Règle n°15 Prendre des coups

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Une expression de terreur se peignit sur mon visage et je reculai tremblante, ce qui incita mon ennemi à passer à l'attaque. Je fus projetée au sol alors que le sang s'échappait à flot de mon flanc. Une douleur immense me compressait les côtes et m'empêchait de respirer correctement et elle se répandit comme une décharge dans tout mon corps. L'air se bloqua dans ma cage thoracique et une pression énorme empêchait mes poumons de se gonfler. Ma vision se brouilla sans que je puisse me relever et mes mains couvertes de sang reposait sur la plaie béante qui relâchait à chaque seconde un nouveau flot de sang.

J'avais été projetée à quelques mètres à peine des deux louveteaux mais la distance qui me séparait d'eux me semblait beaucoup trop grande à franchir dans ma situation. Il avaient perdu leur calme et s'affolaient, s'époumonant jusqu'à avoir la gorge sèche à force de grogner et d'aboyer de désespoir. L'énorme monstre avait déjà les poils de son museau séchés par mon sang et la bave qui coulait de sa gueule lui donnait un air de fou. Il s'approchait doucement, observant la réaction que produisait chacun de ses pas sur ces microbes apeurés. Leurs petites pattes tremblantes étaient au bord de la rive, à deux doigts de tomber.

"Merde, merde !" pensais-je en serrant les poings et en raclant la terre. Je me relevai difficilement sur le coude. Ce simple mouvement m'envoya une nouvelle décharge dans tout le corps et me coupa le souffle pendant plusieurs secondes. Une fois ma respiration redevenue normale je focalisai mon attention sur la scène qui se déroulait devant moi. Mes yeux se fermaient tout seuls à intervalle régulier mais je faisais tout pour que ma vision ne se trouble pas. Alors que j'étais sur le point de ramener mes jambes sur moi, l'une des boule blanche bondit sur le côté pour attirer l'attention de son adversaire mais son corps encore fragile et incontrôlable ne lui permit pas d'éviter les crocs tranchants du monstre. Dans un craquement sinistre qui pénétra mes oreilles, je vis la moitié de son corps disparaître dans dans cette gueule. Un mélange répugnant de bave et de sang coula de ses membres écrasés pour finir mélangé à la poussière qui recouvrait le sol.

Quelques morceaux de chairs tombèrent en même temps que ce mélange morbide. Le deuxième, terrifié par ce spectacle tomba sur le ventre. Toute force avait quitté son corps et il ne pouvait rien faire d'autre que de rester là dans une posture pathétique de soumission. L'odeur cuivrée du sang emplissait mes narines comme un poison mais quand je compris que le deuxième allait y passer si je ne faisais rien, mon corps se mit à bouger sous l'effet de l'adrénaline. Toute douleur disparut pendant un instant. Mon esprit ne me répondit plus lorsque je plongeai sur cette abomination qui se tenait à une foulée de moi. Les larmes débordaient de mes yeux sans s'arrêter et sans explications. Autour il n'y avait que du sang. Partout. L'herbe grasse, verte il y a quelques instants était maintenant couverte de chair, de sang et n'avait plus rien d'envieux. Dans un effort ultime de survit, je contractai les muscles douloureux de mes jambes et bondis tête baissée vers son flanc découvert. Il ne me vit pas à temps ; troublé pour l'odeur du sang qui brouillait ses sens.

Le choc se produisit en un instant. J'entendis un craquement. Était-ce le mien ? Le sien ? Ça n'avait pas d'importance. Nos deux corps plongèrent dans l'eau et furent submergés en moins de quelques secondes. Un mince ruban de sang se déroulait derrière moi alors que je nageais énergiquement vers la bête qui se débattait. Elle voulait regagner la surface mais je me retournai rapidement et le fis avant elle. J'avais quelques secondes d'avance qui me permirent de reprendre ma respiration avant de replonger. Le loup blanc battait frénétiquement des pattes mais son corps trop lourd l'empêchait d'aller aussi vite qu'il l'espérait. Je parvins à sa hauteur et sans perdre de temps appuyai mes deux jambes sur son crâne, entre ses deux yeux rouges révulsés par le manque d'oxygène. Il se débattit et l'une de ses griffes entailla mon mollet en libérant un fin fil rouge qui s'évapora dans l'eau. Les secondes passaient lentement alors que je voyais ses membres se tordre et enfin, sa gueule s'ouvrit et l'eau la remplit entièrement. Je pris appuis sur son corps et me projetai pour regagner plus vite la surface pour assouvir mon besoin d'air.
Quelques bulles remontèrent tout autour de moi avant d'exploser et bientôt la masse immense du loup mort surgit de l'eau. De cette bête terrifiante il ne restait plus qu'un cadavre flottant au milieu d'une eau écarlate.

Le froid qui enveloppait mon corps s'estompait petit à petit et la douleur me rappela les limites de mon corps. À contre coeur, je dû m'appuyer sur la masse sans vie pour soulager les blessures qui couvraient mon corps. Je battais doucement des jambes pour regagner la rive sur cette embarcation douteuse.

Voilà, un peu court mais là. N'hésitez pas à me donner vos impressions :)

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 11, 2015 ⏰

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