Chapitre 48

31 10 2
                                    

-Et maintenant ? Je lui demande.

-Maintenant, je vais nous préparer un truc rapide à manger, j'ai la dalle et tu dois te nourrir. Me répond ce dernier.

-Blake.

-On avisera après ma belle. Me dit-il. Est-ce que tu veux me tenir compagnie à la cuisine ?

-Je suis bien là, dis-je ne me frottant les bras car j'ai un peu froid.

-Comme tu veux Sib. Ne bouge pas je reviens de suite.

Je ne vois pas où je pourrais aller. Certaines expressions utilisées me rendent amère. Je n'ai qu'une envie quand je les entends, celle de rembarrer celui ou celle qui prononce ces mots. Le silence me rend un peu nerveuse, je n'entends plus Blake, et j'ignore s'il est sorti ou s'il est encore quelque part dans la maison.

Je commence à me rendre compte de certaines choses qui me posent des problèmes aujourd'hui , alors qu'avant non. Les silences, les absences même courtes me sont difficiles à appréhender. Je n'ai pas bougé d'un pouce, lorsqu'une musique douce se fait entendre. Le volume sonore est bas mais je sursaute quand même. Puis je sens sa présence avant même d'entendre ses pas qui se rapprochent.

- Pardon, je ne voulais pas te faire sursauter. J'ai pensé qu'un peu de musique t'aiderait à te détendre. Je t'ai aussi ramené un pull, il fait un peu frais ce soir.

-Merci, Blake.

Alors que Blake m'aide à passer le pull qu'il m'a ramené, ce dernier me surprend en déposant un baiser furtif sur mes lèvres. Je suis si surprise que je n'ai pas le temps de réagir. Mon cœur en rate un battement, et je reste tétanisée. Je ne suis pas consciente d'avoir un mouvement de recul. Seul le soupir de Blake, me laisse présumer que pourtant, j'ai bel et bien eu ce geste. Alors, que je me laisse imprégner de l'odeur masculine qui se dégage du pull qu'il m'a passé, j'entends ce dernier me parler.

-Je suis content que tu sois ici, me dit-il.

Je ne lui réponds pas, je ne sais pas quoi lui dire, les mots ne sortent pas, même si je lui suis reconnaissante de m'avoir emmené chez lui. Je ne sais pas où jen suis, où nous en sommes, ni comment je vais pouvoir gérer les obstacles qui ne manqueront pas de se présenter. En ai-je envie d'ailleurs . Poussant un soupir, je ramène mes jambes contre mon ventre et les entoure de mes bras, en me laissant envelopper dans son odeur de mâle. Le pull de Blake est beaucoup trop grand, mais je m'y sens bien.

Quand Sexy Connard revient finalement de la cuisine, je suis incapable de dire s'il s'est passé dix minutes ou une heure. Le retour du calme, celui qui devient angoisse dans tout ce noir. Je soupçonne Blake d'avoir sciemment fait du bruit dans la cuisine. Le bruit de ses pas lourds sur le parquet, me permet de ne pas être surprise quand il me rejoint sur le canapé et qu'il s'installe contre moi. Ses jambes et ses épaules sont collées à mon corps. Une fois encore, je me raidis avant de me détendre en me fustigeant de la réaction de mon corps.

-Désolée, dis-je en m'excusant pour ma réaction.

-Ce n'est rien Carotte.

-Je... Ne dis pas ça ! J'ai... ça me déchire d'avoir ces réactions !

-C'est normal

-Non ! Ce n'est pas normal ! Il n'y a rien de normal là-dedans putain ! J'ai peur du moindre contact et pourtant je ne me sens bien que quand tu me prends dans tes bras ! Merde, je ne devrais pas réagir ainsi !

-Sibylle, regarde-moi !

-T'en as dautres comme ça ! Je lui crie.

-Tourne-toi vers moi, me répond-il calmement en posant sa main sur mes genoux et en imprimant un mouvement de rotation.

-Non !

