Hope Song

Chapitre 3 : Amitié

<< Waaw, comment tu lui as cloué le bec ! a fait Dean

- Ouaip, tu l'as bien mouché >> a renchéri Dean

Nous étions dans le couloir tous les quatre et nous dirigions vers notre prochain cours.

<< Je n'ai fait que mon devoir, a modestement tempéré Layla.

- Bon sinon, dis-nous, qu'est-ce qui te plaît chez notre Jacquinou ? >> ont-ils lancé en choeur.

Je me suis empressé d'intervenir.

<< Doucement les gars, on est potes, c'est tout ! Layla, je te présente Dean et Dean.

- Heu, excusez-moi, lequel de vous deux est Dean ? >>

Ils se sont marrés et je dois avouer que j'étais soulagé qu'ils s'entendent bien.

Dean et Dean étaient nés au même moment, dans le même hôpital. Leurs mères étaient amies mais le fait qu'ils aient eu le même nom était un hasard total. Le genre de coïncidence qui vous donne l'impression d'être dans un bon vieux conte de fée.

Ils se complétaient parfaitement et il leur arrivait parfois de finir les phrases de l'autre.

<< On a cours de quoi ? a demandé Layla

- Musique, j'ai répondu.

- Tu vas rencontrer la Sildet. >> a dit Dean.

Mme Sildet, la prof de musique, avait une façon de faire cours assez particulière, quoique plus sympathique que celle de M. Brossard. On s'asseyait à nos places, puis elle passait une demi heure à trifouiller dans ses papiers. Elle nous faisait ensuite commencer le cours, et lorsque ça sonnait, elle se plaignait que le temps qu'on lui octroyait pour son cours était bien trop court !

Une fois installés (les deux Dean au premier rang, Layla et moi derrière eux), elle m'a demandé :

<< C'est toujours toi l'exclu du groupe ? >>

Gêné, j'ai répondu :

<< Non non, pas tous les cours.

- Seulement 75% du temps, a dit Dean.

- Ca tombe bien, il pourra avoir Layla à côté de lui ! >> a dit l'autre.

Je lui décochai un coup de pied pendant que le 2ème se marrait.

<< Les enfants, un peu de calme, nous allons commencer le cours. >>

Mme Sildet commençait toujours par nous distribuer le polycopié de la chanson du jour. Ensuite elle nous la chantait puis c'était notre tour.

La chanson du jour était "Farewell Angelina", jamais entendu parler...

Mme Sildet a commencé à chanter. Sa voix, forte et précise, résonnait dans la petite salle tandis que les élèves chuchotaient. Je me suis tourné vers Layla pour discuter, mais me suis arrêté net. Elle regardait vers Mme Sildet, mais était bien au-delà des chuchotements de notre petite salle. C'était bien simple : elle semblait transportée par la musique.

Ce fut ensuite à notre tour. Dans notre classe, personne ne faisait grand cas de la musique et notre interprétation était souvent un concert d'élèves endormis ou démotivés.

Mais aujourd'hui, une belle voix, claire, limpide, s'élevait au-dessus de notre cacophonie habituelle.

Petit à petit, les élèves se sont tus, Mme Sildet a arrêté de jouer au piano, et seule restait la voix.

A la fin de la chanson, un tonnerre d'applaudissements a éclaté, je ne saurais pas dire si c'est moi ou un autre qui a commencé, mais toute la classe a suivi. Mme Sildet a même écrasé une petite larme qui lui roulait sur la joue. Elle avait l'air ému. Peut-être se disait-elle que ces longues années à essayer d'éveiller la sensibilité artistique de collégiens ingrats n'avaient pas servi à rien, finalement... Layla semblait se rendre compte seulement maintenant qu'elle avait chanté seule et a capella. Elle avait cependant l'air contente et fière.

C'était un de ces moments de communion intense, où on est tous sur la même longueur d'onde. Et je peux vous dire que c'était très rare que je sois sur la même longueur d'onde que Tom ! Mais Layla avait réussi ce miracle. La suite du cours s'est déroulée comme dans un rêve.

*****

Après la sonnerie - sur laquelle Mme Sildet n'avait pas râlé, pour une fois - cette dernière a fait signe à mon amie de la rejoindre. Je suis resté l'attendre à la porte, mais j'entendais quand même leur conversation.

<< Dis-moi, ma petite, tu aimes chanter. >> C'était plus une affirmation qu'une question.

<< Pas particulièrement...

- Oh si, crois-moi, tu aimes ça ! Tiens, il s'agit du papier d'inscription à un concours de chant. C'est du très haut niveau, mais je t'en crois capable. Et cela permet de gagner de très bons cours gratuits !

- Je n'aime plus ça, je vous dis ! >>

"Plus" ?! Elle est ensuite sortie en trombe, est passée devant moi sans me voir, j'ai quand même eu le temps d'apercevoir les grosses larmes qui scintillaient sur ses joues. Sans réfléchir, je suis rentré et j'ai dit :

<< Moi, je le veux bien, votre papier ! >>

Mme Sildet a paru  surprise : C'est vrai, je n'étais pas l'élève le plus investi en musique, et je n'avais pas ce qu'on pouvait appeler une voix en or... Mais elle me l'a donné sans protester.

*****

Le reste de la journée s'est déroulé sans autres incidents notables, entre crises de fous rires et silences profonds. Layla ne savait pas que j'avais assisté à sa crise de larmes, et j'étais content qu'elle l'ignore.

J'ai vite compris qu'elle était de ces personnes avec qui le silence n'est pas gênant. Elle n'éprouvait pas le besoin de parler constamment, et c'était agréable. Avec elle, "se taire" était une activité comme une autre.

*****

Le soir, dans mon lit, je repensais à cette étrange journée. A mon étrange rencontre avec cette étrange fille. Et j'avais hâte de voir ce que demain me réservait !

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Voilà, on entre dans la partie croustillante de l'histoire ! Pour être tout à fait honnête, c'est à partir de ce chapitre que j'aime mon histoire. J'espère que, comme Jack, vous avez hâte de savoir ce que demain lui réserve ! Et pour info (inutile) si y a un stalker que ça intéresse, j'ai tapé cette partie en écoutant Nirvana, Emmanuelle Monet... et la chanson de Miraculous Ladybug °_° , et en mangeant des framboises <3 ! Et n'hésitez pas à aller écouter "Farewell Angelina" (dans la version de Joan Baez) si vous ne connaissez pas.  Donc to be continued !

P-S : J'adore les 2 Dean, Miraculous et les framboises !!!