Andrew était ravi. Chacune de ses altercations avec Yvette étaient riches en renseignements, elle lui faisait confiance. Elle savait probablement tout sur lui, après tout, c'était le travail de la secrétaire du patron. Enfin, tout, sauf cette dernière proposition qu'il venait de recevoir par implant. Une proposition très intéressante...qu'il devrait cacher à tous, pour plus de sécurité? Il observa le cadavre encore chaud à côté de lui. Il préférait les missions de nuit d'habitude. Plus discrètes. Mais celle-ci s'était avérée très intéressante.Comme à son habitude, Andrew était entré prendre une tasse de thé chez sa cible, une femme en apparence bienveillante, puis avait commencé son interrogatoire, auquel elle avait répondu avec un plaisir naïf, presque ensorcelée par ses charmes. Tellement simple. Puis une fois qu'il avait obtenu les renseignements nécessaires, il annonçait à sa victime future qu'il prenait congé, avant de revenir la tuer pendant une période précise, entre la fin de soirée et la nuit.
Il regarda l'horloge accrochée au dessus de l'encadrement de porte de la cuisine. 20h26. Il l'avait tué exactement à l'heure indiquée. Un couteau pour trancher la jugulaire, au dessus d'un évier ou d'une baignoire de préférence, tel était le secret d'une mort efficace et rapide. Pas instantanée, mais rapide. Sa formule spéciale soirée à la maison. Pour ce qui était de tuer les cibles dans leur sommeil, il préférait œuvrer entre 3h et 5h du matin, lorsque le sommeil se faisait le plus profond. Il pouvait alors injecter un poison, faisant partir la victime sans douleur, ou lui tranchait la gorge dans son sommeil, selon le souhait du commanditaire.
Certaines personnes le surnommaient le Gentleman, mais, dans son service, un nom était pendu à toutes les lèvres; une réputation, forgée au fil du temps; un qualificatif, l'emplissant de fierté : L'Assassin. Il n'était pas comme cette sauvage, suivant les pas de son employeur comme ceux de Dieu, tel un chien, fidèle à son maître. Il avait du style. De l'élégance. Du charisme. Et il faisait son travail avec plus de classe qu'elle. Alors diable pourquoi tout le monde n'en avait-il qu'après elle? Cette femme le rendait fou. D'un côté, répulsante...mais de l'autre...furieusement désirable. Un corps taillé sur mesure pour le meurtre, d'une étrange harmonie au premier regard, des courbes parfaitement dessinées, d'une précision exemplaire, presque irréelle. En contraste total avec son esprit quelque peu...dérangé. Et puis...tant de secrets...d'où venait-elle? Que cachait-elle derrière ce masque de folie pure? Le collecteur d'informations qu'il était résistait avec bien du mal à cette proie divine.
Vérifiant que la femme s'était bien totalement vidée de son sang au dessus de l'évier, il allongea le corps sur le carrelage de la cuisine, puis sortit de la poche de son veston un mouchoir, dont il se servit pour essuyer le couteau de cuisine. Il préférerait ne pas tâcher son costume de travail, son pressing étant actuellement fermée suite à l'assassinat de sa propriétaire. Quelle ironie. Une femme absolument charmante, qui faisait un travail remarquable. Dommage.
Il s'apprêta à sortir, enlevant de sa manche un grain de poussière provenant très certainement de son imagination, lorsqu'il remarqua un cadre, dans le vestibule. Il reconnaissait la jeune femme dessus, pour l'avoir vue plusieurs fois sur les écrans de la ville. Il avait cru comprendre qu'elle était la fille de sa cible, après avoir discuté avec cette dernière. Était-ce une jalouse de la fille qui avait commandité l'assassinat de la mère? Ou la fille elle-même? Il ne le saurait probablement jamais. Aucun assassin ne connaissait l'identité du commanditaire à moins que celui-ci ne consente à ce que son nom soit divulgué. Une sonnerie. Il regarda son implant. Apparemment, tous les assassins étaient convoqués d'urgence pour une réunion concernant L'Opération. Il récupéra son parapluie, adossé contre l'escalier menant à l'étage, puis sorti. Un taxi l'attendait en face de la maison.
- Je vous ramène chez vous comme d'habitude, monsieur?
-Pas ce soir, mon cher Arthur, répondit-il avec son flegme habituel. Conduisez-moi au croisement de la 9e avenue et de la 13e rue, je vous prie. Réunion imprévue.

VOUS LISEZ
Contact
ActionAVIS *Vous êtes un particulier et vous aimeriez vous débarrasser d'une société concurrente? D'un politicien pouvant gêner vos affaires? De l'amant de votre femme? De votre père ou votre mère pour toucher l'héritage? Tout cela en restant dans la plu...