Chapitre IV

15 3 2
                                    


Quelques semaines après la première réunion de Maddison, de mystérieuses choses ont été recensées. Notamment la disparition de plusieurs membres de sa communauté ainsi que celle de personnes blanches. Leurs absences, durant les réunions hebdomadaires, marquait leur étrange disparition. Certains disaient qu'ils étaient sûrement malades, à cause d'une vilaine intoxication alimentaire. D'autres spéculaient qu'ils avaient sans doute retourné leur veste et qu'ils étaient espions. Mais Maddison ne croyait pas un mot de ces sottises. En effet, ces personnes étaient des personnages importants dans la lutte que menait l'afro-américaine. La jeune femme avait raison de ne pas y croire.

Alors qu'elle rentrait d'une longue journée de travail, elle aperçut cette jeune femme, le visage caché dans l'ombre. Ce corps tremblant et frêle, hurlait en silence. Il semblait lancer des appels de détresse et cette vision bouleversa Maddison. Mais qui était cette femme si désemparée sous le pallier de la militante ? Plusieurs questions se bousculèrent dans sa tête.

Questions qui trouvèrent rapidement réponses lorsque le visage de la jeune femme sortit de la pénombre. Maddison l'a reconnu immédiatement comme étant Kat ; une femme avec laquelle elle a pu échanger à de nombreuses reprises durant ses réunions. La femme de ménage n'avait eu le temps de lui demander ce qui lui était arrivée qu'elle fut touchée par la vision qui s'offrait à elle. Malgré sa peau mate, on pouvait aisément discerner des cernes sous ses yeux. Yeux où de nombreuses émotions s'entrechoquaient, se disputaient dans un combat ardent et épuisant. Ô combien Kat était fatiguée. Ô toutes ces longues nuits d'insomnies qu'elle avait passé à se remémorer ces images. Images qui l'avaient tant hantées.

C'était donc dans un élan de compassion et de bonté que Maddison l'invita à entrer chez elle. Un café fumant entre ses petites mains tremblotantes. Le regard porté vers le vide. Les yeux embrumés, sans éclats, qui avaient perdu cette lueur d'espoir et de joie qui les animaient. Kat allait enfin dévoiler ce qui la torturait, ce qui la rongeait de l'intérieur.

Ce fut un vendredi soir, alors qu'elle rentrait d'une difficile journée de travail. Il faisait nuit noire et seul le clair de Lune éclairait les lieux. Sentant ses jambes lourdes à cause de la fatigue, Kat avait décidé de couper par un petit chemin terreux, très peu emprunté. Alors qu'elle priait pour ne pas trébucher sur les pierres, la jeune femme avait perçu une masse noire au sol. Elle avait décidé de s'y approcher, ignorant les battements de son cur lui hurlant de s'en aller. Au fil des pas, elle comprit que cette chose était en réalité un corps d'homme. Son cur se serrait lorsqu'elle avait reconnu les traits de son ami, James. Il faisait partie des personnes recenser comme disparu. La jeune femme s'était ruée sur lui, l'appelant désespérément en pensant qu'il était simplement évanoui. Kat avait retenu un sanglot lorsqu'elle n'avait trouvé aucun pouls. Il était bel et bien mort.

Lui qui était un bon homme, honnête et dévoué. Sa peau noire brillait sous la lumière lunaire. Sa chemise blanche était tachée de terre. Des chaussures marrons bien cirées, James portait ce chapeau que son fils, âgé de vingt ans, lui avait acheté alors qu'il venait de recevoir une faible promotion. Les lèvres de Kat s'étaient étirées dans un sourire triste en repensant à l'histoire que son ami lui avait raconté. Comment cela était-il possible ? Il était en parfaite santé. Aurait-il été tué ? Pourquoi s'en prendre à un homme aussi apprécié et attentionné que lui ? Prise de panique, la jeune femme s'en était allée demander de l'aide.

C'est ainsi qu'elle s'était retrouvée chez Maddison, le corps et l'esprit complètement vidée. Kat avait besoin d'un réconfort moral, plus que jamais. Et elle avait trouvé cet aide chez la jeune femme de ménage, elle qui était cette sur que la vie ne lui avait donné. Quelques larmes avaient coulé le long des joues de la militante. Même les grandes femmes avaient leurs faiblesses et ressentaient des émotions. Les gens l'oubliaient souvent. Maddison connaissait James depuis fort longtemps. Si ce dernier souffrait de quelconque pathologie, elle aurait été informée. Quelque chose se passait ici et l'afro-américaine détestait ne rien savoir.

La petite ville, qui semblait avoir trouvé un semblant de calme et de sérénité, allait faire face à une nouvelle épreuve. Mais les choses allaient-elle s'arranger sans haine ni violence ?

Free MenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant