Je lissai ma jupe et me rendis à la porte. Je l'ouvris et me retrouvai face à un Owen souriant. Lorsqu'il me vit, ses yeux s'écarquillèrent et je ne sus dire si c'était de surprise ou d'admiration.
- Tu es... magnifique, me complimenta Owen.
- Merci, répliquai-je. Et t'es pas mal non plus.
En effet, le soigneur s'était vêtu d'une chemise blanche, dont les manches étaient roulées jusqu'aux coudes, surmontée d'une veste noire sans manches boutonnée sur son ventre. Son bas était constitué d'un jean noir et de souliers en cuir de la même couleur.
Owen me tendit la main. Je la pris doucement et il m'aida à descendre les deux marches qui me reliaient à la terre.
- Quel gentleman! lui fis-je remarquer en souriant.
- Je veux bien l'être pour toi, rétorqua-t-il, me faisant légèrement rougir.
À mon étonnement, nous ne nous dirigeâmes pas vers les motos mais vers la route.
- Tu comptes y aller comment à... Je sais même pas où va d'ailleurs, réalisai-je. Où est-ce que tu m'emmènes?
- Tu verras, répondit évasivement Owen.
Nous nous arrêtâmes sur le bord de la route et attendîmes quelques instants avant qu'une jeep noire ne fasse son apparition et freine devant nous.
Owen m'ouvrit la porte et me dit :
- Après toi.
Je montai dans la jeep et m'assis. Je bouclai ma ceinture et lorsque je relevai la tête, je rencontrai le regard rieur de Barry.
- Mais c'est une blague! m'exclamai-je en riant alors qu'Owen prenait place à côté de moi, un sourire scotché aux lèvres. T'es sérieux?
- Il s'est gentiment porté volontaire pour être notre chauffeur pour la soirée, se défendit mon rencard.
- Il s'est gentiment porté volontaire ou tu l'as gentiment forcé à le faire?
- Peut-être un peu des deux...
- C'est pas grave Olivia, renchérit Barry en recommençant à rouler. Ça me fait plaisir et comme ça, je vais pouvoir vous surveiller.
Comprenant ses allusions, je levai les yeux au ciel. Je me mis ensuite à regarder dehors, dans l'espoir de deviner où Owen m'emmenait.
Je remarquai qu'on se dirigeait vers le centre du parc, là où il y avait les magasins et les restaurants. Je déduisis alors qu'Owen avait réservé des places dans l'un d'eux. Je me demandais bien lequel.
Lorsque nous fûmes arrivés à destination, je débarquai par moi-même de la voiture, ce qui fit râler Owen qui n'avait pas eu le temps de se rendre de mon côté. Sa réaction me fit rire. Il me proposa ensuite son bras pour se rattraper et je le saisis. Nous marchâmes jusqu'à l'entrée d'un restaurant - j'avais vu juste - dont plusieurs baies vitrées géantes servaient de mur. On pouvait donc voir ce qui se passait dans le restaurant.
Nous pénétrâmes dans la bâtisse et un serveur vint de suite nous accueillir. Owen lui dit qu'il avait réservé une table pour deux. Le serveur regarda dans les réservations et trouva la bonne. Il nous demanda de le suivre et nous conduisit jusqu'à une table près d'une piste de danse. Un DJ faisait jouer un air doux et romantique.
C'est alors que je remarquai que le restaurant était chic et glamour. Le sol - à part la piste de danse - n'était qu'un très grand tapis rouge vin. Les tables étaient faites du même bois franc peint que les chaises dont les sièges étaient recouverts de coussins et les dossiers, hauts.
Owen tira ma chaise et je m'assis, puis m'avançai. Le soigneur alla prendre place en face de moi et le serveur nous demanda si nous voulions commencer avec du vin. Owen accepta.
- Lequel vous ferait plaisir? questionna le serveur.
- Du blanc...
Owen me jeta un coup d'oeil pour savoir si j'approuvais et je confirmai d'un hochement de tête.
- S'il vous plait, termina le soigneur.
Le serveur partit et nous nous mîmes à parler de tout et de rien.
- Tu te plais ici? me demanda Owen.
- Oui, c'est génial. J'adore travailler avec les raptors et j'ai l'impression qu'on se comprend de mieux en mieux. Et tout ça, c'est grâce à toi.
- Grâce à moi?
- C'est toi qui m'as permie de rester donc, c'est grâce à toi si je suis encore là.
Je lui souris et il me le rendit. Notre vin arriva ensuite et nous pûmes commander. J'avais eu le temps de regarder le menu et j'avais décidé de prendre un rigatoni au gratin. C'était des pâtes rigatoni, mais recouvertes d'une sauce rosée, gratinées avec du fromage mozzarella et assaisonnées de fines herbes. Owen prit la même chose que moi.
Pendant que nous attendions nos repas, nous parlâmes de nos vies passées. J'appris qu'il avait été dans la Navy et qu'Hoskins et lui avaient dû travailler ensemble une fois. De mon côté, je lui racontai ma vie au zoo, ce que j'y faisais et comment je le faisais. Lorsqu'il sut pour les jaguars et l'éléphant, il me demanda comment je m'en remettais et je le rassurai en disant que je n'avais plus aucune séquelle de ces évènements.
Le plat fut délicieux. Les pâtes étaient cuites à la perfection, la sauce, exquise, et le fromage, fondant à souhait.
Alors que le serveur venaient de prendre nos assiettes sales, Owen se leva et s'approcha de moi.
- Une petite danse, ça te dit? me proposa-t-il.
- T'es sérieux?
- Ils ont une piste! Pourquoi on ne pourrait pas l'essayer?
Je pesais le pour et le contre et finalement, j'optai pour le pour. Ça pourrait être amusant.
Je me levai à mon tour et le suivis sur le parquet.
- Je dois te prévenir que je n'ai pas dansé depuis longtemps, donc il se pourrait que je te marche sur les pieds, lui dis-je alors que nous nous placions.
- Détends-toi et profite, me répondit Owen en souriant.
La musique changea. Une symphonie que je ne connaissais pas emplit la salle.
Certains regards étaient tournés vers nous mais je m'en fichais. Le mien était rivé dans celui d'Owen qui me faisait valser. En ce moment, il n'y avait plus que nous deux dans la salle, et personne d'autre. Nos mouvements étaient synchronisés et fluides, comme si nous avions fait ça des milliers de fois.
Puis, le rythme de la musique se modifia. C'était comme des montagnes russes. On monte, puis on descend. Elle montait, puis descendait.
Owen prit alors de l'initiative et commença à me faire tourner. Ça ne m'était pas complètement étranger puisque, dans ma jeunesse, j'avais fait de la danse contemporaine.
Mon partenaire me lâcha et je m'éloignai en tournoyant. Puis, la musique cessa et j'arrêtai de tourner. Owen et moi étions face à face, chacun d'un côté de la piste. Lorsque je pressentis que la musique allait revenir en force, je courus vers le soigneur qui mit ses mains sur mes hanches et me souleva dans les airs. La musique revint exactement au même moment et l'homme se mit à tourner sur lui-même, toujours en me portant.
Quand la musique ralentit, le soigneur me redescendit petit à petit jusqu'à ce que mes pieds touchent le sol en même temps que la dernière note de la symphonie.
Nous étions collés l'un à l'autre, front contre front, les yeux fermés, reprenant notre souffle. Mes mains étaient sur son torse et les siennes, toujours sur mes hanches.
C'est un tonnerre d'applaudissements qui nous sortit de notre transe. Les autres clients nous avaient regardés et avaient apparemment apprécié le spectacle improvisé.
Owen et moi nous décollâmes pour saluer en riant le public qui n'était pas sensé en être un. Nous retournâmes ensuite à notre place.
La soirée se termina bien. Nous retournâmes à la jeep après qu'Owen ait payé, malgré ma protestation. Barry avait dû aller manger ailleurs en attendant notre retour.
Je regardai par la fenêtre pendant le chemin du retour. Ma main gauche était à plat sur le banc. Je n'y prêtais pas attention jusqu'à ce qu'une main, plus grande que la mienne, vienne se poser dessus. Je tournai la tête, surprise, pour voir Owen détourner la sienne exactement au même moment pour regarder à l'extérieur.
J'étais étonnée par son geste. Cependant, je ne dégageai pas ma main. Pour une raison que j'ignorais, je fis le contraire. Je retournai ma main pour que nos deux paumes soient collées et serrai la main de l'homme.
Je fis comme lui et tournai la tête pour regarder dehors au moment où il le fit pour m'observer. Je détectai son regard ardent braqué sur moi encore un petit moment avant de sentir une pression sur ma main. Il l'avait serrée à son tour.
