Un beau matin, Maddison prenait son habituel petit déjeuné de fortune, composé d'une tasse de café brulant et d'une tartine de pain. A peine avait-elle eu le temps de profiter de l'amertume, que lui apportait la boisson qui coulait dans sa gorge, qu'un bruit strident attira son attention. Le téléphone, accroché dans la cuisine, était actuellement en train de sonner. Chose qui avait le don de lui arracher un grognement de mécontentement. Outre le fait qu'un individu venait d'interrompre son rituel matinal, elle trouvait ce coup de fil étrange. Rare étaient les fois où Maddison recevait des appels, d'autant plus à d'aussi bonne heure.Elle s'approcha alors, avec réticence au fil des « ring » qui résonnaient dans la pièce. La jeune femme prit le combiné en main avant de l'approcher lentement vers son oreille. C'était donc après s'être raclé la gorge, évitant ainsi la voix enrouée du matin, qu'elle prit la parole :
« - Allô ? »
Un long et pesant silence se fit entendre. La jeune femme réitéra alors sa question, mais aucune réponse. Maddison se mit à hausser la voix, se doutant que cet appel était un simple canular. Ce fut alors qu'un grésillement arriva jusqu'à son oreille. Tout d'abord, le bruit était presque inaudible. Mais au fil des secondes qui s'écoulaient, le son devint de plus en plus fort, laissant enfin dévoiler une voix humaine. Le cur de Maddison palpitait dans sa poitrine, menaçant même d'y sortir. « Si cela était une blague, elle était de très mauvais goût », pensa-t-elle.
La voix, qui s'avérait être celle d'un homme, commença :
« - J'ai en ma possession quelque chose qui pourrait vous intéresser.
- Qui êtes-vous ? » Cracha Maddison, prise d'angoisse.
« - Une simple connaissance qui a la réponse à vos questions, à ces interrogations qui hantent vos nuits. »
A ces mots, elle tressaillit. Comment un inconnu pouvait-il connaître la raison de ses tourments ? Cela lui donna froid dans le dos.
« - Que me voulez-vous ? » Demanda alors la jeune femme, d'une voix tremblante malgré elle.
« - Veuillez-vous rendre devant votre palier. Une boite vous y attendra.
- Me rendre sur mon palier ? Une boite m'y attendra ? Me prenez-vous pour une cruche ? Qui me dit que le contenant de cette boite n'est pas une chose qui pourrait me nuire ?
- Et bien allez-y, et vous verrez. »
Ce fut les derniers mots de l'interlocuteur avant de raccrocher, laissant ainsi Maddison seule face aux tonalités de retour d'appel. Elle reposa le combiner, les mains légèrement tremblantes. Que devait-elle faire ? Devait-elle faire confiance à cet inconnu, au risque de se faire piéger ? Ou bien laisser sa méfiance prendre le dessus ? Elle n'eut le temps de réfléchir à tout cela, que son corps avait déjà fait son choix. Maddison avançait machinalement, lentement vers sa porte d'entrée, le cur battant, redoutant ce qui se trouvait derrière. Elle déglutit difficilement en découvrant une simple boite sur son pallier. Maddison prit le temps de regard les alentours, espérant apercevoir un signe ou autre. Mais elle ne vit qu'un couple de personnes âgées, marchant tranquillement main dans la main, enrobées dans le silence apaisant du quartier.
Cela faisait à présent dix bonnes minutes qu'elle observait fixement cette boite, posé sur la miteuse table de la cuisine. Rien ne lui était encore arrivé, ce qui était une bonne chose. Mais derrière toutes ses craintes se cachait une curiosité grandissante. « Quelque chose qui pourrait vous intéresser », avait-il dit. Ces mots résonnaient dans son esprit, encore et encore. Insatiablement, et cela la rendait folle. Maddison était hantée par cette envie de savoir, par cette curiosité nocive qui la consumait de l'intérieur. Elle se rua sur la boite, laissant ses vices prendre le dessus. Elle déballa le paquet comme on déballe son cadeau à Noël.
La jeune femme arrêta brusquement tout mouvement en voyant le contenu. Elle prit de ses fins doigts les clichés afin de les observer de plus près. Outre le fait qu'elle se trouvait fort absurde d'avoir été terrorisée par de simples photos, elle fut intriguée par ce qui se présentaient sous ses yeux.
La première image représentait un homme, grand et robuste, aux épaules larges. Il était vêtu d'un long manteau noir, d'un pantalon noir, de chaussures noirs et d'un chapeau de la même couleur. La jeune femme reconnu parfaitement l'endroit où se trouvait l'individu. Un chemin terreux que seul les habitant de Barbersville connaissaient. Le même endroit où James a été retrouvé, sans vie. L'homme était de profil et Maddison fut prise de panique lorsqu'elle reconnut ces traits familiers, ceux de Dustin Jefferson. Son agitation fut d'autant plus grande lorsqu'elle vit ce que la photographie lui présentait. Dustin, étouffant un homme que n'importe qui pourrait reconnaître grâce à son chapeau : James.
Ces clichés, qui portaient une triste vérité, glissèrent au sol. Après avoir poussé un cri de stupeur, Maddison recula de quelque pas avant de porter sa main à sa bouche, horrifiée. Une atroce vérité venait de se dévoiler à elle, contre son gré. Une réalité qu'elle ne pouvait garder pour elle. Elle n'allait pas rester ici, les bras croisés à ne rien faire. Ne pas laisser ses peurs et ses faiblesses s'emparer d'elle. Elle devait garder la tête haute, hors de l'eau, comme son père le lui avait appris. Il fallait agir, et vite.
Maddison savait exactement quoi faire.
VOUS LISEZ
Free Men
القصة القصيرةAlors que la petite ville de Barbersville vivait depuis plusieurs années dans la peur et la haine, Maddison, une jeune femme noire déterminée et bornée, va tenter de changer les mentalités des habitants de la commune. Lorsqu'elle y parvient, plusie...