X. Cauchemar

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Je m'étais endormie très rapidement, les images de cette journée terrible tournoyant dans ma tête. Tout cela m'avait épuisé.

~~

Bip-bip !

Bip-bip !

Bip-...

Encore à moitié endormie, je mis un coup à mon réveil. Sans ouvrir les yeux, je me remit au milieu de mon lit, et me remémorai la soirée d'hier. En me souvenant que mon père était rentré, je sourit et me levai lentement.

Je jetai un coup d'oeil à ma montre.
6h37
Ça fait sept minutes qu'il a sonné ?
Je suis
fatiguée.

J'ouvrit ma porte sans un bruit et sorti. Dehors, les soleils n'étaient pas encore totalement visibles, et le ciel était rouge. Je trouvais ça vraiment beau.
Je marchai alors vers la salle de bain sans quitter cette vue du regard. Je failli me prendre le mur et poussa la porte.

Je me déshabillais en faisant des efforts pour ne pas regarder mon reflet -que je détestait-, mais une fois sous la douche chaude, je ressenti une douleur intense au niveau des cicatrices sur mes joues. Ma vue était brouillée d'une couleur rouge. J'arrêtai l'eau et me tournai vers le miroir. Horrifiée, je découvrit que les quatre cicatrices en dessous de mes yeux étaient rouvertes, et du sang en sortait par petites gouttes. Trempée, je sortis de la douche, saisis une serviette blanche et mis ma tête dedans.

Elle est devenue rouge.
Totalement rouge ...

Ça me faisait tellement mal que je croyait que j'allais m'évanouir. Des pleurs remplacèrent peu à peu le sang qui s'était arrêté de couler. Le visage tordu de douleur j'enlevai la serviette qui s'était collée à mes plaies délicatement.
Le miroir me renvoyai l'image d'une folle trempée, nue et le visage en sang.
Je n'avais pas l'impression que c'était réellement MOI.
Moi ?

Quoi ?
Eux ? C'était moi ?

Je me demandais comment ça avait pu arriver. Pendant la nuit ? Impossible... j'avais dormis tout le long. J'en étais certaine...
Je commençais à me demander si j'étais devenue complètement folle, si c'était moi qui me faisait ces horreurs à chaque fois.

Car à chaque fois que ces blessures cicatrisaient, le même cauchemar recommençait. Mais ce jour-là, j'avais oublié.
Et ça me faisait tellement mal de m'en souvenir, de me souvenir que tout cela arrivait sans que je ne puisse y faire quoi que ce soit.

Je pleurais en me regardant dans le miroir. Je n'en pouvais plus de devoir souffrir ainsi.
Qui pouvait m'en vouloir au point de mutiler mon visage ?
Un démon tapis dans l'ombre de ma chambre ? Les voix terribles qui me hantent et me parlent ?
... moi-même ?

Je me levais du sol de la salle de bains et ouvrit un placard. Les doigts tremblants, je pris des pansements et les mis sur mes cicatrices comme je pouvais. De l'eau ruisselait de mes cheveux trempés et une petite flaque rougeâtre s'agrandissait à mes pieds.
En regardant de plus près, on aurait dit que ça avait été fait avec une précision chirurgicale : les traits étaient nets et pas très profonds. Sous chaque oeil j'en avait deux et ils se trouvaient à la même distance des deux cotés.

Je mourais de peur.

Tu es si faible,
Regarde toi.

J'avais l'impression d'être victime des événements, de n'avoir aucun contrôle.

J'ai pas peur.
Moi ? C'est moi qui ai fait ça ?
Tu as peur de NOUS, Aphnae ?

Tu es faible.

Au milieu de mes pleurs, je chuchotais :
- Je n'ai pas... peur de vous...

Je mis mes cheveux dans mon dos, laissai alors tomber l'idée de prendre une douche et me sécha rapidement. J'enroulai une serviette autour de moi et sortit.

Mes pensées étaient embrumées, j'arrivais juste à marcher sans penser. En regardant vers la baie-vitrée, le rouge du ciel me parut beaucoup moins beau, j'avais l'impression de voir du sang couler sur les murs des gratte-ciel au loin, et sur les murs blancs de l'appartement. Au moment d'entrer dans ma chambre, je me souvint que mon père était surement réveillé et qu'il m'avait vu.
peut-être
Je me retournai en panique, mais il n'y avait personne dans le salon, ni dans la cuisine. Soulagée, je rentrais.

Et je vis à cet instant ce qui m'avait échappé au moment de mon réveil.
Mon oreiller était taché de sang encore frais, ainsi que ma couette à quelques endroits. Je croyait voir une scène de crime.
En état de choc et sans vraiment réfléchir, je me dépêchai de changer les draps. Je le fit en un temps record, malgré la douleur que m'infligeaient les blessures à chaque mouvement de mon visage. Je m'assis sur le bord de mon lit en me demandant comment cacher ça à mon père. Je n'avais pas du tout envie de l'inquiéter encore plus.
Mais il s'inquiètera.
tout est de ta faute,

Tu est folle.
Tu va le rendre tellement triste...

Je me remis à pleurer. Pourquoi ça m'arrivait à moi ? Je voulais me réveiller de ce cauchemar, mais c'était impossible.

Et oui, c'est la vraie vie.
Et tu gâches tout.
Même dans la...
vraie vie.

Je regardai ma montre.
7h02.

Quoi ? Déjà ?

Le temps avait passé si vite, je n'en revenais pas. J'enlevai ma serviette et m'habillai rapidement. Un jean noir, un T-shirt noir. Simple, efficace. Je pris un sweat a capuche gris dans ma main puis sorti de ma chambre. Je regardai alors partout. C'est bon il n'est pas sorti. J'avais tellement honte de moi. Et peur qu'il me voit. Je ne savait même pas quoi lui dire...

Je m'approchai lentement de sa chambre et poussa la poignée doucement. Il était encore dans son lit, en train de dormir. Il avait l'air tellement paisible, je ne voulais pas qu'il me voit, je ne voulais pas qu'il soit triste.

Il le sera,
tu ne sait faire que du mal aux personnes qui t'aiment.

Je refermais doucement la porte, le laissant rêver encore un peu avant de devoir faire face à sa malade de fille.

Perdue dans mes pensées, je restai plantée en face des baies vitrées. Le jour se levai peu à peu, on voyait un soleil émerger de l'horizon au loin, puis un autre quelques minutes plus tard. Le ciel n'était plus rouge, il devenait bleu clair peu à peu et il n'y avait plus une seule goutte de sang sur les murs de l'appartement. Mes joues me faisaient mal, très mal.
Je ne pleurais plus.

Après plusieurs longues minutes de contemplation, je sorti de mes pensées et me dirigea vers l'autre extrémité de la grande pièce.
Arrivée en face du grand mur blanc à coté du salon, je mis ma main sur la tablette incrustée dans le mur, et dans un bruit sourd, le mur se sépara en deux.

J'entrai.
Le mur se referma derrière moi.

ça m'avait manqué.
moi je déteste.

tais-toi.

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Merci d'avoir lu ce chapitre !
J'espère qu'il vous plaît, vous pouvez me donner vos avis en commentaire pour que je m'améliore.

Le dessin d'Aphnae est de moi, voici mon insta : vic.art_2

Σsτher.
🌻

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