L'auberge

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Ils virent la ville montagnarde au loin, dans la brume blanche. La neige effaçait les traces de leurs pas à peine était-elle foulée. Il était alors difficile de voir quelque chose sous ce rideau blanc. Pédro lui, toute la neige qu'il touchait fondait instantanément. Les deux autres avaient de la morve congelée au bout des narines et tremblotant en se tenant les bras... Ils mouraient de froid. Annonça

- Si vous avez froid, faîtes-moi un câlin. Dit Pédro d'un air douteux.

- Nan ! Je préfère avoir froid ! Cria Obscuria.

Keito ouvrit ses bras et enlaça Pédro de toutes ses forces, la chaleur de Pédro liquéfie la morve congelée de Keito en un instant. Keito se sentait alors comme un petit chaton dans les poils de sa mère adorée. Il le sera un peu plus pour avoir un maximum de chaleur et frotta sa tête contre le maigre torse de Pédro avec un sourire de satisfaction.

- A ce que je vois, ma capacité de transfert de chaleur fonctionne toujours.

Keito se retira des bras de son ami, désormais requinqué.

- Bon reprenons notre route, fit-il, plus vite on arrivera mieux ce sera.

Une dizaine de minutes après cet incident, Obscuria demanda gênée:

- Et... est-ce que ça marche ton truc si je lui fais un câlin ?

- Non, le seul moyen d'obtenir l'effet est d'entrer en contact avec la source du sort, c'est à dire moi.

On peut alors lire un sentiment de déception sur le visage de la sorcière.

- Mais vu la couleur de tes joues, j'ai l'impression que ça marche sans contact, ajouta-t-il ironiquement.

Ne sachant quoi répondre, elle préféra ignorer la remarque et se concentrait sur la route brumeuse, enfin si l'on pouvait appeler cette montée enneigée "une route".

- Bonne nouvelles les amis, la ville n'est plus qu'à quelques mètres ! Annonça Keito en tête du groupe.

Cette nouvelle emplit de joie Obscuria qui commençait à difficilement supporter le froid omniprésent.

Les bâtiments de la ville étaient faits d'un mélange de pierres, pour l'isolation et de bois pour supporter le tout. Comme la lumière du soleil se faisait rare, on pouvait trouver des lampadaires à pratiquement tous les coins de rues. Leurs flammes jaunes ensorcelées leur permettaient de résister aux grands vents de cette région. On pouvait aussi apercevoir au coin des routes, des caribous poussant ce qui ressemblait à une sorte de chasse neige, pour que les rues aient encore l'apparence de rues et non de pistes de ski horizontales.

- Bon il s'agirait maintenant de trouver une auberge avec suffisamment de personnes pour recueillir des informations...

- ET UN BAIN CHAUD ! Hurla Obscuria.

- ... Et un bain chaud...

- Tiens et si on allait dans celle-ci, fit Pédro, l'enseigne est rigolote, c'est un orignal avec des lunettes de soleil qui fait du ski.

- On va pas aller dans celle-là juste parce que l'enseigne te fait marrer Pédro. Répondit Keito.

- Y'a marqué "chambre avec salle de bain"...

A ces mots, Obscuria se précipita à l'intérieur du bâtiment à une telle vitesse que l'on aurait crue qu'elle se téléportait.

- Bon ben, j'imagine que j'ai pas le choix. Donc c'est parti pour..."il plissa les yeux pour lire le nom du bâtiment, "Le Fourzitou".

Quand la petite troupe rentra dans l'auberge, ils sentirent un brusque changement d'atmosphère. Alors qu'à l'extérieur ils gelaient sur place et étaient face à un bruyant calme, ils étaient maintenant comblés par la chaleur accumulée dans le bâtiment et par l'ambiance générale de cette auberge. Le tempérament des clients était aussi tout ce qui était de plus chaleureux: Les choppes d'alcools qui s'entrechoquent, les rires, les jeux de cartes, les pelles lancées sur des pommes placées sur les têtes des voyageurs malchanceux, les consommateurs énervés à cause de paris perdus...

