Regardez, cette fille qui marche dans la rue en face de vous, c’est Marie.Marie, c’est le genre de fille que l’on déteste, mais qu’on admire en même temps. Un corps de rêve, des tonnes d’amis, les plus beaux mecs de l’école à ses pieds, …
On pourrait croire qu’elle est heureuse, en même temps, elle a tout pour elle.
Mais Marie n’est pas heureuse. Marie a grandi trop vite.
Chaque soir lorsqu’elle enlève ses vêtements et enfile son tee-shirt de nuit, Marie prend le temps se regarder dans son miroir.
Chaque soir, elle essaie de se persuader que le reflet que lui renvoie la glace, c’est elle. En vain. Elle n’arrive pas à se convaincre qu’elle a grandi, que la jeune fille avec des formes qui se tient devant elle est la même que celle qui tressait ses long cheveux devant ce même miroir, il y a quelques années.
Marie n’arrive pas à accepter son corps. “Ça viendra, se dit-elle.” Mais ça fait plus de six mois, et ce n’est toujours pas venu. Contrairement aux autres filles, elle n’a pas suivi la croissance de sa poitrine avec attention. Elle ne voulait pas avoir de formes.
Le jour où Marie a eu ses premières règles, sa mère lui a dit “Oh, tu es une femme maintenant !”.
Mais Marie ne veut pas devenir une femme. Elle veut redevenir une enfant, du temps où elle grimpait sur les genoux de son père pour qu’il lui raconte une histoire, du temps où sa mère la portait dans ses bras quand elle était fatiguée.
Parfois, elle pense que plus jamais elle ne pourra mettre son déguisement de princesse acheté pour sa fête d’anniversaire à ses 6 ans. Elle pense que plus jamais son père ne viendra la consoler lorsqu’elle fait un cauchemar. Plus jamais on ne lui dira que les monstres sous son lit n’existent pas.
Maintenant, elle est trop grande pour monter sur la balançoire que sa mère lui a acheté pour ses trois ans. Elle est trop grande pour monter sur les genoux de son père. Elle est trop grande pour que sa mère lui raconte une histoire. Elle est trop grande pour prendre un menu enfant au restaurant. Quand elle fait un cauchemar, personne ne vient la rassurer.
Et vous, en face de Marie sur ce trottoir, vous ne savez rien de tout ça. Cette jeune fille, vous la croisez tous les soirs lorsqu’elle rentre du collège. Les écouteurs vissés sur les oreilles, vous vous croisez, sans un regard.
Parce que c’est comme ça que vivent les gens, maintenant. Sans un regard.
VOUS LISEZ
Sans un regard
RandomIls s'appellent Marie, Hubert, Victor, Lola, Adam, Jasmine. Vous les croisez tous les jours dans la rue, et pourtant vous ne savez rien d'eux. Comme le dit l'adage, il ne faut pas se fier aux apparences ... [Toute ressemblance avec une personne exi...