Chapitre 7

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Quatre heure moins le quart. Un baillement, une tasse de café et des paupières tombantes. Francis venait de passer la majeure partie de la nuit à visionner les images qu'ils avaient enregistré pendant la réunion de la veille. Il observait visage après visage, surveillant geste par geste, analysant chaque rictus, expression ou quelconque signe pouvant trahir l'espion. L'heure passée à décrypter le comportement d'Andrew lui avait été fatale. Toujours à garder son calme et son sérieux, qu'importe la situation...il ne savait plus quoi penser. Que cherchait-il, déjà? Un espion parmi ses assassins? Quelle idée. Il n'aurait pas eu ce problème avec ce bon vieux Anton; lui au moins ne causait jamais de problème, contrairement à certains. Épuisé, il alluma la télévision, passant de chaîne en chaîne. Toujours aucune nouvelle de cet escadron fantôme. Bien. Le répit avant la tempête sans doute. Il regarda distraitement son implant, sirotant son café, déjà froid. Un message. C'est vrai, il avait oublié de prévenir Marianne qu'il ne rentrait pas ce soir. Sa femme allait sûrement le tuer. Enfin, il préférait que ce soit elle plutôt qu'un militant anti-gouvernement. Un message vocal à présent. Il l'ouvrir distraitement, le nez toujours plongé dans son café.

Francis? C'est Alice.
Je suis avec Luis, on a fait des recherches sur l'escadron, comme tu nous l'a demandé avant de partir. On va t'envoyer un lien en provenance du dark web, utilise ton ordinateur pour l'ouvrir. Je pense qu'il faut que tu vois par toi même. Rappelle moi plus tard.

Il soupira avant d'ouvrir ses mails. Cette fille n'avait pas changé d'un pouce depuis le jour où il l'avait recueilli. Quel âge avait-elle à ce moment là...dix-sept ans? Quinze? Qu'importe. Elle était bien trop jeune de toute façon. À la vue de l'une des plus grandes tueuses de l'Entreprise, beaucoup auraient éprouvé une crainte inimaginable. Pourtant, Francis gardait le souvenir d'une adolescente amaigrie, la peau sur les os, des éraflures parcourant ses membres. Une personne l'ayant connu à cette époque ne l'aurait point reconnu. Mais elle restait et restera toujours aux yeux de Francis cette petite chose brisée au regard avide de sang, miroir d'une haine sans nom, inexplicable. Il l'avait trouvée seule, étendue dans une ruelle de l'ancienne Paris. Et pourtant, après toutes ces années, il n'avait jamais réussi à savoir ce qui avait amené une gamine à vivre seule dans la rue. Alice restait étonnamment silencieuse en ce qui concernait ses origines, voire sa vie en général. Certes, elle partageait des anecdotes concernant les derniers films au cinéma ou détaillait avec précision le repas de la veille, mais la jeune femme se refusait à évoquer serait-ce qu'une trace de son passé. Enfin, depuis le temps, cela n'avait plus d'importance. Il regarda son implant. Quatre heures et quart. Il soupira et laissa sa tête reposer contre l'acajou de son bureau. Il pouvait bien prendre une petite pause...

***

- Patron?

L'intéressé grogna, entrouvrant un oeil et le refermant aussitôt, aveuglé par les rayons du soleil.

- Quelle heure est-il, maugréa Francis.

- Il est midi patron. Vous avez passé la nuit ici, demanda une voix douce.

Midi, déjà? Il se releva péniblement, massant sa joue. Ne plus jamais s'endormir sur une surface en bois, pour le bien de sa mâchoire. Il observa la nouvelle venue. Des cheveux bruns noués en un chignon négligé mettaient en valeur des yeux gris foncé, presque noirs, ainsi qu'un nez effilé et des pommettes saillantes. Sa silhouette légèrement arrondie se distinguait sous un chandail crème et un pantalon sombre, une tenue plutôt sobre et sans autre accessoire qu'une petite croix dorée accrochée autour du cou. Il sourit.

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 13, 2019 ⏰

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