» s e i z e

49 8 18
                                    

Suite aux mots de Soyou, le jeune homme se crispa, laissant ses larmes couler. Pourquoi ne devaient-ils jamais se revoir ? C'était Soyou qui n'avait pas respecté les termes du contrat, pas Wonshik. C'était à elle de souffrir comme il souffrait en ce moment. Et Wonshik ? S'était-il réveillé ? Ou était-il encore plongé dans l'agréable sommeil sans rêves qu'on lui avait infligé ? Qu'allait-il penser en découvrant le lit vide et froid, dépourvu de son petit chat ? Tout était tellement idyllique mais ce nouveau bien-être venait de se briser en quelques heures. Pire, en quelques malheureuses minutes. Il avait fallu du temps à Wonshik pour construire ce bonheur et montrer au plus jeune que tout le monde avait le droit d'être heureux. Et pour Taekwoon reconnaître et l'apprécier ce nouveau bonheur. Et voilà que tout volait en éclat devant eux, incapables de réagir. C'était un mauvais tour du destin, il n'en était pas possible autrement, songeait le chaton en se glissant dans la cabine de douche de sa chambrette, tremblant en repensant aux récents évènements qu'il venait de vivre.

Couvert de son propre vomi, il puait plus le sexe et l'immondice du pêché de chaire que de la vomissure qui recouvrait son corps. Tous les pores de sa peau n'étaient que honte et dégoût. En entrant dans la salle de bain, il avait fuit son reflet dans le miroir. Humilié comme jamais, le brun ne pouvait plus se regarder en face. Jamais il n'aurait pensé se retrouver dans une telle crasse, crasse dont Wonshik l'avait sortie. Taekwoon avait toujours cru être au fond du trou, depuis toujours. Mais après les espoirs qu'il avait mis dans sa relation avec Wonshik, ces "gens qui s'aiment" comme il avait dit niaisement plus tôt dans la journée, il venait de tomber de haut. Lentement et à son rythme, le jeune garçon avait cru pouvoir bâtir un mur qui le protègerait de l'abîme de son passé. Mur dont Wonshik aurait été le pilier, la seule force nécessaire pour avancer. Mais les espoirs n'étaient plus, ruinés pas un mafieux italien pervers incapable de contenir une pauvre pulsion sexuelle.

Lentement, avec précaution, Taekwoon se lava. Comme si le brun craignait de casser son maigre corps, il passait avec une extrême lenteur le gant de toilette sale que Soyou avait laissé dans sa chambre le soir même en le raccompagnant de son "rendez-vous". La saleté dans laquelle il avait toujours vécu apparaissait dans son esprit. Chez Wonshik, pas une fois il n'avait pris une douche pour retirer l'impureté de son être. Bien qu'il n'aimait pas l'eau, se doucher n'avait pas eu la même signification qu'avait ce geste quotidien lorsqu'il était chez Soyou. Chez Wonshik, c'était pour l'hygiène, pour sentir bon, comme tout être humain normal. Taekwoon abandonna finalement sa tâche alors qu'il rapprochait le gant de toilette de son intimité. A quoi bon ? Ce soir avait signé son déshonneur total, l'ignominie la plus atroce qui soit. Rien n'aurait pu racheter la mince fierté qui lui restait avant ce soir.

Il ne prit pas la peine de se sécher, s'enroulant simplement dans une longue serviette - propre pour une fois, que Soyou avait pris la peine de laver pendant son absence - avant d'aller s'allonger sur son petit lit. Taekwoon était las et infiniment triste. Pour la première fois de sa vie, il pensait à un homme autrement qu'en ressentant du dégoût et de la haine. Cet homme qui s'était démener pour obtenir une simple semaine en sa compagnie. Cet homme qui disait l'aimait. Cet homme qui croyait en lui, en une autre vie possible pour lui. Taekwoon s'était toujours pris pour un être misérable, sans aucune perspective d'avenir et en un temps plutôt court, Wonshik avait changé sa vision des choses. Il n'était pas comme les autres, et alors ? Lui aussi ressentait des choses, éprouvait des sentiments. Il n'était pas un simple objet de désir et de luxure.

Wonshik était différent de tous ceux que le chaton avait connu jusque là. Il était gentil, attentionné, encourageant, attentif. Pas comme tous ceux qui le regardaient avec cet étrange regard que le jeune chat avait remarqué malgré sa cécité. Et si Wonshik avait déjà profité de son corps plus d'une fois, Taekwoon considérait quand même que c'était différent. Il s'était intéressé à lui. Il lui avait montré comment prendre du plaisir. Les autres hommes étaient souvent trop occupés à le baiser comme la pire des chiennes qu'à lui caressait la joue comme Wonshik le faisait.

blindOù les histoires vivent. Découvrez maintenant