La petite sorcière fonça vers le bar pour aller voir le patron du bâtiment.

- Bonjour et bienvenue au Fourzitou très chère voyageuse ! J'me présente, je suis le patron de cette auberge et j'me prénomme Oka ! S'exclama-t-il en prenant la main d'Obscuria pour lui faire un léger baisé dessus.

- Ah, et bien merci. Vous avez encore des chambres ?

- Oui, il nous en reste encore deux.

- C'est parfait ! On vous les prend !

- Comment ça "on" ?

Obscuria pointa du doigts ses deux autres comparses encore à l'entrée. Ils étaient obnubilés par le lancer de pelle sur des pommes pratiqué sur un énorme gaillard...

- Oh je comprends mieux. Mais... Avez-vous de l'argent ? Déclara le patron avec un grand sourire.

La Conquérante cria alors en direction de ses compagnons :

- Vous deux ! Ici !

- Gyah ! Oui, tout de suite Obscuria ! Répondirent en chur Pédro et Keito.

- Avez-vous de l'argent Messieurs ? Pour payer les deux chambres avec bain. Leur demanda l'aubergiste toujours avec un grand sourire.

- Euh oui bien sûr, c'est combien ? Répondit Keito un peu triste en sortant tout l'argent qu'il avait volé à la grande ville marchande.

- Donc vous prenez les 2 chambres communicantes qui me restent avec baignoire ? C'est bien ça ?

Keito et Pédro n'eurent même pas le temps de prononcer un début de mot qu'Obscuria cria un grand oui !

- Très bien, cela vous fera alors deux cents Sigmos. Le vendeur afficha un grand sourire de satisfaction...

- C'est cher quand même...

- Oui je le sais... Mais je veux bien vous faire une offre, je vois que la demoiselle veut à tout prix une chambre avec un bain donc je vous propose de me laisser boire un verre avec elle et après... On verra. Je vous les fais gratuites !

- Alors là...

Keito n'a même pas fini sa phrase qu'Obscuria adressa un énorme coup de poing dans la tête de l'aubergiste. Ce qui le fit tomber par terre violemment en lâchant les clefs en l'air. Elle sauta sur le comptoir et les attrapent dans ses mains jusqu'à atterrir lourdement sur le pervers, allongé derrière le bar. Obscuria se releva difficilement et remarqua que tous les clients regardèrent sont petit groupe dans un silence glacial comme à l'extérieur.

- Euh... Et bien... Commença Keito, intimidé par les voyageurs quand même très bien armés... Quand soudain ! Obscuria cria très fort :

- BASTON GÉNÉRALE !

A ces mots, une vague de hurlements se répandit dans la salle ! On entendit des os craquer, des chopes se briser, des corps voler par les fenêtres, des armes qui s'entrechoquèrent... Une bagarre dans un bar, tout ce qu'il y avait de plus classique. Dans la cohue, Pédro se prit une chope sur la tête et tomba dans les pommes.

- Euh... Obscuria.

- Oui ? Répondit-elle avec un grand sourire de satisfaction et de sadisme.

- Ça te dit de monter dans nos chambres ? Profitons de la diversion que tu as provoquée.

- Allons-y !

Keito pris son camarade Pédro sur son dos, encore inerte, et suivis Obscuria qui montait les escaliers.

- On est quel numéro ?

- On a la chambre numéro 2 et... Mince ! J'ai fait tomber l'autre clef !

Elle se retourna vers Keito en commençant à descendre les escaliers en toute vitesses ! Keito l'attrapa par la taille d'une main tout en tenant Pédro de l'autre.

- Laisse tomber... Tu vas te faire buter en bas avec ce que t'as provoquée...

Obscuria baissa la tête non pas par regret mais par timidité, Keito venait de l'enlacer avec son bras.

- Bon très bien... Mais je veux être la première à passer au bain !

- Ça ne me dérange pas et je pense pas que Pédro soit dans la capacité d'en prendre un.

Ils montèrent le reste de marche et rentrèrent dans leur chambre...

La quête d'OgmaWhere stories live. Discover now