Chapitre 20

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Quand je me réveille le lendemain, je me sens beaucoup mieux. C'est comme si l'orage était passé et avait emporté avec lui tous mes soucis. Même ma tête ne me fait pas trop souffrir. J'ai ouvert les yeux d'un coup sans m'être embarrassée de mon rituel habituel. Celui que j'accomplis chaque matin, pour m'assurer que la cécité ne m'a pas gagné. Je savoure cette sensation si rare de paix, j'ai conscience que ça ne durera pas.

Et j'ai raison, à peine ai-je allumé mon téléphone et mis en marche la bouilloire, que mon téléphone se met à émettre des bips à une vitesse ahurissante. J'attends qu'il s'arrête de sonner pour m'en saisir. Et pendant, que je le déverrouille pour prendre connaissance des messages, je remplis une tasse d'eau bouillante dans laquelle je plonge ma passoire pour infuser mon thé.

Une autre tornade de bruits vient gâcher ce sentiment de paix que je ressentais jusque-là. Quelqu'un frappe à ma porte, et cette personne cogne fort. Comme, je ne réagis pas assez vite, un bruit de clef se fait entendre dans la serrure.

Je ne suis pas vraiment inquiète. Seule, une personne possède un double de mes clefs, et cette personne ne tarde pas à faire son entrée comme une furie. Un sourire naît sur mes lèvres, mais face à son air inquiet, il disparaît aussi vite qu'il est apparu.

–Merci, mon dieu, tu vas bien.

–Cass ? Qu'est-ce que tu fais là ? Je lui demande

–Ce que je fais là ? Que crois-tu que je fasse là, bordel ? J'étais morte de trouille ! Tu me laisses un message bizarre sur mon répondeur et après tu, tu ne réponds pas à ton téléphone. J'étais inquiète. J'ai cru qu'il t'était arrivé quelque chose. Et puis....

Elle me hurle dessus, et voilà, maintenant qu'elle se tait. Je vois à son regard que quelque chose d'autre la travaille, que ce n'est pas que le fait, que je n'ai pas répondu. Elle sait que ça m'arrive de couper mon téléphone, même si c'est rare et que ça ne dure pas longtemps. La lumière se fait enfin dans mon esprit. Je comprends ce qui lui a fait si peur. Elle a raté la date, et elle doit s'en vouloir. Pourtant moi, je ne lui en veux pas. Cassandre doit penser un peu à elle aussi de temps en temps. Je préfère de toute façon qu'elle n'ait pas vu dans quel état je me trouvais. Buvant une gorgée de mon thé, je regarde mon amie et lui adresse un sourire qui se veut rassurant.

–Je vais bien Cassandre.

–Tu es sûre, le message....

–Oui, ça va.

–Promis ?

–Promis.

–Et toi, dis-moi, comment ça va avec Brent ?

Je lui désigne un tabouret avant de lui tourner le dos pour sortir une autre tasse. Quand, je lui ai dit que ça allait, je n'ai émis qu'une semi vérité. Je sais qu'elle se culpabilise de n'avoir pas été là pour me détourner de mes sombres pensées. A chaque anniversaire, elle a été là, à m'aider à traverser la crise. Alors pour clore le sujet, j'oriente la conversation sur elle, histoire de la détourner de l'objet de son inquiétude.

La conversation autour de nos tasses de thé est étrange. Quelque chose cloche dans la façon que Cassandre a de me parler de sa relation avec Brent. C'est peut-être mon imagination, mais j'ai le sentiment qu'elle me cache des choses, qu'elle s'éloigne le plus possible de la vérité.

Pendant qu'elle me parle de leur dernier dîner, j'observe son attitude (chose pour laquelle je m'en fous royal. Seuls les détails croustillants m'intéresse), C'est là, que je mets enfin le doigt sur ce qui me paraît anormal. Cette dernière porte une chemise à manches longues, alors qu'il fait déjà chaud et que même moi en t-shirt et culotte, je crève. Oui, oui vous ne rêvez pas, je porte toujours LE t-shirt, celui-là même dans lequel j'ai dormi et ai fait d'autres choses.

Through their shadowsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant