Je me réveille en sueur, frigorifiée et effrayée. Dressée dans mon lit, je cherche tout autour de moi une lueur, rien. Le noir total, même pas l'ombre de mes doigts devant mes yeux. Ça y est, le moment tant redouté est enfin arrivé.
Je replie mes jambes sous mon menton et les entourent de mes bras. Je pleure fort, très fort tout en me balançant d'avant en arrière. Je me répète dans ma tête, puis à voix haute :
– Non, non, pas déjà ! Pitié, qu'on me laisse encore du temps. Je ne suis pas prête !
Cette litanie continue, je la hurle. Je suis perdue, je ne me sens pas en sécurité dans tout ce noir. Mes repères, partis, envolés. Ma tête tourne, impossible de me souvenir où j'ai posé mon kit d'insuline. Et puis comment faire ! Comment lire ma glycémie et m'injecter la bonne dose.
J'essaie à tâtons de retrouver mon téléphone. Il faut que j'appelle Cassandre. Elle saura m'aider, elle viendra. Je lui dirai quoi faire, lui dirai où trouver mes listes de choses à faire. La panique me fait suffoquer, j'ai l'impression que l'on enserre ma poitrine, m'empêchant de respirer. Je ne trouve pas mon téléphone.
Plus je panique, plus ma tête tourne. Je commence à me sentir mal, et j'ai peur. Peur que personne ne se rende compte de mon absence. Je tente encore de trouver cette insuline qui assurera ma survie. Mon corps ce lâche part déjà me laissant m' effondrer au sol. Je tâtonne par terre à la recherche de mon téléphone, ou de l'insuline, en vain.
Affaiblie, je renonce et me laisse sombrer doucement dans l'inconscience. Une voix pourtant me tire de ma brume. C'est d'abord un murmure, puis ça devient plus fort. J'ai l'impression que l'on me secoue. La voix ne m'est pas inconnue, elle me blesse dans mon cœur et mon corps. Je rassemble le peu de forces que j'ai et me redresse. Mon dos butte contre quelque chose et je peux me maintenir assise grâce à ça.
La voix continue, elle me parle, elle me dit de lutter. Elle se fâche, elle me traite de lâche, dit que tout est de ma faute. Que je ne tiens pas ma parole. Alors j'ouvre les yeux et la regarde, elle se tient accroupi devant moi.
– Peyton ! Dis-je dans un souffle.
Je me redresse d'un bond dans mon lit. Je suis essoufflée comme si j'avais couru et une sueur froide coule le long de mon dos. Mes cheveux, eux aussi sont trempés et me tombent dans les yeux. Je souffle fort tout en ouvrant les yeux, la lueur du jour m'agresse. Ma tête me fait très mal, plus que d'habitude. Mes yeux brûlent de larmes versées.
Je mets quelques minutes pour retrouver mon calme et toute ma tête. Péniblement, je tourne celle-ci vers mon réveil pour y lire l'heure. Je n'y parviens pas, je dois me tourner complètement pour déchiffrer les nombres inscrits. Il est six heures vingt du matin, mon réveil aurait dû sonner il y a vingt minutes. Passant mes mains sur mon visage, je réalise en tremblant que ce n'était qu'un rêve. Un putain de mauvais rêve. Ça avait l'air si réel ! Cette panique, je la ressens encore jusque dans mes os. L'odeur désagréable de la peur me colle à la peau. C'était si réaliste, puis je l'ai vu, elle. Peyton était dans mon cauchemar, elle me secouait verbalement ! M'accusait de je ne sais quel méfait.
Des putains de larmes se remettent à couler. Je lâche prise, je laisse cette terreur gagner. Je n'ai plus la force de lutter. Ce rêve était trop tenace, il a fait remonter des souvenirs douloureux. Qu'elle me manque ! Que ne donnerai-je pas pour qu'on revienne à ces jours heureux, à notre rencontre. Nous étions si jeunes, la vie aurait dû lui sourire, si seulement elle était tombée dans la bonne famille. Si seulement, nous ne nous étions pas amusées à repousser les limites imposées par notre maladie.
Le rappel du réveil se manifeste et me sort de mes sombres pensées. Je traîne les pieds dans la cuisine et me fait couler un café très serré. Ma glycémie ne doit pas être au top, pas besoin de la vérifier pour le savoir. En attendant que la cafetière ai fini de faire passer le café, je reste prostrée les bras tendus sur le bord du plan de travail, la tête rentrée dans les épaules. Je réfléchis un instant, puis me rappelle quel jour nous sommes.
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Through their shadows
RomantizmChacun a sa part d'ombre. On choisi de la cacher, ou de la montrer. Pour certains, c'est une lutte au quotidien. Pour la cacher, ils ont choisis de la contrôler, et de la museler le plus loin possible dans un coin reculé de leur subconscient. Contrô...