Diabolik Lovers : Le requiem des six Ève

Chapitre 23 : Braises

    Sur mon balcon favori, assis sur la rambarde, j'admire l'ensemble du jardin, la forêt, le lac, tout ce que la pénombre et la Lune me permettent de voir. Cette couleur écarlate me rappelle le sang, le feu, l'Enfer. Une magnifique ironie qui tente de rivaliser avec mes cheveux. Mais ce n'est pas elle qui aura raison de moi.

     Ce n'est que le début.

     La couleur s'intensifiera, les batailles s'enchaîneront, la situation va empirer...ça promet ! Un beau match en perspective. Et il faut en plus supporter ces vampires bâtards sur notre propre territoire. Impossible de s'emmerder...

Mais, ce n'est rien. Ore-sama gagne toujours.

    L'éveil des Ève est loin, Aika est franchement optimiste, je trouve. Elle n'a pas changé sur ce point...en fait, elle n'a pas changé tout court. Toujours aussi pétillante, forte et fragile à la fois...

     Le vent choisit ce moment pour se lever, soufflant et balayant doucement les feuilles des arbres.

     Et si on le forçait un peu, juste un peu ?

     J'inspire profondément, visualise le mouvement de cette brise du soir, fougueuse, téméraire. Personne ne peut l'arrêter.

Non. Personne ne peut m'arrêter.

     Le vent souffle plus fort, giflant les branches des arbres les plus grands de la forêt. L'une d'elles casse sous la pression, je crois que j'y suis allé un peu fort. Le bruissement de leurs feuillages, mêlé au reflet rouge, anime alors le brasier. L'enfer s'agite, ses démons ne se tiennent pas tranquilles...

     Ça fait longtemps que je ne l'avais pas utilisé...

     Je souris devant ce chaos, avant de l'apaiser quelque peu. Mes yeux écarquillés par l'excitation se referment et je me laisse aller contre la rambarde, au gré de ce vent magique. Des pensées paisibles me viennent à l'esprit...

     Mais je me mets malgré moi à penser à elle, sa peau blanche et son sang extraordinaire. Puis aux autres, ceux à qui elle s'était offerte...à toutes les morsures sur ses épaules et son cou...                              Décidément, je ne la comprends pas.

Yui...

- Ayato-kun?

Hein ?

     Une petite voix, trop familière, m'arrache à mes pensées. Je soupire, ennuyé et pris au dépourvu. Je ne m'attendais pas à ce quelqu'un vienne me déranger, encore moins à ce que cette voix soit la sienne.

     La première Ève se poste au centre du balcon, en plein milieu entre le bord et l'intérieur. Impossible de la rater. Elle me fixe d'un air interrogateur, incertain, exaspérant. Je lui jette un regard en coin, histoire de lui montrer que je la calcule.

- Quoi ? je lâche, feignant l'indifférence.

     Ses mains se tiennent, ses doigts s'entrelacent fébrilement. Elle a l'air plus nerveuse que d'habitude. Mais c'est pas mon problème. Je me retourne, préférant savourer ce vent puissant. Je fais mine de ne pas la regarder. Dans quelques minutes, elle s'en ira, et je serais enfin tranquille.

- Je souhaitais te poser un question... murmure-t-elle.

- Vas-y, pose-là, dis-je d'un ton sec.