-Si ! Fais-le, m'ordonne-t-il fermement.

Je ne veux pas l'écouter , ni lui obéir et pourtant, je le fais quand même, comme si, tout mon être était branché sur sa voix. Les mains sur mes genoux, je me tourne vers ma droite, mais ne lève pas la tête. J'espère qu'il me laissera me cacher derrière le rideau de mes cheveux.

Mes vagues espoirs sont vains quand je sens un doigt de Blake soulever mon menton. Il ne me laisse pas me cacher, alors que je ne demande pas mieux.

-Sibylle, je... Comment te dire... Et puis, merde ! Je ne vais pas commencer à prendre des gants avec toi, alors que je ne l'ai jamais fait.

-Blake

-Non ! Je ne vais pas te parler autrement de peur que tel ou tel mot est difficile à entendre. Ces mêmes mots que tu utilises. Je sais que c'est dur pour toi. Je ne peux pas me mettre à ta place Carotte, mais je suis là, nous sommes tous là pour toi, ça n'en doute pas.

-C'est vrai que je suis devenue votre bonne action à tous ! Je rétorque méchamment dressant une barrière, une muraille entre nous.

-Bordel, où est-ce que tu vas pêcher ça ?

-Parce que ce n'est pas vrai peut-être ?

Je suis ignoble, j'en suis consciente, mais c'est tout dont je suis capable pour ériger une muraille entre lui et moi, entre le monde entier et ce qui reste de ma carcasse. Ne pas voir son expression est un soulagement en soi. Je ne veux pas être un boulet, pour personne, pas même lui. Surtout pas lui. Cette bagarre que je mène contre mon corps affaibli, et dérangé, je la mène pour lui aussi, pour qu'il cesse d'être là, pour qu'il décide que je n'en vaux pas la peine. Alors que je réfléchis à comment porter l'estocade finale pendant qu'il fait les cent pas. Ce dernier finit par me donner les munitions suffisantes sans s'en apercevoir.

-Peut-être que c'est parce qu'on l'on tient à toi qu'on est là, non ?

-Cassandre, peut-être, c'est ma meilleure amie, mais toi Blake ? Quest-ce que je représente pour toi ? On s'est amusés ensemble, et rien d'autre.

Je sais que j'ai atteint mon but, quand j'entends le bruit d'un verre se briser, ses pas s'éloigner avant de revenir vers moi.

-Tu sais quoi ? Tu me fais chier Sibylle ! Hurle-t-il.

Le bruit de ses pas s'éloigne de moi, puis vient le bruit d'une veste, et de ce qui ressemble à des clefs qui tintent. Le son de ses pas a changé alors qu'il s'approche de moi et je devine qu'il a passé des chaussures. Je me rends alors compte que je l'ai poussé à bout et qu'il est sur le point de s'en aller. Une main vient me saisir par le cou et des lèvres viennent heurter les miennes violemment ne me laissant pas la possibilité de m'enfuir , ni même le temps à mon cerveau d'en comprendre la signification. Son baiser est dur, inquisiteur, furieux, sa langue passe la barrière de mes lèvres serrées. Il me fait mal et pourtant je sens une chaleur se répandre dans mes veines. La sensation de vide et ses paroles, me ramènent sur terre brutalement.

-Toi et moi, on est loin d'en avoir fini, crois-moi.

Ses pas dévalent les escaliers bruyamment, et quelques secondes plus tard, une porte que l'on claque se fait entendre. Super Connard est parti et je ne lui en veux pas. Comme souvent en ce moment, je ramène mes genoux contre moi et les enserre de mes bras avant de me balancer d'avant en arrière. Je ne le pensais pas, mais il la fait, il a craqué et ma laissé seule. Cependant, je ne sombre pas, et me raccroche à ses dernières paroles ainsi qu'à ses lèvres qui sont venues revendiquer leur droit. Je sais au fond de moi, qu'il reviendra, j'ignore juste quand.

Through their shadowsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant