Chapitre 4

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Irina ouvrit les yeux. Andrew n'était plus là. Elle soupira, puis remonta la couette au dessus de son visage. Quelle nuit...ce premier jour de travail ne s'était décidément pas déroulé comme prévu. Elle passa en revue les différents éléments de la veille. L'arrivée à l'Entreprise, où un énorme chien lui avait aboyé dessus et avait tenté de la mordre, suivie de la visite des locaux, toute la paperasse à remplir en compagnie de la secrétaire de son nouveau patron, puis retour à la chambre d'hôtel où elle allait se préparer avant de recevoir par implant le faire-part de sa première réunion en tant que tueur professionnel; pour finalement sortir de celle-ci accompagnée par un nouveau collègue, qu'elle avait apprit à connaître autour d'un verre de vin avant de remonter à son hôtel accompagné de l'individu et de passer la majeure partie de la nuit avec lui. D'ailleurs, quelle heure était-il? Elle activa son implant. 7h39. Bien. Ses visites pour trouver un appartement n'étaient prévues qu'à partir de 10h.

Entendant de l'eau couler, elle jeta un coup d'oeil vers le fauteuil, ou se trouvait toujours le costume d'Andrew, plié avec soin. Elle se remémora la veille, la manière dont il avait enlevé ses vêtements, ses gestes impeccables, précis, avant de les plier et de les déposer sur ce fauteuil, et esquissa un sourire. Il avait été plutôt bon amant, cette nuit. Et elle ne disait pas cela à la légère. Elle attrapa son sac, posé au pied du lit, fouilla avant de mettre la main sur son paquet de cigarettes. Elle en tira une de la boîte, la porta à ses lèvres, avant de chercher un briquet. Tâtonnant désespérément, elle n'entendit pas l'eau s'arrêter de couler et releva les yeux, surprise, lorsque Andrew laissa passer le haut de son corps par l'encadrement de la porte, le regard amusé.

-Tu ne sentais pas la cigarette hier, dit-il en s'installant à ses côtés après avoir tiré miraculeusement un briquet de sa poche de veste, qu'il présenta à la jeune femme.

-J'essaie d'arrêter depuis quelques semaines.

-Ça tombe bien, j'ai arrêté d'essayer, répliqua-t-il en allumant la cigarette d'Irina avant d'en prendre une du paquet.

Elle le regarda, une lueur moqueuse dans les yeux, puis tira une bouffée de sa cigarette. La douleur familière qu'elle ressentit alors dans sa gorge la détendit aussitôt. Cela lui avait manqué...elle se retourna vers lui, laissa un instant ses yeux dériver sur son corps presque nu. Depuis combien de temps n'avait-elle pas partagé son lit avec un homme autrement que dans le cadre de son travail? Elle n'arrivait hélas pas à le dire...

-Pourquoi baisser les bras? Je ne pensais pas que tu étais du genre à abandonner, relança Irina.

-Le manque de nicotine me rend nerveux, je n'arrive pas à me concentrer correctement sur mon travail, et ce déficit d'efficacité est extrêmement frustrant. J'imagine, dit-il, un rictus satisfait apparaissant sur son visage, que tu apprécies également quand le travail est bien exécuté, Irina Dorotchev.

Elle se raidit aussitôt, un frisson remontant le long de son échine. Comment pouvait-il être au courant? C'était impossible! Les tueurs professionnels n'étaient connus que par leur prénom, leurs noms complets étant camouflés dans leur intérêt et celui de leurs familles, et puis, elle venait juste d'être recrutée, alors comment?!

-Irina Dorotchev, ex-agent spécial de renseignement au service de la Sphère, s'est reconvertie dans l'assassinat suite à une mission ayant mal tourné dans l'ancienne ville de Saint-Pétersbourg il y a trois mois, où sept hauts-gradés du Parti rouge ont été retrouvés morts dans leurs chambres respectives du Belmond Grand Hotel, tués par l'agent infiltré responsable de leur filature, faisant ainsi échouer la mission. Apparemment, ajouta-t-il, taquin, tu as trouvé bien plus de plaisir à tuer qu'à espionner, my dear.

-Comment es-tu au courant, cracha-t-elle, s'éloignant aussitôt de lui.

-Du calme, du calme. Disons que le renseignement est un hobby que je ne peux me résoudre à abandonner. J'apprécie avoir plusieurs coups d'avances. Et, pour ta gouverne, ma dernière cible travaillait aux archives de la Sphère. Elle m'a prévenue de ton arrivée quelques heures avant la réunion, sans oublier les formulaires d'embauche que j'avais remarqué sur le bureau du patron, ce matin.

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