- IX - La grande porte

13 0 0
                                    

Au troisième anniversaire de l'enfant, une fête fût organisé. Comme il était présenté comme l'enfant du Roi, seul les hauts dignitaires y furent invités. Tous s'affairaient dans la grande maison, chacun sa tâche, chacun son devoir. Pourtant, le principal concerné dormait encore. Il savait que c'était un jour important pour la Cour, mais lui détestait ces fêtes. Ce n'était que son troisième anniversaire, et pourtant, l'envie de ne plus jamais le fêter lui prenaient déjà toutes sa tête.

- Petit prince, debout ! s'exclama une voix enjouée qui fit irruption dans la chambre en ouvrant en grand les longs rideaux noirs.

- Laisse-moi Nanoby. Vas dire à mon chère père que je suis m'en fiche de cette fête.

- Tu ne peux pas faire ça, soupira Nanoby, et nous vous l'avons déjà expliqué.

- Arrête de me vouvoyer !

- C'est un ordre du Roi, se mina la vieille femme.

- Et je suis le fils du Roi, alors stop !

De très mauvais poil, le garçon de trois ans se laissa tout de même laver, sécher et habillé.

- Mais c'est tellement moche ce truc, je peux pas sortir comme ça, se fâcha l'enfant.

Son habit d'apparat était composé de deux belles pièces. Une longue tunique bleue foncé coupée en diagonal s'arrêtait juste au niveau des cuisses. S'en suivait une longue cape magenta qui léchait le sol. Et pour finir, des sandales tressées. De petits strass en or venaient ornés le vêtement pour lui conférer une allure monarchique.

- Tu verras, tu n'est pas le seul habillés comme ça, essaya de le réconforter Nanoby.

Pour toute réponse, Callum se fixa encore quelque temps dans le miroir.

- Il est temps d...

- Encore deux minutes, demanda gentillement Callum, sil-te plaît. Sors.

Acquiesçant d'un léger mouvement de tête, Nanoby ordonna silencieusement aux serviteurs de sortir. Quand la porte se claqua, un long silence se plaça, laissant Callum, debout, en train de se fixer dans le miroir. Un sifflement envoya ses oreilles pointues en arrière. Comme à chaque fois qu'il était seul dans sa chambre, de minuscules caméras faisait le tour de sa chambre pour l'observer. Il faisait évidemment semblant de ne pas les voir. Il savait que son corps était issu d'une expérience et qu'il l'observait pour cette raison. Un enfant normal ne l'aurai sûrement jamais su, mais Callum restait Callum à l'intérieur. Il savait que son bourreau était désormais son père et qu'il entendait bien l'utiliser comme arme pour faire une guerre dont il ne soupçonnait pas l'existence.

Durant trois ans, Callum avait, d'après eux, développé des compétences supérieures à la moyenne. Il avait commencé à comprendre son monde au bout d'un mois seulement, marcher à trois, et parler à six. Sa taille atteignait celle d'un enfant de 10 ans. Callum en avait simplement marre de jouer les bébés ordinaires, au plus grand bonheur de ses chercheurs qui pensent encore aujourd'hui qu'ils avaient conçu leur créature parfaite. Ce n'est pas mon corps, pensait souvent Callum, ni ma vie.

L'ancien corps de Callum lui manquait terriblement. Non pas par le fait qu'il soit devenus un garçon, en quelque sorte, mais parce que son corps ne ressemblait plus à ce que Callum avait connu. Ses longs cheveux noirs avaient été remplacés par un blanc sale, cachant partiellement ses petites oreilles en pointe, sa peau avait pris une teinte noirâtre et ses yeux, Callum ne les comprenaient pas. Leur pupille n'étaient pas rondes. Elles ne l'étaient jamais. Chaque jour, selon son humeur, la forme de la pupille changeait, parfois même, elle dépassait de l'iris qui elle, était tantôt bleue, tantôt jaune.

Callum - A La Croisée Des CheminsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant