'est cette phrase qui nous l'avait fait connaître.

Fermez vos portes, fermez vos yeux pour que dehors ils vous épargnent.

Très jeune on nous avait appris le sens de cette phrase pour que jamais nous ne l'oubliions. Nous vivions enfermés dans des villages, des villes, des capitales complètement séparés de la nature. Ou plutôt comme ils disaient : de dehors.

C'était dehors qu'elles se cachaient. Toutes ces créatures qui rodaient autour de nos baraquements, attendant le moindre instant de faiblesse de notre part pour dévorer le premier innocent venu.

Dès notre plus jeune âge on nous racontait d'horribles histoires sur ces monstres.

Chaque année, dans chaque baraquement avait lieu une exécution. Elle redonnait courage aux plus vieux et donnait confiance aux plus jeunes. Mais on voyait bien dans leurs yeux que les hommes de pouvoir ne faisaient ça que dans le but se voir le sang couler. Pour se sentir puissant.

C'est à huit ans qu'on nous conduisait pour la première fois sur la place principale pour regarder de nos propres yeux cette créature mourir devant nous. Puis chaque année qui s'en suit le même spectacle se produisait.

Je me souviens il y neuf ans, pour la première fois on m'a conduit sur cette place. Ma mère tenait ma petite main tremblante dans la sienne. La vue du sang m'a toujours répugnée mais ce spectacle était malheureusement obligatoire. Je les ai vu apporter cette bête devant nous. Enchaînée, muselée et blessée.

Elle nous regardait comme si elle savait ce qui l'attendait. Je me souviens de ses yeux bleu nuit qu'elle posait sur la foule en face d'elle.

J'étais à la fois terrifiée et émerveillée. On nous avait tant parlé de ces créatures de la nuit comme des monstres pénétrant les maisons des vieilles ou dévorant les enfants au berceau. On nous montrait une image d'eux tellement affreuse que la population craignait la nuit et les bruissements de feuilles.

La créature s'était avancée avec fierté acceptant son destin. Le bourreau avait levé sa hache et mes yeux avaient croisés ceux de l'animal.

Doux.

La hache s'était abattue. La foule avait applaudit.

The Rule - Parmis les loupsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant