Je fus réveillée par le crépitement d'une poêle et l'odeur alléchante du bacon grillé. Mes yeux s'ouvrirent aussitôt et je me redressai instantanément, toute ma fatigue s'étant envolée pour être remplacée par la faim. Je dirigeai mon regard vers la cuisine et aperçus Owen aux fourneaux.
Il remarqua que je m'étais levée et me sourit gentiment. Je lui rendis et allai m'asseoir à la table.- Oeufs et bacon, ça te va? me demanda Owen.
- C'est parfait, répondis-je en souriant.
- T'en veux combien?
- Oh, deux ça fera l'affaire, merci.Le soigneur fit glisser deux oeufs dans une assiette et y ajouta quelques tranches de bacon. Il me tendit l'assiette que je saisis et commençai à vider de son contenu après m'être pris une fourchette.
Owen me rejoignit assez vite et s'installa en face de moi. Nous mangeâmes en silence et je fus contente qu'il n'évoque pas ce qui c'était passé cette nuit. C'était à la fois horrible - jamais je n'avais fait de cauchemar aussi violent et effrayant - et magique - quand Owen m'avait prise dans ses bras.
Je secouai légèrement la tête pour chasser ses idées noires. Je n'allais pas les laisser gâcher ma journée!- T'aurais pas des endroits à me proposer pour dormir? demandai-je à Owen. C'est gentil que tu m'aies hébergée cette nuit, mais je ne vais pas rester vivre ici.
Le soigneur termina sa bouchée et avala une gorgée de jus d'orange avant de me répondre.
- Tu peux prendre la roulotte à côté si tu veux. Je l'ai trouvée sur l'île et je pensais m'en servir comme maison, mais j'en ai pas eu besoin avec le bungalow. Elle a juste besoin d'un bon ménage et elle serra fonctionnelle.
- Ce serait super! m'exclamai-je. J'aurai plus qu'à me faire livrer mes affaires par la poste et je pourrai emménager. Merci Owen.
- Mais de rien. On doit bien s'aider entre amis.Je fus touchée par ses propos. On ne s'était connus qu'hier et il avait déjà tant fait pour moi. Comment faire pour le remercier?
- Bon, donne-moi ton assiette, me dit Owen en se levant.
- Oh non, tu me donnes ton assiette, rétorquai-je en me levant aussitôt. C'est la moindre des choses que je fasse la vaisselle après ce que tu as fait pour moi. Va te préparer, je m'en occupe.Je ne lui laissai pas le temps de répondre et pris immédiatement son assiette et son verre pour aller les nettoyer.
Owen ne fit que sourire en coin avant d'aller dans sa chambre.
Lorsque j'eus fini la vaisselle, je partis m'habiller dans la salle de bain. Je revêtis les mêmes habits qu'hier, mais cette fois, j'attachai mes cheveux en une queue de cheval avec l'élastique que j'avais piqué sur le comptoir de l'hôtesse de renseignements.
Une fois que je fus prête, je sortis de la pièce et vis Owen entrain de remettre les coussins sur le canapé-lit maintenant refermé.- Tu es prête? me demanda le soigneur en levant la tête vers moi.
- On peut y aller, répondis-je.Nous sortîmes du bungalow et nous dirigeâmes vers la moto. Nous l'enfourchâmes et Owen la démarra après avoir mis la clé dans le contact.
Dix minutes plus tard, Owen gara le véhicule et nous débarquâmes. Nous nous dirigeâmes vers une genre de petite remise à côté de l'escalier grillagée qu'Owen déverrouilla, puis pénétra. Je m'arrêtai sur le pas de la porte, puisqu'il n'y avait de place que pour une personne. Je regardai sur quoi l'homme s'affairait et découvris une imprimante.
Lorsque les feuilles que le soigneur voulait imprimer furent prêtes, il saisit un objet posé sur la petite tablette au-dessus de l'imprimante - que je reconnus comme étant un pad - et y plaça les feuilles.
Voyant qu'il se retournait, je sortis de la petite pièce pour le laisser m'imiter. Il verrouilla la remise et se mit à marcher vers la cage communicante; je le suivis aussitôt. Nous y entrâmes et ce que je vis me stupéfia. Les quatre raptors étaient retenues par des muselières en acier dans l'habitacle tandis que le reste de leur corps se trouvait dans une caisse en métal derrière elles.
Barry était déjà là et caressait doucement la tête de... Charlie je crois.- Voilà les fiches de santé de chaque dinosaure, me dit Owen en me tendant le pad où les feuilles étaient retenues par une attache. Tu dois vérifier chaque case, sur chaque raptor. Je vais rester avec toi pour tes premiers examens et...
- Owen, le coupai-je gentiment, j'ai déjà examiné des animaux sauvages et je sais comment ça marche. Mais merci quand même!Je me retournai pour me retrouver face aux raptors. La première fiche de santé était celle de Blue, alors je me dirigeai vers elle. Lorsque je m'agenouillai pour tâter sa gorge, elle se mit à gronder méchamment, sans doute dans le but de me faire peur. Malheureusement pour elle, il en fallait plus que ça pour m'effrayer.
Tout ce que je fis c'est me redresser tout en lui murmurant des mots doux et la caresser. Je lui avouai qui j'étais et ce que je voulais faire pour la rassurer et ça sembla fonctionner puisqu'elle arrêta de grogner au bout d'un moment.
Je pus donc reprendre où je m'étais arrêtée et tâtai à quelques endroits précis pour m'assurer que le sang circulait bien et qu'il n'y ait pas de caillots qui bouchent les veines.
Tout allait bien.
Je lui fis ensuite passer le test des yeux. Ils réagissaient parfaitement. Je dus ensuite relever sa lèvre supérieure pour m'assurer que toutes ses dents étaient saines. C'était le cas. Blue ne tenta rien et ne se débattit pas une seule fois.
Alors que je passais à Echo, j'entendis les deux hommes qui m'observaient murmurer entre eux. Je n'y fis pas attention et continuai mon examen.
Lorsque j'eus fini les examens au niveau de la tête des quatre raptors, je dus passer au reste du corps.
Pour les trois premières, tout se passa comme sur des roulettes. Je les calmais en leur parlant pendant que je testais leur colonne vertébrale, mesurais leurs griffes et leurs queue, vérifiais la souplesse de leurs membres postérieurs.
Pour Blue, ce ne fut pas la même réaction que les autres. Quand elle voyait ce que je faisais, ça allait, mais quand elle ne savait pas ce que j'allais faire, ça la rendait nerveuse. Et un dinosaure nerveux est un dinosaure dangereux.
Je réussis tout de même à l'examiner, mais je n'en sortis pas indemne. Lorsque Owen me vit ressortir de la caisse avec une griffure à l'avant-bras, il ordonna à Barry d'aller chercher la trousse de secours.
Bizarrement, je ne sentais rien. Ni brûlure, ni élancement, rien. Alors, je fermai comme si de rien n'était les deux portes du conteneur métallique et me dirigeai vers Owen qui avançait à grande enjambée vers moi. Je lui tendis le pad qu'il repoussa de son épaule pour me saisir délicatement l'avant-bras et l'examiner. La blessure n'était pas assez profonde pour devoir recoudre, mais l'était cependant pour laisser une cicatrice.
Barry revint rapidement avec la trousse. Heureusement parce que la plaie commençait à me faire mal. Il m'administra des désinfectants tandis qu'Owen essuyait le sang sur mon bras. Je remarquai qu'il était doux et attentif autour de la blessure pour éviter de me faire mal. J'appréciai puisque j'avais réellement mal maintenant. Ma peau élançait beaucoup et je me retins pour ne pas gémir de douleur.
Barry finit par me bander l'avant-bras solidement et me dire que je ne devais pas trop forcer pendant les prochains jours.
Génial. Je venais de commencer et j'étais déjà blessée.
Barry nous laissa pour monter sur les passerelles. Je tendis de nouveau le pad à Owen, qui, cette fois, le prit.- Je peux savoir pourquoi t'as continué de l'examiner alors qu'elle t'avait blessée? demanda Owen avec reproche.
- Parce que, comme ça, je lui ai montré que je suis plus forte qu'elle le pensait, répondis-je en me dirigeant vers l'escalier. Je lui ai prouvé que ce serait pas une petite griffure qui allait m'empêcher de faire mon job.
- Une petite griffure? répéta l'homme en me suivant. Elle t'a carrément entaillé l'avant-bras!
- J'ai déjà eu de plus grosses blessures que ça, crois-moi.Je commençai à monter les marches mais Owen prit mon poignet non-bandé, ce qui me fit m'arrêter.
- Je veux bien que tu examines ces raptors, mais pas au point d'être blessée, m'avoua Owen. Si elle avait réussi à te toucher à un endroit vital, j'aurais fait quoi?
C'est vrai que, sur ce coup, je n'y avais pas vraiment pensé. Si Blue m'avait touchée dans le ventre ou à la tête, qu'est-ce qui serait arrivé ensuite? Ce mec avait le don de me faire sentir coupable.
- Écoute, je veux juste que tu sois plus prudente à l'avenir.
- OK. J'essaierai.
- Non, Olivia, je veux que tu me le promettes.Je fus surprise qu'il insiste autant. Il ne l'aurait probablement pas fait avec un autre employé, alors, pourquoi le ferait-il avec moi. Parce que je suis une femme?
-D'accord, abdiquai-je en balbutiant. C'est promis.