I. Préface

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Je croyait être réveillée.

J'entendais le silence qui régnait autour de moi. Il m'enveloppait comme une écharpe de brume qui effaçait tout bruit, si minuscule qu'il fut. Mon ventre montait et descendait au rythme de ma respiration. Je sentait bien mon corps sous la lourde couette. Je pensais que mes yeux pouvaient voir autour de moi, que mon corps pouvait bouger. Il faisait si sombre...
Je croyait avoir les yeux fermés.

C'était faux.
Je n'y voyait juste rien du tout. Autour de moi tout était noir. J'avais beau écarquiller les yeux en fixant le plafond, ça ne m'aidait pas. Ma respiration s'accéléra tandis que j'essayais de bouger mes bras et mes jambes.

Tout mes membres étaient comme pris dans du ciment.
Et ce noir qui m'entourait...

Je poussa un cri.
Aucun son ne sortit de ma bouche.
Bouge, je t'en supplie, bouge...

Un poids lourd sur ma poitrine se fit sentir. J'avais l'horrible impression que quelqu'un était là, assis sur moi, et un immense sentiment d'impuissance car je ne le voyait pas. Ce poids devint de plus en plus lourd et j'eut bientôt du mal à respirer. Respirer... je ne savait plus ce que c'était. Je voulait savoir ce qui était sur moi.
Une main ? Quelqu'un ? Un monstre ?

Je me répétais en boucle que c'était juste un cauchemar. J'en fut vite persuadée.

Seulement, il durait trop longtemps et je semblait bien trop éveillée. 
Sans pouvoir bouger, sans pouvoir hurler, j'étais perdue dans ma chambre qui semblait plus noire que jamais.
Elle devenait plus hostile de minute en minute.
Un bruit ? Un monstre ? Quelqu'un ?

Un monstre ?


~

Bip-bip !  Bip-bip !

Le réveil me sortit violemment de la léthargie du sommeil. Je me redressa lentement.

Bip-bip ! Bip-bip !
Oh tais-toi...

Bip-bip ! Bip-...

J'éteignit cette sonnerie infernale d'un coup de poing tandis que quelques souvenirs de cette nuit remontaient dans mon esprit.
Je me frotta les yeux et regarda mon réveil. 6h02.
Déjà ?
Je secoua la tête en essayant de faire le vide a l'intérieur.

Je me leva doucement, histoire de ne pas me blesser, on ne sait jamais.
Dans la salle de bains, je fixa un long moment mon reflet puis je me passa de l'eau au visage comme si ça pouvait effacer ces traces rouges étranges qui s'y trouvent. Je ne toucha pas à mes cheveux qui formaient un espèce de nuage marron-orangé autour de ma tête.
Encore emmêlés

Lorsque je fut de retour dans ma chambre, j'enfila un gros pull et un jean noir qui comportait plus de trous que de matière. J'attrapa mon sac et sortit. 6h31.
Une minute de retard.

J'avançais d'une allure rapide dans la rue, mes écouteurs vissés sur mes oreilles.
D'abord tu dois tourner a gauche, puis aller tout droit jusqu'au café H&A, là tu dois tourner à droite, puis tu avance tout droit jusqu'à la porte en fer noir.

J'appuya sur une sonnette près d'une plaque dorée accrochée au mur de béton sale. Mon visage se tordit en une grimace de dégoût mélangé a de l'appréhension pendant que je montait les marches en bois de l'immeuble ancien. Ces marches craquaient beaucoup. Difficile de passer inaperçue.
Cet escalier était très ancien, il tournait autour d'un minuscule ascenseur aux barreaux de fer noir qui me faisait peur. Des tableaux, dorures et ornements recouvraient les murs, ces grands murs qui n'en finissaient pas. Il y avait aussi une barrière tout le long de l'escalier, des deux cotés. Une simple barrière sculptée pour prévenir d'éventuels chutes sur cet ascenseur si vieux que plus personne ne l'empruntait.
Enfin je croit...

Arrivée tout en haut, je souffla. Ils n'avaient pas fait les choses a moitié, leur but était peut être de m'épuiser... Moi et tout ceux qui étaient contraints de venir ici. Je savait qu'il fallait venir, pourtant rien ne m'y obligeait. Mais il le fallait.
Rien ne m'oblige à vivre non plus.

Je secoua la tête pour avoir les idées claires avant d'entrer. Ma main tremblante s'approcha de la porte mais je l'abaissa aussitôt et regarda ma montre. 6h58.
Tu veux donc avancer ton châtiment ? Attends ces deux minutes.
Toute tremblante, je me tenait devant cette porte. J'aurais voulu courir, m'en aller... mais je ne pouvais pas. Mes pieds étaient cloués ici, prêts à attendre ces deux minutes sagement. Puis toquer, ouvrir la porte, s'assoir.
Dire bonjour,
dire bonjour

Et dire bonjour.



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Merci d'avoir lu ce premier chapitre !
Il est peut être trop court.... les prochains seront plus longs je pense.
Je sais que ça fait longtemps que je n'ai rien écrit, il m'a fallu un temps pour comprendre pourquoi je détestait tant mes anciennes histoires...
Maintenant c'est réglé et je me plonge dans l'univers étrange qu'est celui d'un de mes personnages préférés, Aphnae.
J'espère que ça vous a plu !
La suite arrive bientôt...
Esther.

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