Jack
- Je suis rentré ! m'exclamé-je en franchissant le seuil.
Une faible toux rauque me répond. Mon pouls augmente à l'inverse de ma démarche qui se fait plus lente, calculatrice.
-Frannie ?
Un murmure me répond.
-Frannie !? paniqué-je en laissant tomber mon sac à dos sur le carrelage gris de l'entrée.
Je claque la porte et grimpe les escaliers quatre à quatre. Le bruit de mes pas se répercute sur les marches en acier.
Une plainte douloureuse fend l'air. Mon cœur s'affole et mon rythme cardiaque monte en flèche. Je pousse la porte de la chambre de ma sœur où l'Irobot s'affaire à nettoyer le sol. Je ravale le flot d'injures qui me monte à la gorge. La boite de teinture s'échappe de mes mains.
Frannie est étendue sur la moquette rose, maculée de tâches plus sombres. L'odeur du sang m'assaille mais je ne défaille pas. Pour elle, pour maman et pour toutes les femmes à qui s'est arrivé. Mais surtout pour ma sœur, au cas où elle viendrait à reprendre conscience.
Je la prends délicatement dans mes bras. Elle a pratiquement les yeux clos, mais je peux nettement discerner qu'ils sont vitreux, vides de sens, dénués de vie. Elle a le menton tâché de rouge et une main couverte de sang dont la couleur est venue salir le ruban blanc que maman lui affectionnait tant. Sa robe d'été a virée au cramoisi.
-Frannie, est-ce que tu m'entends ?
Mais elle ne répond pas, le regard perdu dans le vague. J'essaye de ne pas laisser mon impulsivité prendre le dessus.
Soudain, ses yeux se révulsent et du sang s'échappe de son nez.
-Non ! Non ! Frannie ! Frannie s'il te plait ! Je suis là ! C'est Jack ! Frannie ! Tiens bon, je t'emmène à l'hôpital ! débité-je en courant jusqu'à la porte d'entrée, le souffle court, ses membres ballotant dans le vide.
L'Irobot me prévient qu'il a appelé les secours mais je ne l'écoute pas.
Je sors dans la rue et me met à courir plus vite que mon corps ne me le permet. Je file jusqu'à l'hôpital, ma sœur mourante dans mes bras, implorant le monde de la laisser tranquille.
Je n'écoute rien. Le docteur me parle mais mes oreilles n'entendent plus ce qu'il dit. Je suis déconnecté de ce monde. Ce monde cruel... Je veux des nouvelles de Frannie. Il faut que je la voie. Je veux être certain qu'elle s'en sorte indemne, même si je sais que c'est trop demander.
Mais si elle venait à mourir... je veux pouvoir lui dire adieu. Ne pas revivre ce cauchemar d'il y a des années.
Autour de moi, les médecins et les infirmiers s'activent et je ne sais pas à quel moment celui qui tentait de me rassurer s'en est allé. Des amis de patients demandent des nouvelles ou bien attendent sur une chaise, leur visage tordu d'inquiétude planté sur le communicateur mural qui dévore une partie du mur.
L'automate-journaliste débite un flot de paroles mais je suis cerné par le bruit environnant alors j'appuie sur ma montre et porte mon poignet à côté de mon oreille. Le son est alors capté par ma montre digitale et est transfusé jusqu'à moi.
« ... L'Eurasie est plus venimeuse que jamais, mais la Communauté nous sauvera. Cher Dirigeant, désirez-vous nous faire part de vos inquiétudes sur le sujet ? » La caméra zoome sur le visage rondelet du chef de notre continent, occupé à triturer sa minuscule moustache d'un air entendu.
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Virus, tome 1: Mortel
Ciencia FicciónAn 2175. La 4ème guerre mondiale menace d'éclater. Harris Garen, scientifique et expert en piratage informatique, a disparu quelques années après le décès de sa femme. Jack, son fils, reste seul avec sa sœur qui contracte le Virus mortel rependu en...